Un an après une tournée agitée en Amérique du Sud, l’équipe de France de rugby a mis en place un protocole de vie rigoureux pour son déplacement en Nouvelle-Zélande. Objectif : tirer définitivement un trait sur les dérapages du passé.

Un lourd passif à effacer

L’été 2024 reste une cicatrice profonde pour le rugby tricolore. Alors que les Bleus célébraient une victoire en Argentine, une nuit trop arrosée à Mendoza avait viré au désastre. Entre propos racistes tenus en ligne par Melvyn Jaminet et une affaire judiciaire impliquant Hugo Auradou et Oscar Jegou, la tournée s’était achevée dans un climat délétère.

Si Jaminet reste écarté de la sélection, les deux autres joueurs ont été blanchis par la justice argentine. Pourtant, les images ternies de cette séquence planent encore sur le groupe France. Et la tournée en Nouvelle-Zélande, en cours, est l’occasion d’un nouveau départ… sous haute vigilance.

Une tournée sous contrôle total

Depuis ces événements, la Fédération a durci les règles de vie en sélection. « On a eu des nouvelles consignes mises en place dès la tournée de novembre. On a eu le Six Nations. Maintenant, tout est adapté donc ça roule », résume Gaëtan Barlot via Le Parisien, témoin direct des faits de l’an dernier.

Concrètement, les rassemblements se déroulent désormais selon un protocole strict : pas d’alcool après les matchs, aucun invité extérieur autorisé hors du cadre familial, et des soirées exclusivement organisées dans des lieux privés. Le retour à l’hôtel est collectif et surveillé.

À cela s’ajoutent des briefings réguliers du staff, avec en première ligne Raphaël Ibañez, rappelé à ses fonctions pour remettre de l’ordre.

Le traumatisme Mendoza dans toutes les têtes

La présence sur place du vice-président de la FFR Jean-Marc Lhermet puis, bientôt, du président Florian Grill, témoigne de l’importance accordée à cette tournée. Tous deux veulent s’assurer que les erreurs de 2024 ne seront pas reproduites.

« Il me paraît inconcevable qu’il puisse y avoir le début de tels débordements », prévient Marc Lièvremont via Le Parisien, ancien sélectionneur aujourd’hui consultant. « J’espère qu’il y aura suffisamment de maturité, que le souvenir de Mendoza va rester présent ».

Dans l’entourage des joueurs, la prudence est partagée : « Il serait étonnant qu’il y ait des écarts après les matchs. Les joueurs ont conscience qu’ils jouent gros sur ce plan-là aussi ».

Trouver un équilibre entre rigueur et cohésion

Pour autant, le staff ne veut pas tomber dans une austérité contre-productive. « C’est une tournée de vie, ça ne peut pas être austère. Une équipe de rugby a besoin de vivre quand elle part à l’autre bout du monde », expliquait Fabien Galthié avant le départ. « Il faut bien accompagner les joueurs pour vivre le rugby avec joie. »

Ainsi, tout est pensé pour que les Bleus puissent respirer sans se disperser. Sorties au cinéma, dîners encadrés, ou moments conviviaux comme un barbecue coréen à Dunedin sont autant d’occasions de renforcer la cohésion sans prendre de risques.

Le message est clair : reconstruire une image irréprochable tout en préservant l’ADN d’un groupe. La tournée néo-zélandaise ne se joue pas seulement sur le terrain.