Pierre Mignoni : « Jaminet ? Il a pris des coups mérités sur la tête, mais il a pris en maturité »

Pierre Mignoni : « Jaminet ? Il a pris des coups mérités sur la tête, mais il a pris en maturité »

Le vendredi 13 juin 2025 à 14:40 par David Demri

0 Commentaire

Publicité

Écarté des terrains médiatiques mais omniprésent sur la pelouse, Melvyn Jaminet est en train de signer l’un des retours les plus marquants de cette saison de Top 14. À 25 ans, le natif d’Hyères, auréolé de 20 sélections en Bleu, s’est reconstruit à l’ombre des projecteurs pour redevenir une pièce maîtresse du Rugby Club Toulonnais. Et peut-être bien plus.

D’un tumulte à une forme d’apaisement

Mis sur pause après des propos à caractères racistes tenus lors de la tournée du XV de France en Argentine, Jaminet a traversé une période de turbulence. Suspendu, puis confronté à un profond travail sur lui-même, l’arrière varois a choisi de faire profil bas.

« Il a pris des coups mérités sur la tête, mais il a pris en maturité. Il apporte un vent de fraîcheur. Maintenant, j’ai surtout envie qu’on parle de rugby », résume Pierre Mignoni, son manager et soutien indéfectible, via Midi Olympique.

Sur le terrain, les réponses ont été limpides. À son retour à Mayol, l’accueil du public rouge et noir a été à la hauteur de l’attente. Et Jaminet, loin de se contenter de survivre, a brillé. Son jeu au pied précis n’a rien perdu de son efficacité, mais c’est surtout dans son activité ballon en main qu’il a franchi un cap.

« Je lui demande de prendre des responsabilités notamment sur les contre-attaques… Il a aussi de la vitesse à nous apporter », souligne Mignoni. « Je veux le voir animer notre jeu… C’est intéressant de le retrouver ici. »

Les chiffres parlent pour lui : cinq essais en onze matchs et une influence croissante dans les phases offensives du RCT. « C’est vraiment le hasard », glisse l’intéressé dans un sourire. Mais le hasard, en rugby, ne dure jamais bien longtemps.

Une mue personnelle, une ambition retrouvée

Ce retour au premier plan est le fruit d’un travail acharné. « Quand tu enchaînes les blessures, c’est toujours compliqué de bien revenir… Là, je n’étais pas blessé donc j’ai pu m’entraîner dur. Je me sens plus explosif. »

Plus affûté physiquement, Jaminet l’est aussi mentalement. Durant sa suspension, il s’est confronté à un exercice inhabituel : prendre la parole, notamment auprès de jeunes. « Je suis un garçon plutôt renfermé… Je n’avais jamais parlé devant autant de monde, et peut-être, inconsciemment, que cela m’a libéré. »

Une libération intérieure qui se traduit sur le terrain. Désormais plus vocal, plus engagé dans le collectif, l’arrière semble avoir franchi un palier invisible mais fondamental : celui de l’assurance.

Objectifs personnels, rêves tricolores

Dans l’ombre, Melvyn Jaminet nourrit de grandes ambitions.

Selon les informations de Midi Olympique, il vise un record symbolique : détrôner Jonny Wilkinson, légende du RCT, au classement des meilleurs marqueurs du club. Le chemin est encore long — 287 points en 27 matchs contre les 1884 unités de l’Anglais — mais l’intention est là. Et elle en dit long.

Mais au-delà du mythe toulonnais, un autre maillot occupe ses pensées. Celui du XV de France. « Quand tu y goûtes, tu y penses encore… J’ai encore des preuves à faire sur le terrain et en dehors… J’ai envie de vous répondre : pourquoi pas. » Si Fabien Galthié ne semble pas prêt à rouvrir la porte, Jaminet, lui, ne baisse pas les bras.

À Toulon, il est redevenu ce qu’il souhaitait être : « un simple joueur de rugby ». Mais derrière cette simplicité retrouvée, se cache un compétiteur plus mûr, plus fort, et surtout prêt à reconquérir ce qu’il a un jour touché du doigt.

Publicité

0 Commentaire