Sébastien Tillous-Borde dévoile son secret à propos d’un carnet très personnel

Sébastien Tillous-Borde dévoile son secret à propos d’un carnet très personnel

21 mars 2015 - 10:15

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tillousLe demi de mêlée des Bleus, influencé par Jonny Wilkinson, est extrêmement méticuleux. Jusqu’à noircir des pages de notes dont il nous révèle la teneur.

Cet après-midi, dans le bus qui déposera les Bleus à Twickenham, Sébastien Tillous-Borde aura un carnet noir à la main. « Mon livre », comme le désigne le demi de mêlée toulonnais. Lors de son retour chez les Bleus, en novembre, après cinq ans d’absence, on avait évoqué ce carnet pour la première fois avec Tillous-Borde, qui avait averti : « Je veux bien en parler mais seulement si je reviens dans le Tournoi. » Après une blessure à un genou, il est revenu à Rome, dimanche dernier. Cette semaine, à Marcoussis, il nous a montré son carnet – sans qu’on puisse le photographier – dont pas un de ses coéquipiers, si ce n’est son ouvreur à qui il présente la page avec le plan de jeu du jour, ou de ses entraîneurs ne connaît le contenu. D’une écriture très propre, sans ratures, on y a lu des mots clés – « communication », « pas d’affolement » –, des noms de combinaisons, mais aussi des morceaux de terrain dessinés. « Là, ce sont les 40 mètres, ici, une zone près de la ligne d’en-but. » On imagine que Jonny Wilkinson, son ouvreur à Toulon pendant trois ans, a déteint sur lui. « Jonny écrivait vraiment tout, notamment à la vidéo. Je suis méticuleux, mais pas obsessionnel comme lui , sourit-il. J’aime les choses carrées, même dans ma vie. Dans ma chambre, c’est rangé. Je trouve qu’on a besoin de quelques mecs comme ça dans une équipe de rugby. »

À TOULON, IL N’ÉCRIT PAS

À Toulon, il n’a pas un carnet comparable. « AU RCT, je suis vraiment imprégné du système de jeu. En équipe de France, vu qu’il y a plus de rotations de joueurs, j’ai besoin d’écrire. Je suis quelqu’un d’assez organisé mais je dois être le relais entre les avants et le 10 et, au niveau international, ça va plus vite. Avec le 10, il faut qu’on annonce la touche en quelques secondes, vite et bien. Déjà que ce n’est pas facile d’avoir les ballons, si en plus il y a une embrouille… C’est pour ça que j’écris tout. C’est moi qui décide touche complète ou réduite, selon la tactique à suivre. Et le chef de touche annonce où on lance. Il faut que tout s’emboîte bien. »

COMME POUR LES POÉSIES

« Je regarde mon livre avant de dormir. Vous savez, c’est comme pour apprendre des poésies à l’école. Tu lis un peu et, quand tu te réveilles, tu l’as bien en tête. » Est-ce aussi pour atténuer l’anxiété ? « Je ne suis pas tellement anxieux. Mais je n’aime pas ne pas savoir les choses. Avoir les éléments en main et les oublier, ça m’agace. Ça m’énerve quand les autres joueurs oublient, alors si c’est moi… »

ET JONNY LUI A RENDU SON PAPIER

Wilkinson et Tillous-Borde ont tissé de forts liens lorsqu’ils formaient la charnière du RC Toulon. Un jour, il y a deux ans, ils décident d’écrire, chacun sur une feuille, leurs objectifs pour la suite de leur carrière. « Il avait rangé les feuilles dans son book, se souvient Tillous-Borde. En janvier dernier, j’étais blessé, je devais faire une séance de passes avec Jonny (Wilkinson intervient une semaine par mois à Toulon depuis sa retraite de joueur) quand il s’est approché : “Regarde ce que j’ai.” Il sort un bout de papier, je reconnais mon écriture. Il m’a dit : “Je te le rends, puisque tu as fini.” C’était mes objectifs ! Être champion de France ou gagner la Coupe d’Europe, revenir en équipe de France… Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais tout rempli, lui y avait pensé. C’est quand même marrant. »

ET SI ÇA VENAIT DE SA MÈRE…

À la campagne, traditionnellement, on noircit des pages : le temps qu’il a fait tel jour, la récolte d’une année… La mère de Sébastien Tillous-Borde est agricultrice à Monein, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle fait du vin de Jurançon, élève des vaches. Et prend des notes.« C’est vrai que ma mère écrit tout. Par exemple, pour les boules de foin : telle année, il y en a eu 50 à tel endroit, l’année d’après 53.  Pour le savoir, il faut bien l’avoir écrit quelque part ! Et pas sur un ordinateur. Je n’écris que sur papier. » Il réfléchit : « J’ai peut-être été marqué par ça, tout petit, je ne sais pas.  »

À TWICKENHAM ?  PATIENCE !

« Deux jours avant un match, j’écris pour me rappeler des choses. Avant l’Italie, on savait qu’il ne ferait pas beau.  Il y a un tas de pense-bête comme “mettre une grosse pression sur McLean, l’arrière gaucher”, “si ballon lent, annoncer deux temps de jeu pour que les gros (les avants) sachent où aller”, “pas d’affolement”… » Pour Twickenham, il nous montre bien entendu le strict minimum : tenir le ballon. Une évidence. « Oui, mais il faut avoir la réelle envie de tenir le ballon. Quand on fait douze ou treize temps de jeu, c’est un état d’esprit. Il faut avoir la patience. » Il désigne ce mot, « patience », qui revient souvent.

CARNET VOLÉ ?

La question le désarçonne : « Voler mon carnet ? Mais pour en faire quoi ? Allumer un barbecue avec ? Il n’y a que des trucs pour moi, du pur rugby. Je n’écris que des tactiques, mes objectifs, rien sur la vie de groupe, rien sur les mecs. Il n’y a rien de secret, ce n’est que pour moi. » Mais il reconnaît : « Ça me ferait chier de le perdre. » Quand un « livre » est rempli, qu’en fait-il ? « Je le brûle ! Non, je le range et j’en commence un autre. Et je ne lis plus les carnets précédents. »

Source: lequipe.fr

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