Le club de l’Ain a toujours su recevoir Toulon. Qui a souvent dû se remettre en cause après ses passages à Charles-Mathon.

Les voyages à Oyonnax laissent rarement indifférents, et ceux du Toulon époque Boudjellal à Charles-Mathon ont souvent précipité les Varois dans de drôles d’états. C’est là que le président du RCT avait vécu son baptême à l’extérieur, en septembre 2006, et qu’il avait compris que les déplacements du rugby français n’étaient pas une sinécure. Boudjellal répétait l’année dernière que la montée du RCT actée, il avait ressenti comme un vrai soulagement à l’idée de ne plus avoir à se rendre dans l’Ain.

Et pourtant, Toulon y retourne ce soir. Avec en tête d’autres déconvenues subies contre ces Rouge et Noir un peu plus nordistes.

La saison dernière, la défaite à Charles-Mathon (22-25) avait plongé Bernard Laporte dans le doute. « J’ai dit aux joueurs : “Si vous n’avez pas envie, dites-le-moi, je partirai » », s’est souvenu le manager dans nos colonnes. Un an après, le RCT revient sur ces terres avec deux nouveaux titres, le Top 14 et la Coupe d’Europe en poche. Et va se frotter à un Oyonnax vexé par sa défaite à domicile contre Clermont (8-19). « Je me suis fait chier au bord du terrain !, râle encore Christophe Urios, le coach. Le contenu n’était pas bon. Je ne comprends pas qu’on ait été aussi tristes dans le jeu. Là, Toulon va venir armé… Et ils marchent sur l’eau en ce moment ! »

Urios sait qu’il ne peut pas rêver d’un RCT version 2008, venu « les mains en haut du guidon. Ils avaient une constellation de stars, on les avait pris sur l’engagement et la cohésion ». Encore une défaite qui avait laissé une trace profonde à Toulon. Ce jour-là, Tana Umaga, alors entraîneur, faisait jouer les Gregan, Matfield, avec seulement deux Français titulaires, Sourice et Galasso. « J’étais rentré juste avant la mi-temps, se souvient David Banquet, l’ancien pilier, actuel coach de Libourne (Fédérale 1). Ça n’avait pas été un match avec de grandes envolées, mais plutôt à l’ancienne ! On avait des joueurs internationaux excellents, mais pas habitués à ce genre de rugby de clocher… Quand on nous rentrait dedans, on baissait les bras. Les équipes savaient qu’il fallait nous agresser. Moi, souvent, j’étais au frigo, mais un jour j’ai frappé à la porte d’Umaga pour lui dire qu’ici le rugby commence devant. Et je me souviendrai toujours, après ce match à Oyonnax, il est venu me voir, et m’a dit :“J’ai compris maintenant !” »

Le RCT multititré d’aujourd’hui retombe rarement dans ce genre de pièges. « Je n’avais pas du tout été surpris par notre match à Oyonnax, se souvient Pierre Mignoni. D’ailleurs, c’est une équipe qui me plaît bien par son jeu et son comportement. Là, il faudra être à la hauteur et rivaliser dans le combat. Sinon, ça ne passera pas. Mais les joueurs ont de la mémoire… » Et l’Oyonnax actuel est bien plus complet qu’il y a six ans. « On a toujours ces arguments d’envie, rassure Olivier Missoup, qui était déjà là en 2008, avant de revenir dans l’Ain cet été. Mais il ne faut pas faire que ça, il faut qu’on joue ! Contre Toulouse, on avait réussi ! Contre Clermont, on n’était pas nous-mêmes… Il faut qu’on se lâche ! » Pour rappeler qu’Oyonnax, aussi, a définitivement changé d’ère, et peut toujours causer quelques maux de tête aux Toulonnais.

Source: lequipe.fr