Le débat autour du futur pilier droit du XV de France prend une nouvelle ampleur. Après des mois à tester plusieurs profils sans trouver de successeur à Uini Atonio, deux techniciens reconnus, Thierry Savio (Stade Toulousain) et Xavier Péméja (Nevers), estiment que la solution pourrait venir d’ailleurs… ou plutôt d’un autre poste : Posolo Tuilagi.

Thierry Savio ouvre la porte : un potentiel unique pour un poste rare

Au centre de formation du Stade Toulousain, Thierry Savio voit passer, chaque année, les meilleurs jeunes avants français. Et selon lui, le profil du deuxième ligne catalan mérite d’être étudié pour basculer en première ligne.

Son raisonnement est simple : les piliers droits modernes ont changé. Plus grands, plus massifs, plus mobiles, ils ne ressemblent plus aux piliers d’il y a dix ans.

Tuilagi coche beaucoup de cases : taille, puissance, impact au sol, capacité à jouer debout.

Même si Savio ne s’est pas exprimé longuement dans la presse, son idée a lancé le débat national : pourquoi ne pas utiliser ce phénomène physique de 145 kilos ailleurs que dans la cage ?

Xavier Péméja : la prise de position la plus tranchée

S’il y en a un qui n’hésite pas, c’est bien Xavier Péméja. Le directeur sportif de Nevers connaît les avants comme peu de techniciens dans le rugby français. Et pour lui, la reconversion n’est pas seulement possible : elle est pertinente.

Il pose un constat clair via Midi Olympique :

« Aujourd’hui, le jeune Tuilagi évolue en seconde ligne. Mais il n’a pas le rendement d’un deuxième ligne. Il a ce qu’on appelle un retour au jeu d’un pilier. »

Ce « retour au jeu », indispensable au très haut niveau, n’est pas encore suffisant selon lui pour en faire un deuxième ligne international. Mais pour un futur pilier droit de classe mondiale, c’est déjà une base solide.

Péméja va encore plus loin :

« Ce retour au jeu, c’est cette faculté à se remettre à disposition de l’équipe après une action. Et pour un deuxième ligne de niveau international, c’est insuffisant pour Tuilagi. C’est pourquoi l’idée de le reconvertir au poste de pilier peut être intéressante. Soit, il se reconvertit, soit il perd 15 ou 20 kilos et il deviendra un deuxième ligne de très haut niveau. »

Autrement dit :

– soit Tuilagi devient un pilier droit qui change le visage de l’équipe de France,
– soit il doit s’alléger pour répondre aux standards internationaux du poste de deuxième ligne.

Péméja explique les prérequis… et pourquoi il y croit

L’ancien entraîneur de Montauban détaille les conditions indispensables à une reconversion :

« La difficulté de passer un deuxième ou troisième ligne au poste de pilier, c’est le côté technique du poste. On doit jauger en amont la souplesse du joueur. Souplesse des hanches, souplesse des chevilles surtout si ça n’a pas été travaillé chez les jeunes. Et puis, il y a le danger au niveau cervical. »

Mais il sait de quoi il parle : il est actuellement en discussion avec un joueur au profil similaire dans son propre club.

Et son avis ne laisse aucune place au doute :

« Avant d’engager ces discussions avec mon joueur, j’ai pris la mesure de sa capacité à le faire. Mais je sais qu’au niveau cervical, c’est le deuxième plus fort de tout le club. Et il ne joue que 3e ligne. Si ce joueur accepte, je suis convaincu qu’il peut faire la Coupe du monde 2027. C’est une bombe ! »

Conclusion : une vraie piste, mais une décision qui appartient au joueur

Le potentiel est là. Les experts valident. Reste une inconnue majeure : la volonté de Posolo Tuilagi.

Lors de précédentes interviews, il avait balayé l’idée. Mais la France n’a jamais eu autant besoin d’une solution à droite de la mêlée…

Affaire à suivre…