Face à l’Italie, les Springboks ont encore fait parler leur science du détail et de la règle. Entre un coup d’envoi volontairement mal tapé et un bloc saut en plein jeu, les champions du monde sud-africains ont surpris autant qu’ils ont impressionné.

Ces innovations, pourtant légales, ont fait le tour du monde. Pour mieux les comprendre, Midi Olympique a sollicité le regard expert de Mathieu Raynal, ancien arbitre international et aujourd’hui responsable des arbitres professionnels en Top 14 et Pro D2.

Une action spectaculaire, mais réglementaire : le lift en jeu courant

L’action qui a le plus fait réagir samedi dernier reste sans conteste le bloc saut sud-africain au centre du terrain. Deux joueurs soulèvent un coéquipier pour aller chercher le ballon, puis organisent immédiatement un maul.

Une séquence déroutante pour les Italiens… mais parfaitement autorisée selon la règle selon Mathieu Raynal. Extrait :

« Créer un bloc saut au centre du terrain, en phase de jeu courant, pour ensuite organiser un maul : les équipes sud-africaines utilisent déjà ce type de séquence en URC. Donc ce n’était pas une surprise pour Andrew Brace »

L’arbitre français précise ensuite les conditions précises de légalité de ce mouvement. Extrait :

« Cette action est parfaitement légale, mais elle n’est rendue possible que parce que les Italiens sont venus au contact. Si les Italiens n’étaient pas venus au contact, cela n’aurait plus eu aucun intérêt pour les Sud-Africains de procéder ainsi. Car s’ils avancent en étant groupés, cela devient un ‘coin volant’ […] et donc c’est pénalité. »

Si les Springboks semblent toujours avoir un coup d’avance dans l’interprétation des règles, ce n’est pas un hasard. Leur arme secrète : Jaco Peyper.

L’ancien arbitre international, désormais intégré au staff, joue un rôle central dans cette capacité d’innovation tactique confie Mathieu Raynal. Extrait :

« C’est vrai qu’il n’y a rien qui interdit ça dans la règle. Mais, dites-vous que si les Sud-Africains font quelque chose, c’est que cela a été scrupuleusement étudié avant parce qu’ils ont Jaco Peyper dans leur staff. J’échange souvent avec Jaco et c’est quelqu’un de très pointu sur la règle. »

L’exemple ne date pas d’hier.

Lors de la Coupe du monde, les Springboks avaient déjà bluffé la planète rugby en choisissant une mêlée sur marque dans leur propre camp – une décision inédite, mais tactiquement payante.