Il y a des performances qui passent presque inaperçues dans le bruit d’un match spectaculaire. Et puis il y a celles qui rééquilibrent tout un collectif. Dimanche à Mayol, face à Bath, Kyle Sinckler a rappelé pourquoi un pilier droit peut, à lui seul, peser lourd dans un succès européen.

Freiné par des pépins physiques depuis le début de saison, et en difficulté à Édimbourg, l’international anglais a retrouvé de la continuité, du rythme et surtout de l’impact. Dans un match pourtant frontal, il a tenu 80 minutes, une rareté à ce poste, sans jamais baisser de régime. Un signal fort pour le RCT.

Une présence totale, sans bruit mais avec efficacité

Dans le combat, Sinckler n’a rien laissé passer. En défense, il a répondu présent avec 11 plaquages réussis sur 12 tentés, preuve d’une activité constante et d’une lecture juste. En attaque, son influence s’est aussi mesurée dans les chiffres, avec 26 mètres parcourus, mais surtout dans ce qui ne se lit pas sur une feuille de stats.

Il a servi de point d’appui dans les temps forts toulonnais, apportant des relais propres et efficaces sur les essais de Juan Ignacio Brex et Gaël Dréan. À plusieurs reprises, il a su créer des brèches au ras des rucks, attirant la défense et libérant les extérieurs.

La mêlée comme fondation

Là où l’ancien Lion britannique a surtout marqué son territoire, c’est en mêlée fermée. Au fil de la rencontre, le pack toulonnais a pris l’ascendant, provoquant plusieurs pénalités précieuses. Une domination progressive, construite dans la durée, qui a usé Bath et sécurisé le succès varois.

Pierre Mignoni, conscient de l’importance de ce type de prestation, a choisi de ne pas sortir son pilier, fait rare à ce poste. Un choix assumé, tant Sinckler a tenu son rôle jusqu’au bout.

Le regard du manager

Après la rencontre, le manager du RCT a tenu à souligner la prestation de son pilier droit, tout en rappelant la nécessité de prudence sur la durée via Midi Olympique :

« J’ai beaucoup parlé avec lui. Il faut bien que je l’évalue sur le moment où il est fatigué. En termes de pilier droit, il faut faire attention. Après ce match, il faut le saluer. Il y a des piliers qui sont capables de faire 80 minutes, il fait partie de ceux-là. Il a été calme en avant-match, mais si costaud par son attitude, par le boulot qu’il avait à faire. Il a été là sur ses tâches, sur le travail de l’ombre. Quand il est comme ça, c’est le meilleur joueur du monde à son poste. »

Un hommage appuyé à un joueur dont l’apport dépasse largement les ballons touchés.

Un pilier retrouvé, un RCT renforcé

Cette prestation n’efface pas les difficultés du début de saison, mais elle remet les pendules à l’heure. Kyle Sinckler a montré qu’il pouvait redevenir une pièce maîtresse du dispositif toulonnais, à condition de gérer intelligemment son corps et son temps de jeu.

Pour Toulon, c’est une excellente nouvelle. Dans les grands rendez-vous, les matchs se gagnent souvent devant. Et quand un pilier droit est capable d’assumer l’ombre, le combat et la durée, tout l’édifice gagne en solidité.