Bernard Laporte a beau le crier haut et fort, ses joueurs font la sourde oreille. « L’objectif n°1 sera le match de barrage contre le Racing. On jouera la finale mais on ne prendra aucun risque. » Les déclarations du manager de Toulon, qui font écho à celle de son président Mourad Boudjellal, ont tout d’un vœu pieux. Autour de lui, l’équipe, déjà finaliste malheureuse en 2010 à Marseille, se prépare comme un seul homme pour affronter Biarritz, dans cette finale franco-française, vendredi soir sur la pelouse du Stoop, le petit Twickenham.

« Pour le président, c’est le championnat le plus important, mais nous ça fait 20 ans qu’on n’a rien ramené à Toulon, une petite coupe ce serait sympa », plaide Geoffroy Messina, le trois-quarts centre du Rugby Club Toulonnais. « Ça fait depuis cadet que je suis à Toulon… », soupire Pierrick Gunther, le troisième ligne du club. « Les barrages, c’est très important, mais on est à 80 minutes d’un titre, on va la jouer à fond. Après, pour les barrages, on aura une semaine, on verra… », préfère Sébastien Tillous-Borde, l’ancien demi de mêlée castrais.

La double carotte pour les Biarrots

L’affaire est entendue. Arrivés à Londres dans la journée, 24h après les Biarrots, les joueurs de Laporte veulent l’apéritif avant de s’attaquer à la phase finale du championnat. Au BO, on aurait été étonné du contraire. « Ils veulent gagner une compétition, passer un premier cap, avant de dominer le rugby français, voir européen », assure Patrice Lagisquet, le directeur sportif des Basques, qui jouera son dernier match avec le club avant de rejoindre le staff de Philippe Saint-André. Preuve que le rendez-vous dans l’ouest londonien est pris au sérieux, Laporte a aligné son armada de stars (Wilkinson, Giteau, S. Armitage), y compris le centre Mathieu Bastareaud, qui revient d’une blessure à une main.

D’autant qu’en face, les Rouge et Blanc, sauvés après une première partie de saison cauchemardesque, vont vouloir aller chercher la « double carotte », selon le mot d’Imanol Harinordoquy : un billet pour la H Cup en cas de succès et un premier trophée depuis 2006. « On peut passer d’une saison pourrie à la meilleure saison du BO depuis 6 ans », analyse le troisième ligne international du BO. « Ils vont se vider pour aller en H Cup, samedi ils seront en vacances », prévient le Toulonnais Christophe Samson. L’apéro s’annonce corsé au Stoop.

RMC