Philippe, ce soir, on a l’impression que les All Blacks ne jouaient pas au même jeu que vous…

Philippe Saint-André: Dans notre sport, il faut avoir de la dignité quand on gagne et de la dignité quand on perd. Il faut féliciter les Néo-Zélandais pour leur performance exceptionnelle. Pour les mettre en difficulté, il fallait les faire douter et coller au score. A partir du moment où on prend un contre d’entrée, dès que le score a été assez large, ça a été assez compliqué. Ce sont les Brésiliens du rugby. Ils vont vite, ils ont gagné 80% des duels. Le rugby international est un sport différent.

Y a-t-il de la honte ce soir?

P.S-A.: En tant qu’entraîneur, bien sûr que c’est plus que difficile. Après, je voulais quand même remercier mon staff et mes joueurs qui ont travaillé comme des fous depuis le 5 juillet. J’ai pris énormément de plaisir, pas pendant trois ans et demi, mais depuis le 5 juillet avec eux. Maintenant, juste trois mois de travail tous les quatre ans, le retard commence à être compliqué. C’était le dernier match de joueurs qui ont énormément donné au rugby français et il y a une jeune génération qui a appris de cette Coupe du monde et qui sera des victoires prochaines du XV de France.

Les sifflets du public français à votre encontre sont-ils anecdotiques ?

P.S-A.: Pour être honnête, tu préfèreres te faire applaudir que de te faire siffler. Je suis surtout déçu pour les joueurs. On ne peut pas dire qu’ils n’ont pas tout donné. Contre ces joueurs là, quand tu perds un ballon, tu te fais punir.

Que pensez-vous du coup de poing de Louis Picamoles sur Richie McCaw ?

P.S-A.: En 2011, c’est Richie McCaw qui avait commis un mauvais geste et il n’avait rien eu. Je ne pense pas que ce soit aussi dur vous le décriviez. C’est plus anecdotique.

Quelle part de responsabilités assumez-vous?

P.S-A.: J’en assume énormément. Il n’y a pas de problème là-dessus. J’ai pris beaucoup de coups pendant 4 ans mais je le savais en acceptant ce poste. J’ai vécu des moments très fort avec les joueurs, le staff. Les joueurs vont se relever et continuer à se battre pour l’équipe de France.

Le XV de France n’est-il pas tout simplement à sa place?

P.S-A.: On a espéré que nos trois mois de préparation pourraient nous faire basculer dans une autre dimension. Je peux vous assurer que les joueurs se sont investis, avec une envie énorme. Mais il ne faut pas faire de faux-semblants. On est à notre place, entre la 5e et la 8e depuis novembre 2012. Je prend énormément de responsabilités sur ce match, mais depuis trois sans on est entre la 5ème et la 8ème place mondiale.

Depuis le début de votre mandat, vous parlez beaucoup de combat… Mais les All Blacks vous ont rappelé que le rugby était aussi un jeu…

P.S-A.: Bien au contraire, c’est un jeu pour moi. Il faut jouer avec ses points forts. Aujourd’hui, on a mis du rythme. On a tenté des choses mais on perdu 80% des duels et on retrouvait les Néo-Z derrière la ligne. Là-dessus tu t’aperçois qu’on a des bons joueurs rugby mais les Néo-Z ont une technique de grande qualité. Avec la Fédération nationale de rugby et la Direction technique nationale, il y a eu un gros travail de fait depuis cinq, six ans pour retravailler la base même de nos joueurs.

Source: rugbyrama.fr