Battus samedi en finale du Top 14, les Toulonnais ont encore franchi un palier. Animés d’un état d’esprit irréprochable, ils ont fait taire leurs détracteurs et devront confirmer la saison prochaine, avec un effectif encore renforcé par une pléiade de stars.

Un sentiment mitigé chez les Toulonnais. Tout en se félicitant du parcours réalisé jusqu’en finale du championnat, ils avaient samedi la sensation de ne pas être passés loin de l’exploit contre Toulouse. Dans les couloirs du Stade de France, ils étaient unanimes pour souligner qu’ils avaient été à la hauteur de l’événement, bien que ballottés devant. Mais les hommes de Guy Novès ont fait parler leur expérience des matchs couperets pour décrocher un 19eme titre de champion de France (18-12). « Une finale, avant de la gagner, il faut en jouer plusieurs, explique mOURAD Boudjellal. Toulouse en a gagné, en a perdu. On va essayer de revenir plus fort la saison prochaine. » « C’est clair que ça donne envie d’y revenir, enchaîne Mathieu Bastareaud. Maintenant, il nous a manqué ce petit coup de pouce que nous avions eu en quarts et en demi-finales, ce petit coup de chance qui nous avait réussi. » Que ce soit en barrages à Mayol contre le Racing-Métro (17-13) ou au tour suivant face à Clermont (12-15), ils avaient forcé le destin et la réussite pour poursuivre leur aventure.

Mais sur la pelouse de Saint-Denis, la rencontre n’a cette fois pas basculé en leur faveur. « Le rugby, ça se joue à que dalle. Si Juan Martin Hernandez ne tape pas le poteau (ndlr : en match de barrage), on n’est même pas là. Toulouse pourra se dire que si David Smith capte le ballon, ils ne sont pas champions de France. Il y a trop de petits détails donc on ne va pas être déçu. C’est déjà beau, on est vice-champion de France, ce n’était pas arrivé depuis très longtemps à Toulon. » Les supporters du RCT attendaient cela depuis vingt ans et le Bouclier de Brennus remporté aux dépens de Biarritz en 1992 (19-14). Ils souhaitent maintenant ne pas avoir à patienter aussi longtemps pour revivre de telles émotions. Les joueurs, Bastareaud en tête, affichent leur détermination et leur optimisme pour les échéances à venir. « Je pense que nous pouvons être fiers de nous, estime l’ancien Parisien. En début de saison, on ne donnait pas très cher de nous en disant qu’il y avait certes des noms mais pas d’équipe. Nous avons fait taire beaucoup de personnes. Et je ne me fais pas trop de soucis pour l’avenir. »

Un recrutement cinq étoiles

Souvent raillés ces dernières années et non qualifiés pour les phases finales du Top 14 la saison passée, les Toulonnais ont démontré qu’ils n’étaient pas un ensemble d’individualités sans esprit collectif. Recrutées par Boudjellal à grand renfort de milliers d’euros, les stars se sont mises au service du groupe. Vaincus en finale du Challenge européen par Biarritz (21-18) au terme d’un non-match, les Varois se sont relevés tous ensemble sans jamais se désunir. « C’est tout sauf une équipe de mercenaires, relève Bernard Laporte. Il y a quatre, cinq noms qui reviennent souvent mais on ne parle jamais de (Benjamin) Lapeyre, de (Sébastien) Tillous-Borde, de (David) Smith, de (Pierrick) Gunther, ils existent aussi ces mecs. Ils sont dans le paysage. » « On est une bande de copains, souligne Bastareaud. Le match est perdu et on ne va pas se frapper la tête contre les murs. Pour moi, cette saison est réussie avec deux finales. Dans l’ensemble, c’est bien. C’est dommage que l’on ne gagne pas un titre. On l’aurait mérité. » La prochaine étape dans la progression du RCT sera d’enrichir un palmarès vierge de titre depuis deux décennies.

Battus à trois reprises en finale au cours des trois dernières années (ndlr : défaite contre Cardiff en Challenge en 2010), ils commencent à être des habitués de ces rendez-vous et comptent bien les revivre dès la saison prochaine. Boudjellal avait exprimé son envie de se créer une « armée » et s’est offert un recrutement à la hauteur de ses ambitions. Frédéric Michalak, Maxime Mermoz, Andrew Sheridan, Gethin Jenkins, Nick Kennedy, Chris Masoe ou encore Delon Armitage renforceront l’effectif. Laporte bénéficiera donc d’une plus grande profondeur de banc pour être compétitif sur les deux tableaux. « On va enchaîner les matchs intenses contre le Leinster ou d’autres équipes. Il faut du monde sinon tu exploses. J’en ai parlé avec Fabien (Galthié) et ce fut dur pour eux cette année. On va s’appuyer sur les jeunes et ceux qui nous rejoignent. D’avoir pris Jenkins et Sheridan va nous faire du bien. » Au vu des difficultés de Toulon en mêlée fermée samedi, ces deux éléments expérimentés en première ligne ne seront pas de trop. Ils pourraient même être la clé pour permettre au RCT de franchir encore un cap la saison prochaine. C’est-à-dire soulever ce trophée que la Rade n’en peut plus d’attendre.

Source: rugby365.fr