« Fred possède une frappe assez lourde, explosive, précise, de face ou de côté. Il n’a pas un gros gabarit, mais il tape loin et fort, et avec peu d’élan finalement, puisqu’il se contente de quatre pas. Il a une frappe « torpedo » comme on dit dans le jargon des buteurs. C’est-à-dire avec un positionnement du ballon vers l’avant et sur un tee un peu plus haut, pour frapper sur la pointe. D’autres le placent plus droit, pour taper dans le ventre du ballon. Mais en fait, c’est une mécanique propre à chaque buteur. C’est comme dans la préparation du tir au but. On sent chez (Dan) Biggar, le buteur gallois, une forme d’excitation. (Owen) Farrell, l’Anglais, use de l’imagerie mentale à plusieurs reprises avant la frappe. Fred, lui, regarde trois fois les poteaux, mais il est posé et calme. Il se sert de son expérience. Buteur, il l’a toujours été, dans l’âme et dans les faits. En 2001, il avait passé un but de 50 mètres avec Toulouse lors de la finale contre Clermont (34-22). À la Coupe du monde 2003, à vingt ans, il avait longtemps été le meilleur buteur de la compétition (103 pts, 2e derrière Jonny Wilkinson). Quand il est parti en Afrique du Sud en 2008, il a été le buteur attitré des Sharks. Depuis, à Toulon, il a fait avec la concurrence hors norme de Wilkinson, mais il a toujours été là, comme on l’a vu par exemple au printemps dernier avec un sans-faute contre les Wasps en Coupe d’Europe (22 pts). J’effectuerais un parallèle entre sa maîtrise et sa maturité dans le jeu, et celle dans le tir au but. Aujourd’hui, il est un ouvreur performant dans le jeu, doublé d’un buteur fiable, décisif, et qui a énormément gagné en sérénité au fil des saisons. »

Source: lequipe.fr