Toulon ô Toulon (Rugbyrama)

Toulon ô Toulon (Rugbyrama)

12 mai 2011 - 18:18

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Qu’est qui peut bien perturber des champions ? – ils sont nombreux au RCT- Quand on met bout à bout les individualités qui composent cette équipe, on est plutôt enclin à voir grand. En tout cas de l’extérieur, il n’était pas utopique de penser qu’il était possible pour cette équipe de trouver une place au moins dans les six premiers et tout en même temps de réaliser cet objectif et tout en même temps en produisant un jeu qualitativement intéressant pour ne pas dire captivant. Toulon a failli cette saison dans les deux domaines même si, de temps en temps, mais dans trop peu de matchs, il semblait qu’enfin le collectif avait trouvé cette cohésion tactique, celle que l’on attendait puisqu’il semble à priori plus facile d’accès quand on a affaire avec des joueurs d’exception.
Je peux concevoir la déception de Philippe Saint-André qui sait combien la liberté qu’il s’est offerte quand il était joueur est aussi, quand on est entraineur, un facteur essentiel pour gérer «l’égo» des meilleurs. Les exigences de son projet de jeu ne me semblait pas en contradiction avec l’autonomie qu’il a me semble t’il accordée aux joueurs pour le conduire avec confiance, sérénité et enthousiasme. Derrière le plan de jeu proposé, je ne crois pas qu’il y ait eu de la part du staff des restrictions qui aient perturbé ce collectif et l’aient empêché dans un match capital de jouer ce match petit bras et surtout sans avoir tout donné pour changer le cours du jeu. C’est en tout cas l’impression que l’on ressent après cette défaite, celle de joueurs n’ayant pas utilisé toutes les armes, hypothéquant ainsi la possibilité de transformer le rapport de force tout au long du match en faveur de Montpellier.
Mais on est bien obligé de constater que chacun a semblé jouer «en dedans» comme on dit dans notre jargon, ce qui a entrainé une moindre implication, un moindre engagement d’abord dans le combat, sans lequel la logique de ce jeu n’est plus respectée. Cet apparent manque d’implication a bien favorisé leurs adversaires qui n’ont pas eu besoin d’aller chercher ailleurs que dans le petit périmètre, où ils avançaient constamment les clés tactiques du succès. Pour le reste, l’approximation du jeu varois dans le jeu d’ensemble ne risquait pas de perturber la défense des opposants qui se sont nourris des balles rendues trop vite.
La mixité culturelle, vu les diverses nationalités, dans lequel baigne le groupe toulonnais, n’a de chance d’être exploitable que s’il y a bien un vrai partage du sens du jeu collectif à réaliser. Cette capacité à sortir de sa culture, de la considérer comme un appui pour évoluer et non comme une certitude, permettrait progressivement de rentrer, sans arrière pensée, dans un contexte de performance (le Top 14) quand même différent de celui dans lequel ces joueurs de haut niveau ont été formés.
Cela demande du temps pour que le partage d’un projet de jeu soit effectif. Il s’agit bien d’acquérir et de donner au collectif mais surtout à chacun individuellement, un sens nouveau au jeu. Celui-ci n’a de chance de se mettre progressivement en place dans le temps que si on utilise les matchs faciles (y en t’il dans le Top 14 ?). La pression que consacre la peur du mauvais résultat, celle qui préside aux matchs difficiles surtout quand elle est exacerbée de l’extérieur, tend à inciter les joueurs y compris les meilleurs à «jouer» avec les savoir-faire qu’ils pensent maitriser, ceux acquis ailleurs, dans une culture de jeu qui n’est plus la vérité oubliant sans même sans rendre compte, de jouer ensemble avec les mêmes références, celles que le staff cherche à leur faire acquérir. Pas facile surtout si, comme c’est le cas à Toulon, il faut aussi composer avec la représentation que l’excellent mais exigent public de Mayol a du rugby.
Le jeu toulonnais dans ce match est à comparer à un objet de porcelaine brisé. Si on examine les morceaux à part, ils n’ont pas de sens. Pourtant si on reconstitue les éléments entre eux, leurs logiques ajustements vont permettre de donner un nom à l’objet en question. Toulon dans ce match n’a pas su réajuster son jeu ni les formes collectives qui vont avec. Les petits bouts de jeu produits n’ont pas suffit.
Les objectifs de Toulon étaient-ils au dessus de leur possibilités ? Certainement pas ! Tous ces champions ne sont pas devenus mauvais tout d’un coup. En sport il me parait normal quelquefois de perdre douloureusement. La vie d’un sportif et d’un club ne peuvent être aseptisées, et ne peuvent se complaire que dans la victoire sous peine d’involution. Mais l’humain n’est pas programmé pour perdre bien au contraire. Certainement que Toulon, cette saison, au fil des résultats en dent de scie, s’est progressivement fragilisé. Pour remporter demain le prochain challenge, il faudra certainement se pencher sur le rôle fondamental que joue la diversité culturelle des uns et des autres dans l’appropriation du projet de jeu souhaité par le staff. C’est peut-être la première référence à faire passer dans le prochain message.

