Adversaires il y a moins d’un an, Mourad Boudjellal et Bernard Laporte se sont liés d’une véritable amitié en six mois. Le tandem toulonnais attire l’attention. Autant de pression en moins sur les épaules des joueurs du RCT.

C’est en train de devenir le tandem emblématique du rugby français. En s’associant aux destinées du Rugby Club Toulonnais en septembre dernier, Mourad Boudjellal et Bernard Laporte se sont trouvés. Même franc-parler, même tendance aux coups de gueule et même sens de l’humour, le président de Toulon ressemble à son manager, ex-secrétaire d’Etat aux Sports, et par conséquent ils s’assemblent parfaitement.
« Je suis très surpris de son personnage, concède Boudjellal. Il a beaucoup d’humour. En dehors de l’entraîneur de rugby qui est très sérieux, très sévère, c’est un vrai gamin qui veut croquer la vie à pleines dents et qui s’amuse, qui rigole de tout, qui fait des blagues hallucinantes. Moi, j’adore ça parce que je fonctionne exactement pareil donc on s’amuse beaucoup. Je me régale et je suis très heureux de l’avoir rencontré. »

Oubliées les passes d’armes au moment où le Stade Français connaissait les pires difficultés financières en juin 2011. Qu’il semble loin le temps où Boudjellal préférait la marionnette des Guignols au « vrai » Laporte et trouvait qu’il manquait d’humilité. L’histoire d’amour est bien réelle et même réciproque.
« Dès que je l’ai rencontré, il y a eu du feeling comme avec Max Guazzini, livre le technicien néo-toulonnais. On partage beaucoup de choses dans la vie en dehors du rugby. On me dirait : « tu veux partir en vacances avec lui ? », je dirais oui. Je sais que je ne m’ennuierais pas. »
Les deux compères aiment blaguer. Le 1er avril, lors d’une fausse conférence de presse, Boudjellal annonce que Laporte sera sanctionné de 60 coups de bâton au lieu des jours de suspension.

Boudjellal : «Il y a deux frappés à Toulon et c’est totalement atypique »
Drôle, le ticket Boudjellal-Laporte s’avère aussi bouillant. Le président a été suspendu 130 jours en janvier après un dérapage verbal, peu apprécié de la Ligue Nationale du Rugby. Trois mois plus tard, c’est Laporte qui a écopé de 60 jours.
« On a pris 190 jours à deux, c’est quand même pas mal, se félicite presque Boudjellal. On dérange un peu. Il y a deux frappés à Toulon qui dirigent un club qui est troisième du Top 14 et qui ambitionnent encore de grandir de saison en saison. Et c’est totalement atypique par rapport à l’image qu’on a des clubs de rugby. »
Solidaires quand il s’agit d’attaquer les instances, le président et son manager sportif détonnent et font parler d’eux. Un peu trop selon Thierry Louvet, l’un des anciens du RCT, champion de France 87 et 92.

« Je préfèrerais qu’on parle un peu plus des joueurs. A une époque, ce sont eux qui prenaient six mois de suspension, maintenant, c’est l’entraîneur. Je trouve ça un peu bizarre. Pour notre image de marque, c’est gênant. » L’équipe, elle, apprécie, à l’image de Sébastien Bruno, l’un des cadres du vestiaire toulonnais. « Toulon, c’est un club particulier où il y a beaucoup de ferveur et c’est vrai que souvent, ils prennent la pression sur les épaules. Nous, on est moins sollicités et je pense qu’on préfère être un peu plus tranquilles. » Samedi, contre Toulouse, le RCT peut assurer un barrage de Top 14 à domicile, avant de disputer dans deux semaines une finale de Coupe d’Europe (Challenge européen contre Biarritz), la preuve que les deux nouveaux complices savent donc aussi faire du bon boulot, loin de la provocation et des polémiques.

Source: rmcsport.fr