Après la victoire contre Montpellier la semaine passée, le Racing-Métro veut confirmer dimanche contre Toulon. L’ouvreur Jonathan Wisniewski se méfie bien sûr beaucoup des Toulonnais.

Jonathan Wisniewski, que ressentez-vous après la victoire contre Montpellier (28-16) ?
Déjà, la satisfaction d’avoir réagi suite au non-match de Brive (6-6). On avait besoin de repartir sur de la simplicité. On s’était dit durant la semaine qu’il fallait remettre les choses en place, mettre beaucoup d’envie et d’engagement. De plus, on avait la chance d’affronter une belle équipe de Montpellier. Au vu de la manière, le score est amplement mérité.

Votre succès au match aller remporté (31-36) à Mayol avait été fondateur. La rencontre de dimanche peut-elle vous permettre de vous relancer ?
Oui et non. On se doit de rester solide et intraitable à la maison. On sait que Toulon est compliqué à jouer, on était allé gagner chez eux en début de saison et on avait coupé leur dynamique. Ils vont venir avec un état d’esprit revanchard et la volonté de rester dans les six premiers. Ils sont actuellement en pleine confiance, leur niveau de jeu progresse et ils sont capables d’aller gagner partout. Nous, on veut garder l’intensité qu’on a proposée contre Montpellier et ajouter les ingrédients indispensables pour prendre le meilleur sur eux.

Que vous a appris justement votre exploit à Mayol ?
Á cette époque, on sortait d’un match amical dans lequel on avait pris 40 points et tout le monde nous avait demandé si on avait cette claque en tête. On avait répondu non. Je crois que le contexte est aujourd’hui identique. Cinq mois se sont écoulés, les joueurs ont changé. On ne peut plus vraiment se baser sur ce qui s’est passé. Le RCT est peut-être l’équipe qui a réalisé la plus mauvaise entame de championnat et maintenant, ils sont dans le Top 6 avec deux défaites à domicile, ce qui prouve leur qualité. Ils ont la faculté d’aller gagner n’importe où et d’embêter n’importe quelle équipe, quelles que soient les conditions.

« Je me suis inspiré de Wilkinson quand j’étais plus jeune »

Le jeu rapide sera-t-il la clé ?
C’est certain. On doit conserver la qualité et la capacité à franchir la ligne qu’on a démontrée face à Montpellier, garder nos intentions et ne pas être brouillon. En outre, on devra être discipliné car en face Wilkinson, qui est un buteur de renommée mondiale, ne nous fera pas de cadeaux. Tous les clubs du Top 14 sont bien armés en terme de jeu au pied. Quand vous jouez les Toulonnais, vous savez qu’à chaque faute commise dans les 50 ou 55 mètres, cela fait quasiment trois points en plus. Il faudra jouer juste et ne pas les perdre dans des zones dangereuses. Ce sera un match de très haut niveau.

Jouer contre Jonny Wilkinson, est-ce particulier pour vous ?
Bien sûr dans la mesure où je me suis inspiré de lui quand j’étais plus jeune. Il m’a aidé à façonner mon propre style et mon caractère. Mais j’ai d’autres modèles comme (Andrew) Mehrtens, (Jeff) Dubois ou encore Simon (Mannix, son entraîneur). Je l’ai rencontré à maintes reprises et je ne vais pas me focaliser sur lui, même si c’est toujours un plaisir d’affronter des joueurs de cette trempe.

Vous avez été cité par la commission de discipline. Vous attendez-vous à être puni ?
N’étant pas habitué à m’y rendre, j’avoue avoir été surpris. Il n’empêche que je mérite cette convocation. Le geste que j’ai eu (plaquage sur le Montpelliérain Martin Bustos Moyano) est dangereux. J’irai m’expliquer le plus clairement possible. Je l’ai soulevé puis lâché. Comme je ne suis pas coutumier du fait, j’espère que la commission sera des plus clémentes avec moi.

« On doit être à fond »

Pensez-vous à l’équipe de France et au Tournoi des VI Nations ?
Pas vraiment. La priorité, c’est d’être performant en club. Bien sûr, l’envie d’y retourner, de recevoir une convocation est là. C’est un objectif pour lequel je travaille dur et j’essaie de progresser. Tout joueur du Top 14 rêve d’y accéder. Mais je reste concentré d’abord sur le Racing et la réception dimanche de Toulon. Le reste viendra plus tard.

L’annonce du groupe pour le Tournoi des VI Nations, certainement décisive pour la Coupe du Monde, approche pourtant à grands pas…
Je ne vais pas vous dire que je n’ai pas envie d’y être, c’est sûr. Je travaille énormément pour cela, depuis ma dernière convocation qui m’a reboosté. Le fait d’entrer dans ce cercle m’a procuré une motivation supplémentaire. Maintenant, ce qui compte à cette heure-ci, ce n’est pas les Bleus mais de battre Toulon. L’enchaînement de bonnes performances me permettra peut-être d’y retourner.

Jouer pendant les périodes de fêtes, cela vous a-t-il  plu ?
Non, ce n’est pas très agréable. Dans l’histoire du rugby français, on avait l’habitude de faire une trêve durant cette fin d’année, c’est un élément de la culture française. En même temps, trouver des dates n’est pas évident. Nous les joueurs, on ne fait pas le calendrier donc on s’y plie. On l’a payé un peu face à Brive. Tous les clubs sont confrontés à cela, il faut faire avec. On a limité les excès car on avait seulement trois jours avant de rejouer. Il fallait faire attention. On n’a pas vraiment eu la possibilité de s’oxygéner mentalement mais on va essayer de bien finir la série jusqu’à la fin janvier.

Pour vous, la Coupe d’Europe est-elle terminée ?
Je ne crois pas. On va se rendre à Clermont avec les mêmes intentions qu’aux Saracens. Le but est de faire un bon match. On n’a jamais eu ni la prétention de dire qu’on voulait se qualifier, ni le manque d’ambition de dire qu’on allait terminer dernier. On a toujours clamé qu’on voulait se servir de ces rencontres de haut niveau pour progresser collectivement. Chez les Saracens, on a été plutôt à notre avantage, moins à domicile. Recevoir le Leinster sera un honneur, il est impossible de la galvauder. On tirera le bilan dès que la phase de poules sera achevée, pas avant. Il peut se passer encore beaucoup de choses, il reste dix points à distribuer. Les Anglais étaient condamnés, et pourtant, ils sont toujours en course pour la qualification. On doit être à fond.

Qu’en retenez-vous pour le moment ?
On a découvert un niveau d’engagement, d’intensité et de jeu qui nous a servi sur le plan collectif. On en sort plus fort et plus mature. Le match de Brive, l’an passé, on l’aurait perdu. En ayant plus de repères, on parvient à limiter la casse et à ne pas perdre des matchs dans lesquels on est en difficulté. Il faut aborder les deux dernières journées dans le bon état d’esprit, avec le désir d’emmagasiner de l’expérience. Cela peut avoir des répercussions sur la suite de notre saison.