Une première dans le sport professionnel : Le suicide de Jordan Michallet reconnu comme accident de travail !

Une première dans le sport professionnel : Le suicide de Jordan Michallet reconnu comme accident de travail !

Le mardi 16 septembre 2025 à 15:47 par David Demri

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Plus de trois ans après la mort tragique de Jordan Michallet, le tribunal judiciaire de Rouen a rendu une décision historique.

Le suicide de l’ancien ouvreur du Rouen Normandie Rugby, survenu en janvier 2022, a été reconnu comme un accident du travail. La CPAM de Rouen Elbeuf Dieppe est désormais condamnée à prendre en charge cet accident mortel, une première qui pourrait marquer un tournant pour le sport professionnel.

Une reconnaissance judiciaire inédite

Pour l’avocat de la famille Me Antoine Semeria, cette décision apporte une forme de réparation symbolique.

Ce-dernier s’est confié via L’équipe

« C’est loin de réparer quoi que ce soit, mais une juridiction a fait droit à la reconnaissance du caractère professionnel de ce suicide. C’est extrêmement important dans le travail de deuil de Noélie et sa famille. La justice a considéré que le suicide de son mari était dû au travail alors qu’elle n’avait pas l’explication à ce geste. »

Dans un premier temps, la CPAM avait refusé la demande, estimant que le décès était intervenu hors du temps et du lieu de travail. Mais les témoignages de coéquipiers et les éléments médicaux ont convaincu le tribunal d’un lien direct avec la pratique professionnelle.

La pression du haut niveau mise en cause

Un coéquipier décrit un joueur épuisé par la charge de travail :

« Il avait été utilisé de façon très conséquente en raison du fait qu’il manquait un joueur de son poste au sein de l’effectif (…) ce qui l’a épuisé physiquement et mentalement. »

Un autre rappelle la souffrance psychologique liée aux défaites :

« Cette année-là notre équipe enchaînait les défaites, il faisait partie des joueurs qui détestaient les défaites plus qu’il aimait gagner, il se sentait coupable d’échouer en équipe. »

Quelques jours avant son geste, Michallet confiait à un coéquipier son mal-être profond :

« Il me disait que ça n’allait pas, qu’il ne dormait plus, qu’il avait peur de la situation du club (…) qu’il avait envie de tout arrêter, tout stopper. »

Ce n’est pas tout. Certains de ses coéquipiers affirment que Michallet aurait été mis sous pression par la direction du club. Extrait:

« Il avait grande déception face au  »chantage » des dirigeants qui lui avaient indiqué que s’il n’acceptait pas dans la journée leur proposition, le club ferait parvenir à un autre joueur une proposition dans la journée. »

Un autre témoignage venant d’un énième coéquipier se veut très lourd. Extrait:

« Il me disait que ça n’allait pas, qu’il ne dormait plus, qu’il avait peur de la situation du club. Nous avons une psychologue en commun, il était allé la voir mais (il me disait) que ça ne lui avait pas fait du bien pour ensuite me demander si  »j’avais déjà eu des envies de suicide ». Je lui ai répondu que non et lui ai retourné la question, à laquelle il m’a répondu qu’il avait envie de tout arrêter, tout stopper parce que la situation dans laquelle était le club sportivement le rongeait, l’empêchait de dormir (…) on sentait qu’il était vraiment à bout de forces. »

Une décision lourde de sens

Pour sa veuve, Noélie, cette décision constitue une étape essentielle.

Elle souligne l’importance de cette reconnaissance pour elle et sa fille :

« La décision du tribunal reflète la triste réalité. (…) Premièrement pour la mémoire de Jordan. Deuxièmement pour sa fille, Jade, afin qu’elle sache que son papa n’a pas réalisé ce geste pour des raisons personnelles mais bien pour des raisons professionnelles. (…) La reconnaissance en accident du travail va nous permettre d’avancer un peu plus sereinement. »

Un tournant pour le sport français ?

Pour Me Antoine Semeria, cette décision ouvre un nouveau champ de réflexion :

« Qu’un tribunal reconnaisse que le suicide d’un sportif soit d’origine professionnelle, c’est à ma connaissance une première. (…) Cette décision est importante en ce qu’elle met en lumière la responsabilité collective que nous avons vis-à-vis des athlètes : leur performance ne peut être dissociée de leur bien-être psychologique. »

Un jugement qui dépasse le seul cadre du rugby et interpelle l’ensemble du sport français : comment mieux protéger les athlètes et prévenir de tels drames à l’avenir ?

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1 Commentaire

  1. farondan 16 septembre 2025 at 16h- Répondre

    La taxe sur les accidents du travail va bondir !
    7 à la 8 M de masse salariale multiplies par 4,5,6,10 %… Ça va faire mal !

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