Au lendemain du sacre du Stade Toulousain après une finale de Top 14 d’anthologie contre l’UBB (39-33), Thomas Ramos tente de prendre un peu de recul sur le triplé historique de son équipe en championnat. Et tente une comparaison avec le Real Madrid.

Thomas Ramos, avec une journée de recul, êtes-vous redescendu?

Je ne sais pas si on peut dire que 24 heures après on arrive à redescendre après une finale comme celle-ci franchement. Le scénario était incroyable, c’était quand même une belle partie d’échecs entre les deux équipes, qui ont livré une très belle finale. Un match avec énormément de suspense. Et cette pénalité de Maxime Lucu à la 80e nous met un coup derrière la tête parce qu’on est quand même à moins d’une minute de gagner le match. Mais notre réaction en prolongation est incroyable. On n’a pas lâché face à une belle équipe de Bordeaux donc on est très heureux de remporter ce nouveau titre.
La joie est-elle encore plus grande parce que l’année et la saison ont été encore plus dures?

Oui forcément. Cette désillusion en Coupe d’Europe nous a fait nous rendre compte qu’on ne pouvait pas rendre des prestations comme on a rendu. Il nous restait une compétition, on se devait d’aller au moins défendre notre titre. Après sur une finale tout est possible mais hier soir notre état d’esprit, notre envie de combattre. Notamment devant, avec nos avants qui ont fait un match incroyable, notre défense aussi. Même s’il y a 39-33 mais dans nos intentions défensives, c’était quand même autre chose. Je pense qu’on a perturbé cette équipe de Bordeaux qui ne s’attendait peut-être pas à ça. C’est quand même une satisfaction de pouvoir gagner le match en ayant préparé des chose et en les ayant mises en place.

Vous attendiez-vous à cette réaction?

Oui honnêtement, on a eu quelques semaines pour préparer cette phase finale. Cette semaine, tout le monde a compris que si on ne switchait pas et si on ne passait pas dans une autre dimension au niveau mental, on allait prendre une branlée. Mardi, jeudi, nos entrainements étaient incroyables, il y avait une énergie folle. Je crois que juste aux regards qu’on se jetait les uns les autres, on savait qu’on y était. Je l’ai dit avant le match, parfois tu sens que tu y es. Et je sentais qu’on y était.

Cinq titres en six ans, votre manager Ugo Mola dit qu’il en manque un peu…

Oui il prend la caricature du frigo qui est plein: est-ce qu’on a envie d’acheter un nouveau frigo et de le remplir à nouveau? Je crois qu’on lui a donné une réponse hier soir.

C’est un troisième d’affilée mais ce Brennus n’a peut-être jamais été aussi dur à avoir…

Je crois que tous les Brennus sont assez différents. Un Brennus d’un doublé c’est incroyable, un Brennus après une désillusion en Coupe d’Europe c’est incroyable. Avec le match que les deux équipes ont livré hier, aller en prolongation, finir à la dernière minute… ce sont des émotions folles. Bravo à toute l’équipe d’avoir les ressources, année après année, de continuer à être à ce niveau, à performer, à finir premier de ce Top 14, à battre des records. Je pense qu’on ne se rend pas compte de ce qu’on fait, on le débriefera peut-être dans des années quand on aura le cul dans le canapé! Mais ce qu’on fait, ce n’est pas banal, il faut savoir se le dire. Bravo à l’ensemble du groupe, au staff, au club.

Avez-vous conscience que vous marquez le sport comme certaines équipes en foot ou en basket?

C’était un peu le message, à la veille du match, de nous montrer dans différents sports tous les grands sportifs, toutes les grandes équipes qui ont fait des triplés. Au final quand tu regardes, il n’y a pas tant qu’équipes ou de sportifs qui l’ont fait. Et quand tu t’identifies à ces gens, tu te dis « ah ouais quand même ». Moi j’adore le foot, le Real Madrid a fait un triplé en Ligue des champions. Voir ces vidéos-là, ça me donnait des frissons. Voir qu’on est capables de faire un triplé en Top 14, quand on connaît la dureté de ce championnat, c’est exceptionnel. Profitons de ça.

Et maintenant, le quadruplé des années 1990 ou deux ans pour le quintuplé?

Je vous laisse poser la question au coach, voir comment ils vont nous redémarrer la saison prochaine. Je ne suis pas inquiet sur la motivation du groupe. On a encore un groupe jeunes, avec des mecs qui ont éclos cette saison. Il y a deux ou trois joueurs qui vont arriver avec certainement une envie de vouloir gagner des titres. Non je ne suis pas inquiet sur l’envie qu’on aura de revenir défendre nos titres et d’essayer d’aller en regagner en Coupe d’Europe. Profitons, prenons un peu de repos parce que ça tire de partout. Mais je suis sûr qu’on reviendra aussi motivés que les années passées.

Via RMC Sport