Une semaine après le tragique décès de Josaia Raisuqe, le Castres Olympique s’apprête à reprendre le fil de sa saison avec un déplacement délicat à Bordeaux, samedi (14h30), pour la 24e journée de Top 14.

Un retour à la compétition géré avec précaution et émotion par le staff tarnais, à commencer par le manager Xavier Sadourny.

Un deuil collectif, une unité retrouvée

Le choc reste immense au sein du club. L’équipe a rendu hommage à son ancien coéquipier lors du week-end précédent, après le report du match contre Clermont. Depuis, le groupe s’est recentré, s’unissant dans la douleur.

« Il va nous accompagner dans notre quotidien », a exprimé le troisième-ligne Mathieu Babillot, avant d’ajouter : « C’est quelque chose qui doit nous rassembler, comme lui a été rassembleur au sein de l’équipe. »

Ce besoin de se retrouver s’est traduit concrètement, selon Xavier Sadourny.

Ce-dernier s’est confié via Sud-Ouest : « En dehors, les joueurs restent plus souvent ensemble et font en sorte de partager cette douleur, notamment avec la communauté fidjienne. » Un soutien psychologique a également été mis en place. Des échanges ont eu lieu, de manière collective ou individuelle, encadrés par des psychologues et un préparateur mental.

« Il y a aussi beaucoup de moments de vie de groupe, notamment en soirée, pour rendre hommage à Josaia, mais aussi pour s’entraider », souligne le manager.

Revenir au terrain, vite, pour avancer

Malgré l’émotion, les Castrais ont rapidement repris le chemin du terrain. « Le drame est survenu le jeudi, on s’est entraîné le vendredi matin. C’était le conseil des psys : le meilleur moyen de traverser ça était de revenir vite sur le terrain. »

Depuis lundi, le staff a remis la priorité sur le jeu et la stratégie. L’intensité des entraînements a été augmentée pour pallier le manque de compétition – le CO n’ayant plus joué depuis le 26 avril. « On a ajusté la longueur et l’intensité des séances. Ce n’est pas lié au drame, mais au besoin de retrouver du rythme face à une équipe comme Bordeaux », précise Sadourny.

L’humain reste en arrière-plan, le sportif en ligne de mire

Face à un adversaire en pleine ascension, récemment demi-finaliste de Champions Cup, Castres veut se jauger sportivement, sans se laisser submerger par l’émotion. « On est centré sur la performance. On parle de stratégie, pas du drame. C’est pour ça qu’il n’y aura pas de minute de silence ou d’applaudissements avant le match. »

Le message avant la rencontre ne fera pas exception :

« Mes paroles seront axées sur la performance et la stratégie », annonce Sadourny, conscient que la charge émotionnelle ne doit pas parasiter la mission de son équipe.

Bordeaux, une équipe entre deux mondes

Alors que l’UBB prépare sa première finale de Champions Cup, certains pourraient y voir une opportunité pour Castres. Le manager reste prudent :

« Je ne sais pas si c’est une opportunité. Mais c’est sûr que ce contexte n’est pas simple à gérer pour eux non plus. Nous, on a envie de les challenger. »

En pleine reconstruction, Castres veut se battre pour ses ambitions sportives, mais aussi pour l’honneur d’un coéquipier disparu. Dans cette semaine marquée par le recueillement et la résilience, le rugby redevient un repère, une échappatoire, et un moteur collectif.