Alors que les Bleus s’apprêtent à défier l’Australie au Stade de France, Fabien Galthié est scruté autant pour ses choix sportifs que pour sa communication. Après deux matchs inquiétants contre l’Afrique du Sud et les Fidji, le sélectionneur s’est encore illustré par des déclarations décalées. Mais selon plusieurs proches, ces sorties ne doivent rien au hasard.

Un discours destiné aussi… aux présidents de Top 14

Pour l’entourage du staff tricolore, Galthié prépare déjà l’avenir politique du rugby français.

« On voit bien pourquoi il fait ça, explique un proche des Bleus. C’est évidemment une excuse, mais il y a un message aussi à l’adresse des présidents de clubs du Top 14 car les négociations pour la nouvelle convention entre la FFR et la LNR (qui fixe entre autres le nombre de joueurs mis à disposition du XV de France durant les rassemblements et le temps passé ensemble) ont commencé », confie l’un d’eux via Le Parisien.

Les négociations de la prochaine convention FFR–LNR ont débuté. Cette convention fixe notamment la mise à disposition des internationaux. Elle s’achèvera le 30 juin prochain, et le sélectionneur, soutenu par Florian Grill, cherche à obtenir davantage de garanties avant la Coupe du monde 2027 et la nouvelle compétition du Championnat des nations.

Des critiques venant aussi des anciens internationaux

Ses arguments ne convainquent pas tout le monde.

Pour Yann Delaigue, « Fabien a raison sur le fond. Les Bleus n’ont pas eu énormément d’entraînements ensemble, mais cela ne justifie pas tout. Et puis face aux Fidji, l’argument n’est pas bon car la moitié de leur équipe joue en Europe, en Top 14 et en Angleterre ». Il rappelle que les Fidji alignent de nombreux joueurs évoluant en Top 14 et en Angleterre.

Pierre Villepreux est encore plus direct :

« Son discours ne tient pas. Cela fait six ans qu’il est là, il a eu toutes les conditions qu’il a demandées. Elles sont toutes réunies pour que l’équipe de France soit performante. Les Bleus ne sont pas des joueurs en développement, ce sont des joueurs de très haut niveau. »

Ntamack, le dossier qui crispe mais que Galthié protège

Malgré ces critiques, le sélectionneur continue de défendre ses cadres, notamment Romain Ntamack, en grande difficulté contre les Fidji. Interrogé sur la prestation de l’ouvreur, il affirme qu’il a été « très bon » et très impliqué en défense.

Denis Charvet comprend cette position :

« Fabien, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais c’est sa façon de fonctionner. Sur ce plan, je suis d’accord avec lui. S’il commence à s’étaler, il va rompre la confiance qu’il a avec Romain. Car quand on est joueur, il n’y a rien de pire que de voir son entraîneur nous critiquer sur la place publique. Il faut que ça reste dans le vestiaire, entre eux. »

Un message brouillé pour l’extérieur, plus clair en interne

Si ses sorties publiques semblent floues, celles en interne sont beaucoup plus directes :

« Son discours reste très tourné autour du sportif… il ne dit pas toujours tout », admet un proche.

Ces choix créent parfois « des petits malaises », notamment dans la gestion de Grégory Alldritt. Mais personne ne conteste son autorité, tant Galthié apparaît « tout-puissant » aux yeux de ses joueurs.

À deux jours du match contre l’Australie, le sélectionneur joue donc sur deux terrains : celui du sport… et celui de l’influence.