Auteur de prestations discrètes ces dernières semaines, Kyle Sinckler a choisi la Champions Cup pour rappeler pourquoi son nom figure parmi les plus respectés du rugby mondial. Contre Bath, l’international anglais a signé l’une de ses prestations les plus marquantes sous le maillot toulonnais, dans un registre mêlant puissance, mobilité et endurance exceptionnelle pour un pilier droit.

Un poste exigeant, une réponse hors-norme

Tenir 80 minutes pour un pilier droit, à un tel niveau de jeu, relève de l’exploit. Le faire avec un tel niveau d’impact relève d’une autre dimension. Dimanche, Sinckler a incarné cette rareté. Durant toute la rencontre, il a verrouillé la mêlée, dominé les zones de collision et affiché une activité défensive remarquable.

Jérémy Sinzelle résumait la performance de son partenaire avec admiration : « Exceptionnel ».

Charles Ollivon, lui, insistait sur le caractère du joueur, via Var-matin :

« Pilier, c’est quand même un job particulier… Mais on n’est pas vraiment surpris. Kyle, on le voit au quotidien. C’est un mec un peu spécial. […] Depuis qu’il est là, il amène quelque chose d’autre. Il a une rigueur et une passion pour le travail un peu différentes de ce qu’on a l’habitude de voir. Ça fait plaisir. »

Un droitier pas comme les autres

Si Toulon espérait voir Sinckler franchir un cap, le Britannique a offert bien plus : de la percussion, de la vitesse et une vision juste dans le jeu offensif. Sur plusieurs actions clés, il a été le point de départ de séquences décisives.

Sur une charge impressionnante le long de la ligne (33e), il a transpercé Bath avant de voir Ignacio Brex conclure derrière lui. Un quart d’heure plus tard, il récidivait en exploitant un intervalle dans l’axe profond et en libérant parfaitement le ballon pour Dréan.

Un détail symbolique : au total, il a parcouru plus de mètres ballon en main que plusieurs trois-quarts toulonnais. Une statistique inhabituelle, mais révélatrice du joueur qu’il peut redevenir.

Un cadre retrouvé dans l’adversité

Ces dernières semaines, Sinckler traversait une zone d’ombre. Bousculé, critiqué, parfois à court de rythme, il cherchait le match capable de relancer sa saison. Face au champion d’Angleterre, il a trouvé bien davantage : une forme de renaissance.

Pierre Mignoni ne s’y trompait pas en conférence de presse :

« Quand il est comme ça, c’est encore l’un des meilleurs joueurs du monde. »

Dans le vestiaire, les propos étaient tout aussi élogieux. Dany Priso Mouangué, prévu pour prendre le relais en seconde période, n’a finalement jamais quitté le banc :

« En France, c’est rare de voir les piliers jouer tout le match. On avait mis cette stratégie en place dans la semaine. L’idée, c’était qu’il tire jusqu’au maximum. S’il était trop fatigué, j’étais là pour combler. Il n’a pas eu besoin de moi et nous a sorti une masterclass. Il a avancé dans le jeu, en mêlée, dans les ballons portés… C’est énorme. »

Un homme de méthode et de caractère

Si ses partenaires louent sa performance, ils mettent surtout en avant son professionnalisme.

Un phénomène à la personnalité affirmée, mais surtout un compétiteur dont les Toulonnais attendaient le coup d’éclat.