Le manager du Rugby Club Toulonnais, Pierre Mignoni s’est confié dans l’émission One Two Trillo diffusée sur YouTube.

Ce-dernier est notamment revenu sur la liberté qu’il laisse à Baptiste Serin, sur le terrain. Extrait:

« Baptiste Serin est dans un cadre et il a le droit de sortir du cadre. Il faut qu’il sorte du cadre. Pour créer des exploits, il faut le faire. Il faut qu’il puisse exprimer son talent dans un cadre d’équipe. S’il fait une erreur car c’était tenté, il n’y a pas de raison de l’engueuler. S’il fait n’importe quoi, je vais l’engueuler. »

Il explique ensuite ce qu’est réellement un vrai leader de jeu. Extrait:

« Les leaders ? Tout dépend de l’attitude. C’est beaucoup plus important que le talent. Pour gagner des titres, il faut des joueurs de talents. Mais si tu n’as pas l’attitude, tu ne gagnes pas de titre, ou alors une seule fois. Quand on a gagné avec Toulon, on avait des joueurs de grand talent et avec une grande attitude. On avait des hommes remarquables. Aujourd’hui, tu les mets au milieu, ce sont des moteurs de Ferrari. Ils t’amènent quelque chose en plus. »

Questionné sur l’échec d’Eben Etzebeth au RCT, il réagit. Extrait:

« Eben Etzebeth ? Je ne l’ai pas eu comme joueur donc je ne vais pas me permettre de juger. Est-ce qu’il aurait pu amener plus ? Je n’étais pas dans l’équipe alors je ne peux pas répondre. Il était là à un moment où c’était plus difficile pour Toulon. A la grande époque, il aurait sûrement été bien. »

Il a ensuite encensé des joueurs comme Jonny Wilkinson et Matt Giteau qui ont marqué l’histoire du club. Extrait:

« On aurait pu penser que Matt Giteau et Jonny Wilkinson viennent à Toulon en pré-retraite. Jonny n’avait pas fait un match. Je suis le premier que Philippe Saint-André signe à Toulon en 2009. Jonny est arrivé après. Il n’avait pas fait un match depuis cinq ans. Tu peux imaginer que ce sont des mercenaires, mais ils ont fait fermer la bouche à tout le monde par rapport à ce qu’ils ont fait sur le terrain mais aussi en-dehors du terrain. Ces joueurs, ce n’était pas que pendant le match. Le match, c’était la conséquence de ce qu’ils faisaient toute la semaine et toute l’année. Ils ont un truc en plus par leur attitude en premier.

Tu n’apprends pas à Jonny à taper dans un ballon. Il faut être fou pour penser cela. Personne ne lui apprend cela. Il avait son coach personnel. Puis il fallait lui donner une direction à suivre, assez simple, une vision commune, une stratégie, avec des repères, un cadre d’équipe et en avant. Il fallait se tenir au plan, les manager avec leurs egos et c’était la grande force de la réussite, au-delà du talent des uns et des autres. Si tu n’arrives pas à les assembler et à les faire se transcender ensemble, tu ne gagnes pas, ou alors une seule fois.

Jonny Wilkinson avait besoin de se confier. On avait une relation particulière, une relation simple et de confiance. Une relation que je veux créer avec chaque joueur. C’était assez simple. Je lui faisais confiance en tant que joueur et en tant qu’homme. Il faut s’occuper de l’homme. Il peut paraître un surhomme car il réussit beaucoup de choses et il a une image incroyable comme Antoine Dupont aujourd’hui, mais il faut ménager l’homme.

Si tu n’as pas d’ego, tu ne peux pas gagner. Parfois il y a des ego mais il ne faut pas avoir peur de cela. C’est dur à manager mais il faut s’en servir. Si un joueur a un fort ego, il faut qu’il se mette au service de l’équipe. Si l’individu met bien cela au service de l’équipe, ce sera positif. Et après, il faut qu’il le contrôle. Ca reste un sport d’équipe. On a besoin l’un de l’autre. »

Il rappelle que ce sont aux joueurs étrangers de s’adapter à la culture du RCT lorsqu’ils débarquent à Toulon. Extrait:

« La plupart des Fidjien que j’ai eu la chance de coacher, pour eux, le rugby c’est un jeu et ils ont raison. Ensuite tu as l’Anglais qui est très carré, l’opposé. Le plus important, c’est qu’ils viennent dans un club et qu’ils s’imprègnent de ce que c’est que de jouer à Toulon. Il faut qu’ils comprennent ce qu’est un joueur de Toulon. Ce n’est pas moi qui vais m’adapter à sa culture. C’est à lui de s’adapter à notre cadre et notre environnement. Il faut qu’il s’intègre. Je dois ensuite m’optimiser à lui et lui dire ce qu’il peut m’amener. N’oublie pas de plaquer, n’oublie pas de prendre des ballons en l’air sinon tu ne joueras pas. »

Pour conclure, Pierre Mignoni confirme adorer par-dessus tout le terrain. Extrait:

« Le terrain, j’adore cela. On partage les rôles avec mes techniciens. On construit nos séances. Mais de plus en plus, je m’intéresse aux autres. Je ne sais pas jusqu’où j’irai, mais je m’intéresse à l’ensemble du club et pas seulement au terrain. Si tu ne restes pas au contact des gens et que tu n’évolues pas, il peut se créer un décalage. Donc attention. Notre métier, c’est une remise en question permanente et réelle. Je ne parle pas que du jeu.

Pour moi, le terrain et le jeu, c’est le plus facile. Et je ne suis pas du tout un géni. Mais le rugby, c’est beaucoup plus facile que le management dans sa globalité. Il ne faut pas louper l’évoluer et les nouvelles générations. Mon rôle est de maintenir un cap malgré la société qui change. Je ne dis pas qu’il faut être à l’ancienne, mais il faut maintenir un cap car il y a des choses qui ne changeront jamais : le respect, les attitudes, l’honnêteté. Ce sont des choses qui seront toujours là dans 200 ans et on ne sera plus là. »