Joueur emblématique du Rugby Club Toulonnais, champion de France en 1992 avec le RCT, l’ancien demi d’ouverture Yann Delaigue évoque les chances du club de la Rade en quart de finale face à Leicester (dimanche 7 avril, 17h30).

Ce premier quart de finale dans l’histoire du club disputé à Félix-Mayol peut-il inhiber les Toulonnais ?
Yann Delaigue : « Je ne crois pas. Il y aura forcément de la pression, comme pour n’importe quel match de phases finales. Mais le RCT possède des joueurs qui n’ont joué que des matchs très importants comme des finales de Coupe du monde. Et certains étaient déjà présents en 2011 pour le quart de finale perdu contre Perpignan (29-25). Ce sont des compétiteurs qui ont l’expérience du très haut niveau. »

Le RCT a connu dernièrement quelques défaillances, à l’image de ce lourd revers à Bordeaux-Bègles (41-0, 17e journée de Top 14). Ce quart de finale va-t-il révéler le véritable potentiel de la formation de Bernard Laporte ?
« Les Toulonnais nous ont déjà montré plein de belles choses. Ils ont mené leur saison de façon très juste. Le classement le prouve (leader du Top 14 après vingt-deux journées). Il reste à savoir ce dont ils sont capables sur un match éliminatoire. C’est toujours un match particulier. On sait que l’on peut tout perdre en quatre-vingt minutes ou continuer ce rêve européen. On se met dans d’autres dispositions mentales. Mais je crois qu’ils savent désormais appréhender ce genre d’échéances. N’oublions pas qu’ils ont disputé une finale de championnat l’année dernière (défaite face au Stade Toulousain, 18-12) avec des matchs aux couteaux en barrages (victoire face au Racing-Métro 92, 17-13) et en demi-finale (victoire face à Clermont, 12-15). On va surtout savoir si les joueurs peuvent élever leur niveau de jeu sur un match capital.»

Que vous inspire cette formation des Tigers de Leicester (deuxième de la Premiership après dix-huit journées) qui a éliminé le Stade Toulousain en phase de poules ?
« Les Tigers me font un peu penser aux Toulousains. D’une certaine façon, ils ne font pas toujours de très bons matchs, mais on a toujours l’impression, quand ils veulent une victoire, qu’ils sont capables de renverser les plus grands. De part son histoire et son palmarès (vainqueur de la H Cup en 2001 et 2002), cette équipe fait peur. Il faut s’en méfier car c’est sans doute l’une des rares formations en Europe qui va venir à Toulon avec une seule envie dans la tête, la victoire. Et je pense qu’elle en est capable.»

Dans quels domaines le RCT a véritablement progressé cette saison pour espérer rivaliser contre les Anglais ?
« Cette équipe arrive à allier puissance et vitesse. L’année dernière, il lui manquait un peu de vitesse derrière mais les arrivées de Maxime Mermoz, Rudi Wulf ou encore Delon Armitage ont fait beaucoup de bien. Et le recrutement en première ligne d’Andrew Sheridan et Gethin Jenkins, sans oublier l’impact de Bakkies Botha, a enrichi la force du pack. »

Dans quelle mesure l’absence de Frédéric Michalak (forfait en raison d’une luxation à l’épaule gauche) peut-elle être préjudiciable ?
« Je ne crois pas que le RCT souffrira tant que cela de l’absence de Fred. C’est un superbe joueur mais l’effectif est riche et que ce soit avec Sébastien Tillous-Borde ou Nicolas Durand, il y a largement ce qu’il faut au niveau de la charnière. Cette équipe a démontré qu’elle savait pallier les absences. Les Toulonnais sont impressionnants.»

Source: ercrugby.com