Quatorze fois. Quatorze fois Thierry Dusautoir, le regard baissé vers ses crampons, s’est résolu à reculer à dix mètres devant les foudres de M. Barnes. Quatorze fois, dont une faute pas vraiment utile sur touche qui priva les Bleus d’un essai bien pensé, et ce coup de genou de Papé sur Heaslip qui obligea les Bleus à évoluer à un de moins alors que les Irlandais semblaient atteindre le point de rupture. Alors, de là à penser que l’indiscipline fut le principal péché des Bleus lors de leur déplacement à Dublin, il y a un pas que le sélectionneur Philippe Saint-André ne répugne pas à franchir.

« D’habitude nous tournons à sept, huit pénalités sifflées contre nous. À Dublin, il y en a quasiment eu le double ! C’est pourquoi nous avons concocté aux joueurs une vraie grosse séance vidéo dès dimanche soir, qui a mis en évidence qu’au moins quatre de ces pénalités étaient parfaitement évitables. On se met bêtement en position de hors-jeu près de la ligne, on ne relâche pas le ballon sur une situation de contest, on traverse l’alignement trop tôt… Il faudra donc combattre, se lâcher, se montrer enthousiaste mais sans pour autant franchir la ligne rouge qui fait la différence entre bonne agressivité et discipline. Face à un buteur de classe mondiale comme Leigh Halfpenny, ce genre d’erreur ne pardonnera pas. »

LA BARRE DES 500 POINTS SAMEDI ?

Halfpenny. Le nom est lâché. Buteur du RC Toulon et de la sélection des Diables rouges, l’arrière Gallois est aujourd’hui le buteur le plus précis du monde, dont le taux de réussite flotte régulièrement avec les 90 %. Les poteaux de Mayol sont bien placés pour le savoir puisque rares sont les échecs d’Halfpenny qui ne s’écrasent pas sur l’un deux ! C’est dire la régularité particulièrement dissuasive de l’artiste, et donc une bonne raison pour ne pas se placer stupidement à la faute dans son propre camp. Un des objectifs des bleus consistant à empêcher le gallois de dépasser la barre des 500 points inscrits au niveau international, dont Halfpenny se trouve plus proche que jamais (495 points marqués dont 446 pour le pays de Galles).

« Nous sommes très forts en défense, l’équipe est bien en place depuis les tests de novembre, on communique bien, on récupère des ballons au sol, souriait le troisième ligne Bernard Le Roux. Ce qui nous a manqué à Dublin, c’est de faire preuve d’un peu plus de maîtrise dans certaines situations. Il faut arriver à trouver le meilleur équilibre entre agressivité et discipline, car on a parfois tendance à ne pas placer le curseur sur le juste milieu. »

LA VIE SANS PAPÉ

À ce titre, le vrai danger qui guettera les Bleus ne consisterat- il pas à le placer trop bas, sous la menace de Leigh Halfpenny ? On peut le redouter, d’autant que les Bleus aborderont cette rencontre sans Pascal Papé, porte-flingue attitré du XV de France. Le deuxième ligne du Stade français se trouvant relégué au rôle de symbole malgré lui du déplacement à Dublin, où son expulsion puis sa suspension ont totalement masqué qu’il réalisait une performance correcte. De fait, le « mauvais exemple » de Dublin ne peut-il pas inciter inconsciemment les Bleus à baisser d’un ton dans l’agressivité, au risque de se faire manger par les Gallois ? Au vrai, rien ne serait pire…

Source: Midi Olympique