Qu’est qui peut bien perturber des champions ? – ils sont nombreux au RCT- Quand on met bout à bout les individualités qui composent cette équipe, on est plutôt enclin à voir grand. En tout cas de l’extérieur, il n’était pas utopique de penser qu’il était possible pour cette équipe de trouver une place au moins dans les six premiers et tout en même temps de réaliser cet objectif et tout en même temps en produisant un jeu qualitativement intéressant pour ne pas dire captivant. Toulon a failli cette saison dans les deux domaines même si, de temps en temps, mais dans trop peu de matchs, il semblait qu’enfin le collectif avait trouvé cette cohésion tactique, celle que l’on attendait puisqu’il semble à priori plus facile d’accès quand on a affaire avec des joueurs d’exception.

Je peux concevoir la déception de Philippe Saint-André qui sait combien la liberté qu’il s’est offerte quand il était joueur est aussi, quand on est entraineur, un facteur essentiel pour gérer «l’égo» des meilleurs. Les exigences de son projet de jeu ne me semblait pas en contradiction avec l’autonomie qu’il a me semble t’il accordée aux joueurs pour le conduire avec confiance, sérénité et enthousiasme. Derrière le plan de jeu proposé, je ne crois pas qu’il y ait eu de la part du staff des restrictions qui aient perturbé ce collectif et l’aient empêché dans un match capital de jouer ce match petit bras et surtout sans avoir tout donné pour changer le cours du jeu. C’est en tout cas l’impression que l’on ressent après cette défaite, celle de joueurs n’ayant pas utilisé toutes les armes, hypothéquant ainsi la possibilité de transformer le rapport de force tout au long du match en faveur de Montpellier.

Mais on est bien obligé de constater que chacun a semblé jouer «en dedans» comme on dit dans notre jargon, ce qui a entrainé une moindre implication, un moindre engagement d’abord dans le combat, sans lequel la logique de ce jeu n’est plus respectée. Cet apparent manque d’implication a bien favorisé leurs adversaires qui n’ont pas eu besoin d’aller chercher ailleurs que dans le petit périmètre, où ils avançaient constamment les clés tactiques du succès. Pour le reste, l’approximation du jeu varois dans le jeu d’ensemble ne risquait pas de perturber la défense des opposants qui se sont nourris des balles rendues trop vite.

La mixité culturelle, vu les diverses nationalités, dans lequel baigne le groupe toulonnais, n’a de chance d’être exploitable que s’il y a bien un vrai partage du sens du jeu collectif à réaliser. Cette capacité à sortir de sa culture, de la considérer comme un appui pour évoluer et non comme une certitude, permettrait progressivement de rentrer, sans arrière pensée, dans un contexte de performance (le Top 14) quand même différent de celui dans lequel ces joueurs de haut niveau ont été formés.

Cela demande du temps pour que le partage d’un projet de jeu soit effectif. Il s’agit bien d’acquérir et de donner au collectif mais surtout à chacun individuellement, un sens nouveau au jeu. Celui-ci n’a de chance de se mettre progressivement en place dans le temps que si on utilise les matchs faciles (y en t’il dans le Top 14 ?). La pression que consacre la peur du mauvais résultat, celle qui préside aux matchs difficiles surtout quand elle est exacerbée de l’extérieur, tend à inciter les joueurs y compris les meilleurs à «jouer» avec les savoir-faire qu’ils pensent maitriser, ceux acquis ailleurs, dans une culture de jeu qui n’est plus la vérité oubliant sans même sans rendre compte, de jouer ensemble avec les mêmes références, celles que le staff cherche à leur faire acquérir. Pas facile surtout si, comme c’est le cas à Toulon, il faut aussi composer avec la représentation que l’excellent mais exigent public de Mayol a du rugby.

Le jeu toulonnais dans ce match est à comparer à un objet de porcelaine brisé. Si on examine les morceaux à part, ils n’ont pas de sens. Pourtant si on reconstitue les éléments entre eux, leurs logiques ajustements vont permettre de donner un nom à l’objet en question. Toulon dans ce match n’a pas su réajuster son jeu ni les formes collectives qui vont avec. Les petits bouts de jeu produits n’ont pas suffit.

