Philippe Spanghero recadre certains internationaux Français : « Il ne regardent que ce qui les concerne ! »
Philippe Spanghero recadre certains internationaux Français : « Il ne regardent que ce qui les concerne ! »
Le jeudi 18 décembre 2025 à 10:42 par David Demri
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La Ligue Nationale de Rugby va prochainement annoncé l’augmentation du plafond salarial en Top 14.
Le Salary Cap devrait ainsi passer de 10,7 millions d’euros à 11 millions d’euros.
Interrogé sur le sujet via Le Figaro, Philippe Spanghero a évoqué ce que va engendrer ce changement. Extrait:
« Le rugby français a été plutôt raisonnable. En 2020, la Ligue avait décidé de baisser le plafond, qui était de 11,3 M€, à 10,7 M€. Une décision pas évidente à prendre alors que l’économie continuait à se développer. Et une problématique pour les clubs qui prennent sous contrat les joueurs à gros salaires pour trois ou quatre ans. Changer les règles en cours de route, ça complique fortement la gestion de la masse salariale. C’était donc une décision forte. Et sage.
Parce que quasiment tous les clubs perdaient de l’argent, l’économie était encore plus fragile que ce qu’elle est aujourd’hui. Quand on regardait ce qu’il se passait en Angleterre, notre seul vrai concurrent en termes de modèle économique, avec une ligue forte qui se cassait la gueule, ça n’avait aucun intérêt de continuer à faire de la surenchère entre nous. Ça créait une bulle spéculative qui n’avait aucun sens. Mais là, le fait de dire, «le taux d’affluence moyen est en train d’exploser, les budgets des clubs augmentent, il faut qu’on revoie un peu la copie» au-delà du montant symbolique, ça amorce une réouverture positive. »
Il explique ensuite pourquoi le Top 14 est à l’abri d’une grosse crise comme l’a connu le rugby Anglais. Extrait:
« En fait, il y a eu la conjonction de deux facteurs : un encadrement assez strict de la masse salariale et, en parallèle, la mise en place des Jiff (un nombre minimum de joueurs formés en France, NDLR). La combinaison des deux nous a permis de relancer une formation beaucoup plus efficace.
Au milieu des années 2000, quand de gros capitaines d’industrie comme Mourad Boudjellal (Toulon) ou Jacky Lorenzetti (Racing 92) sont arrivés, ils voulaient gagner vite. Il leur fallait des stars étrangères pour composer la meilleure équipe possible, au détriment des jeunes et de la formation. L’encadrement du salary cap leur a offert moins de moyens pour attirer les stars internationales. »
Il explique également pourquoi le rugby Français reste l’une des meilleures opportunités pour les joueurs. Extrait:
« Le rugby anglais commence à se remettre de la crise mais, économiquement, leurs clubs sont encore beaucoup plus fragiles que les nôtres. Quand tu regardes partout ailleurs dans le monde, le salaire moyen des bons joueurs est beaucoup plus bas qu’en France.
