Le manager du Rugby Club Toulonnais, Patrice Collazo s’est confié dans les colonnes du journal L’équipe pour évoquer son confinement et la reprise du Top 14.

Ce-dernier a notamment expliqué la manière dont il a procédé pour garder une émulation au sein de son groupe malgré le confinement et l’absence d’entraînement collectif.

Il estime que cette nouvelle expérience a permis aux joueurs de développer des liens de manière différente. Extrait:

« Pour garder une émulation, on avait trois squads de douze joueurs qui se tiraient la bourre sur des exercices de préparation physique. Il y avait des challenges, des scores. Les mecs devaient envoyer les vidéos. C’était marrant de voir un gars enchaîner les dips dans sa cuisine puis disparaître de l’écran. À se demander s’il allait au frigo ou ailleurs (il rit). Au final, cette expérience a développé un lien différent entre les joueurs. Ils ont fait preuve de beaucoup d’autodérision malgré le challenge. Je suis fier de l’investissement que nos joueurs et tous les membres du staff ont mis pendant deux mois et demi. Parce que le wattbike et les haltères, ça va un moment mais ce n’est pas du rugby. J’avoue que j’aurais mal vécu que d’un coup ils se détachent de tout.

On était quand même en pleine saison. Avec l’objectif de performance mais aussi autre chose. Outre le projet personnel de chacun, il y a l’envie et l’énergie d’apporter au projet collectif, au club et à la vie du groupe. Même si on n’est pas sur un terrain avec un ballon. Les joueurs se sont découverts autrement et cette phase va nous servir pour la suite. Chacun, à sa façon, a su continuer à faire vivre le club. Les joueurs en continuant de s’entraîner parce que nous étions dans l’expectative, la saison pouvait reprendre à tout moment… Les supporters en ne cessant pas de manifester leur soutien. Notre président en maintenant une certaine activité avec les salariés. »

De son côté, Patrice Collazo a abordé des aspects non-sportifs durant le confinement. Il est resté en communication étroite avec son président Bernard Lemaître tout au long du confinement. Extrait:

« Moi, en abordant d’autres aspects que le pur sportif, la gestion par exemple. Avec le président et le comité de direction, nous avons fonctionné d’une manière collégiale. On se réunissait tous les deux jours par visioconférence. On abordait tous les sujets du club : l’administratif, la comptabilité, les partenaires, les supporters, le sportif. J’ai pu mesurer combien tout est lié au sportif, qui est la racine de toute l’institution. Pas de sport, pas de ressources. Chacun a dû se réinventer pour maintenir les pulsations du club. Si on avait tiré le rideau, que chacun vive sa vie pour revenir trois mois plus tard, le club serait mort. Derrière le coach, il y a l’homme qui s’est retrouvé tout seul avec lui-même. »

Patrice Collazo concède qu’il n’est pas évident de se retrouver sans adrénaline du jour au lendemain et sans son groupe de joueurs avec lequel il avait l’habitude de travailler. Extrait:

« Entraîneur, on vit très peu pour soi. On respire grâce aux autres. D’un coup on se retrouve sans tout ça. Sans cette matière première humaine que constituent les hommes. Sans la sensation que procure le fait de transmettre. Sans l’intensité de la joie ou de la déception. Brutalement on se retrouve avec du temps pour soi. Il a fallu faire preuve d’une grosse capacité d’adaptation. Au début on ne sait pas trop quoi faire… On n’a plus ni adrénaline, ni stress. Il faut se réinventer, ouvrir d’autres portes. »