Les objectifs de Toulon étaient-ils au dessus de leur possibilités ? Certainement pas ! Tous ces champions ne sont pas devenus mauvais tout d’un coup. En sport il me parait normal quelquefois de perdre douloureusement. La vie d’un sportif et d’un club ne peuvent être aseptisées, et ne peuvent se complaire que dans la victoire sous peine d’involution. Mais l’humain n’est pas programmé pour perdre bien au contraire. Certainement que Toulon, cette saison, au fil des résultats en dent de scie, s’est progressivement fragilisé. Pour remporter demain le prochain challenge, il faudra certainement se pencher sur le rôle fondamental que joue la diversité culturelle des uns et des autres dans l’appropriation du projet de jeu souhaité par le staff. C’est peut-être la première référence à faire passer dans le prochain message.

Pierre Villepreux

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  1. joel la seyne 12 mai 2011 at 21h

    belle analyse du dtn k est quand meme une reference au niveau national

  2. rctrop 13 mai 2011 at 00h

    Rien à dire belle analyse instructive !! De villepreux qui à une critique rugbystique d'un professionnel

    Qui n'a rien à voir avec penaud !!!

  3. viking83 13 mai 2011 at 00h

    Ca c'est de l'analyse !! Mourad, tu fais une copie pour chaque joueur pour leurs devoirs de vacances : à conjuguer à tous les temps, comme à l'époque où on sortait de

    l'école en sachant lire et écrire.

  4. JCL 13 mai 2011 at 02h

    Oui, dommage pour le RCT.

    Saison difficile qui confirme que le plus dur n’est pas d’être en haut, mais d’y rester.

    Pas bien digéré la saison dernière. Les adversaires souhaitaient aussi par dessus tout se faire le RCT.

    Moins d’envie car je suis persuadé que les joueurs ont du croire que “c’était arrivé” + une H.Cup qui a usé les organismes + le Top 14 bien serré cette saison et faut pas chercher plus loin les ennuis de Toulon.

    Ca devrait aller mieux la saison prochaine.

    Ce qui est nul, c'est le calendrier. On va jouer du Top pendant la CM et le 6 nations. Pff ! Ce ne sera évident pour aucune équipe, ni pour constituer un groupe ni pour intégrer les nouveaux joueurs.

    si après la CM, le RCT est 1er (on peut rêver un peu), on dira quoi au groupe en place quand il verra arriver les mondialistes ? On dira quoi aux stars pour qu'ils donnent leur pleine mesure sans dénigrer un groupe qui joue les premiers rôle.

    Bonne chance au Staff et merci à l'organisation merdique du rugby en général.

  5. hugs 13 mai 2011 at 11h

    une vrai analyse, intelligente, impartial et qui apporte quelques chose! pas comme celle de penaud qui commence son analyse par " la défaite de Toulon me satisfait pleinement"…. vive l'esprit impartial et ouvert du soit disant "expert"…

  6. Fafa 13 mai 2011 at 23h

    JCL a raison. Je n aimerai pas etre dans le staff si ce cas de figure arrive. Devoir dire a des gars qui se dechirent pour etre en haut, ben degage les stars arrivent … Mais bon je souhaite quand meme que ça nous arrivent 😉

  7. JCL 13 mai 2011 at 23h

    Oui, j'espère aussi. Encore que le plus important est d'être au SDF à la fin que 1er des phases régulières. L'avantage de caracoler en tête, c'est de pouvoir jouer Amlin décontracté.

    heu…Mais quand même bonjour l'ambiance. Merci les gars, vous vous êtes bien déchirés, maintenant place aux gros salaires, qui de toutes façons, s'ils ne gazent pas tout de suite, devront quand même jouer un certain temps pour prendre et donner une nouvelle mesure à l'équipe…et pendant ce temps là on peut déjouer…ou pas…et ça risque de râler surtout si on se met à perdre le capital gagné en début de saison "par les coiffeurs" ! Pas simple mon petit PSA. GOOD LUCK my friend !

  8. JCL 13 mai 2011 at 23h

    Ou alors, le coach peut aussi donner "aux remplaçants" comme objectif le Challenge. Le noyau dur se concentrant essentiellement sur le Brennus. Avec bien entendu, quelques ajustement en fonction des bléssés ou autres. Ca se fait parfois en foot avec la coupe de la ligue ou la coupe de France. Tout le monde a du temps de jeu et un objectif interréssant. wait & see !

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