Donc, on peut se dire que, si on s’entend dans le rugby français, les joueurs n’ont de toute façon pas beaucoup d’autres opportunités ailleurs et on restera le marché le mieux disant au monde. Je parle là en termes de salaire moyen, environ 20.000 euros par mois en France. En Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Angleterre, on trouvera toujours des exceptions pour les meilleurs internationaux. Mais pas un de ces pays ne s’approche du salaire moyen de la France. »
Il confirme que certains clubs ont longtemps contourné le Salary Cap avant que les contrôles ne s’intensifient. Extrait:
« Au départ, il n’y avait pas l’organe et les outils de contrôle qui existent maintenant. Donc, c’est vrai, beaucoup de présidents ont abusé en trouvant des contrats périphériques au club ou en payant les joueurs de façon plus ou moins exotique. Des présidents ont rivalisé d’imagination et c’est allé assez loin. Ça a même complètement faussé le marché durant un temps. Mais la Ligue, en découvrant au fur et à mesure les nombreuses façons de contourner le salary cap, a pris des décisions radicales. La première a été de mettre fin aux détournements par ricochet avec des parties associées au club, c’est-à-dire les partenaires en direct (sponsors), les fournisseurs, les prestataires, les filiales appartenant au groupe des propriétaires des clubs, etc.…
La LNR a alors tranché : tout ce qui est contrat individuel d’un joueur en lien avec une partie prenante du club sera considéré comme du salaire déguisé et devra être inclus dans le salary cap. C’est un vrai sujet aujourd’hui pour le rugby français. Pas pour tous les clubs, mais pour ceux qui fournissent beaucoup d’internationaux : le Stade Toulousain, l’UBB, le Stade Rochelais, Pau demain. Selon moi, il va falloir traiter ce sujet différemment. »
Dans la foulée, il ne manque pas de recadrer les internationaux Français qui ont récemment pesté sur le règlement du droit à l’image. Extrait:
« Je comprends leur point de vue et l’impact que cela a pour eux. Mais, dans leur réflexion, ces internationaux manquent de hauteur. En 2008, ils avaient dix ans et ne peuvent pas se souvenir pourquoi ces règles ont été mises en place. Ils ont une vision partielle des choses et ne regardent que ce qui les concerne. Remettre aujourd’hui en question un système qui a démontré qu’il avait protégé le rugby français d’une bulle spéculative, il n’en est pas question. Pour une raison simple d’abord : le débat sur le droit de l’image individuel ne concerne que 25 joueurs sur les 500 qui évoluent en Top 14.
Pour les meilleurs internationaux français, il n’y a pas de débat. On peut considérer qu’ils ont une image individuelle à valoriser. Ensuite, dans chaque club, tu as toujours deux ou trois joueurs historiques qui, même s’ils ne sont pas internationaux, ont un lien particulier avec les entreprises du coin. Qui ont envie de s’associer à eux parce que c’est l’image de la ville même si, en termes de montant, on n’est dans les mêmes enjeux financiers. Mais je comprends aussi que la Ligue ne veuille pas ouvrir la boîte de Pandore pour retomber dans de nombreux travers. Parce que, il ne faut pas se le cacher, quelques présidents regardent ça en se disant que c’est un levier en termes de salary cap. Mais on peut trouver un compromis assez simplement. »
Il évoque un compromis. Extrait:
« On peut légitimement admettre que les internationaux récurrents, ceux qui sont dans la liste premium de la FFR, ont une valeur en termes d’image individuelle. À partir de là, c’est facile : on accorde à chacun de ces joueurs premium un droit à, par exemple, 150.000 euros de contrat avec des parties associées à leur club qui n’entreront pas dans le salary cap. Et, pour chaque club, on peut dire qu’ils ont droit à deux joueurs non internationaux qui peuvent chacun avoir 50.000 euros de droit d’image avec des parties prenantes du club. On l’accepte ainsi sur des montants qui ne remettent pas en question le modèle du salary cap, mais qui répondent au problème des clubs. Car il faut également comprendre leur point de vue. Je prends l’exemple du Stade Toulousain avec Peugeot.
Si BMW arrive et dit «je veux Dupont», Peugeot dira «non, parce qu’on est indirectement associé à Dupont avec le Stade Toulousain. On ne peut donc pas avoir Dupont sous BMW mais nous, on le prend au même montant». La Ligue dira alors : «non, pas possible, vous n’avez pas le droit». Commercialement, c’est quand même extrêmement délicat pour les clubs. Ça fragilise potentiellement des deals commerciaux importants. Il faut aussi répondre à cette problématique, parce que l’économie du rugby français repose sur ses partenaires privés. Tu ne peux pas, d’un côté, avoir des partenaires privés qui viennent s’associer au club et aux têtes d’affiche qui composent le club, et, de l’autre, leur dire qu’ils n’ont pas le droit de s’associer plus directement aux têtes d’affiche individuelles. Qu’ils ne peuvent pas en profiter, en résumé. Ça leur enlève un morceau de l’argument du partenariat. La solution pourrait donc passer par ces barèmes d’autorisation selon une règle simple. »
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Ne penser qu’a sa tronche , c’est bien une des valeurs pronée par notre société non ? pourquoi les joueurs de rugby en seraient protégé ? pourtant notre sport essaye de maintenir une forte identité du collectif mais l’argent est toujours plus fort que le reste .