Il n’aime ni les projecteurs ni les grandes déclarations. Pourtant, match après match, Temo Matiu est en train de devenir l’un des hommes forts de l’Union Bordeaux-Bègles. Samedi dernier, face aux Scarlets en Champions Cup (50-21), le troisième ligne a franchi un nouveau cap, au point de récolter un hommage appuyé de son manager Yannick Bru.

« Si c’est moi qui vote, je lui donne le titre d’homme du match », a tranché Bru, sans pour autant minimiser la performance XXL de Matthieu Jalibert, auteur d’un doublé et déjà récompensé une semaine plus tôt contre les Bulls.

Une progression silencieuse… mais spectaculaire

Le manager girondin n’a pas caché son admiration pour un joueur qu’il voit évoluer loin du bruit médiatique. « Temo fait partie des joueurs qui progressent énormément, dans la discrétion, dans le silence. C’est quelqu’un qui est très pudique, moins dans la lumière. » Avant d’insister sur la transformation physique et rugbystique du joueur : « Il a pris cinq ou six kilos, il est plus percutant, plus dur, plus dominant dans les contacts, et il a ce super pouvoir sur la vitesse et la touche. Attention à Temo dans le futur ! »

Les chiffres viennent appuyer le discours. Face aux Scarlets, Matiu a été l’avant le plus actif du match : 9 ballons touchés, 58 mètres gagnés, 2 franchissements, un sans-faute au plaquage (11/11) et une domination aérienne impressionnante (7 prises en touche). Sans oublier ce contre décisif en fin de rencontre, qui a privé Llanelli d’un dernier ballon porté et d’un éventuel bonus offensif.

Reconnu par ses pairs

Sur le terrain, ses partenaires ne s’y trompent pas. Bastien Vergnes-Taillefer résume parfaitement son impact : « C’est un athlète de classe spéciale. Il a des mains, il comprend le rugby, et il est de plus en plus féroce. Un sacré joueur qui apprend, qui est besogneux. »

À 24 ans, Matiu semble avoir trouvé l’équilibre entre puissance et maturité. Un chemin pourtant loin d’être linéaire. Adolescent, le fils de l’ancien international Legi Matiu (2 sélections en 2000) s’oriente vers le basket et intègre le pôle Espoirs de Mont-de-Marsan. Le Covid-19, en stoppant les sports en salle, le pousse à revenir au rugby, celui qu’il pratiquait jusqu’à ses 13 ans.

De Biarritz à Bordeaux, l’explosion

Au Biarritz Olympique, Matiu impressionne en Espoirs, puis découvre rapidement le monde professionnel. Premier match de Pro D2 en novembre 2022, 42 rencontres suivront, dont une apparition à l’aile face à Massy avec essai à la clé. Le potentiel saute aux yeux.

L’UBB ne tarde pas à saisir l’opportunité et l’attire la saison dernière, au cœur d’une troisième ligne surchargée en numéros 8. D’abord utilisé sur l’aile de la troisième ligne, Matiu se fait remarquer dès sa première saison en Top 14, au point d’intégrer un groupe élargi du XV de France lors de la tournée d’automne 2024.

Le départ de cadres comme Pete Samu et Tevita Tatafu, puis les blessures en cascade (Jean-Luc du Preez, Elyjah Ibsaiene, Marko Gazzotti), ont ouvert un espace. Matiu ne l’a pas laissé passer. Désormais plus dense physiquement (1,91 m, 113 kg), il n’a rien perdu de sa vélocité ni de son autorité en touche.

Un test grandeur nature face à Toulon

Dimanche soir, en clôture de la 12e journée de Top 14 face à RC Toulon, Temo Matiu aura une nouvelle occasion de confirmer qu’il n’est plus une simple promesse. Discret, travailleur, mais désormais incontournable, le troisième ligne bordelais est en train de changer de dimension. Et à en croire son manager, ce n’est sans doute qu’un début.