Toujours à la pointe de l’innovation tactique, l’Afrique du Sud continue de faire parler d’elle. À l’occasion de leur confrontation contre l’Italie, les champions du monde en titre ont une nouvelle fois bousculé les codes, poussant même certains observateurs à crier à la faute. Mais fidèle à sa réputation de stratège provocateur, Rassie Erasmus a choisi de répondre à sa manière.

Sur la pelouse, les Springboks ne laissent rien au hasard. Et surtout, ils n’aiment pas la routine. Leur dernière expérimentation ? Dès le coup d’envoi, leurs joueurs ont volontairement tapé un ballon trop court, avec un alignement non conforme, dans l’intention assumée de provoquer une mêlée au centre du terrain. Un coup tactique osé, qui a immédiatement suscité l’interrogation des spécialistes.

Parmi eux, un ancien grand nom de l’arbitrage mondial, aujourd’hui responsable de l’arbitrage professionnel en France. « À mes yeux, ça aurait dû être pénalité », estime ainsi Mathieu Raynal, interrogé en exclusivité via Midi Olympique.

Et d’ajouter :

« Sur le coup d’envoi, les Sud-Africains sont volontairement partis 5 mètres devant la ligne, en sachant que cela entraînerait une mêlée en faveur de l’adversaire. […] Et la règle est claire sur ce point : lorsqu’un joueur part devant sur un coup d’envoi, la sanction est une mêlée. Mais c’est là que cela devient litigieux, car la règle 9.7 du règlement World Rugby interdit expressément d’enfreindre délibérément une règle du jeu. »

En clair : l’Afrique du Sud a volontairement contourné l’esprit du jeu pour gagner un avantage stratégique. De la malice ? Du cynisme ? Ou simplement une nouvelle lecture des règles ? Quoi qu’il en soit, la manœuvre a agité le microcosme rugby, jusqu’à faire réagir le principal intéressé.

Jamais à court de répliques, Rassie Erasmus s’est emparé de son compte Twitter pour répondre à ses détracteurs. Il y partage une image d’une introduction en mêlée litigieuse lors du premier test contre l’Italie, où le ballon est glissé directement dans les pieds du numéro 8.

« Certaines équipes évitent les mêlées, d’autres font en sorte de les obtenir ! Qui a tort ? », écrit-il avec une ironie mordante.

Mais le technicien sud-africain ne s’est pas arrêté là. Quand un internaute lui lance que « Celui qui enfreint délibérément les lois du jeu a tort. C’est ce qu’on appelle normalement la tricherie, non ? », Erasmus répond du tac au tac : « Tout à fait d’accord, comme cette mêlée directement vers le 8 ! Bien vu Tom. »

Une répartie cinglante, typique de celui qui assume pleinement son rôle de provocateur dans le rugby mondial. Erasmus ne fait jamais rien au hasard. En agissant ainsi, il met la pression sur les instances et sur ses futurs adversaires, tout en protégeant ses joueurs des critiques. Une stratégie qu’il manie à la perfection.

Ce dernier épisode n’est qu’un rappel supplémentaire du style Erasmus : déroutant, parfois dérangeant, mais toujours redoutablement efficace.

À l’approche de la tournée d’automne, les Bleus sont prévenus : face à l’Afrique du Sud, rien ne sera laissé au hasard. Pas même un coup d’envoi.