Afin de pouvoir recruter le polyvalent trois-quarts Johan Goosen, le président de Montpellier, Mohed Altrad a racheté le contrat du Springbok au Racing 92 pour 1,5 millions d’euros.

Johan Goosen rejoindra le club Héraultais dès l’été prochain.

Interrogé à ce sujet en conférence de presse ce jeudi après-midi, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a expliqué ne pas en vouloir à Mohed Altrad étant donné que le contexte a évolué depuis. Extrait:

« J’avais dit que le président qui le signera sera un salopard dans le contexte de l’époque. On va se dire la vérité: Johan Goosen a décidé de quitter le Racing 92 car on lui a proposé de lui couvrir son salaire pendant deux ans. Je suis suffisamment bien informé pour le savoir. L’idée était de lui faire un CDI car quand on a un CDI on peut casser un CDD. J’avais dit que c’était un salopard car casser un CDD comme cela, c’est remettre en question tous nos contrats. Maintenant, ce n’est plus le cas aujourd’hui car Mohed Altrad a acheté le contrat du joueur. Donc on sait aujourd’hui que le transfert est possible. »

Le patron du RCT explique qu’il lui est aussi arrivé de vendre un joueur avant le terme de son contrat. Il prend pour exemple le départ du troisième ligne Steffon Armitage vers Pau. Extrait:

« Mohed Altrad est allé voir Jacky Lorenzetti et il lui a demandé combien ça coûte. Jacky Lorenzetti a donné un montant, 1,5 millions je crois. Mohed Altrad a payé. Dans ce cas-là, je ne vais pas incriminer Mohed Altrad car nous aussi on a fait la même chose. Il nous est arrivé de vendre des joueurs. Par exemple, quand Pau est venu nous demander combien on voulait pour libérer Steffon Armitage, on leur a dit: « ça vaut tant » et ils ont payé. Ce n’est pas le premier et pas le dernier à le faire. Par contre, c’est le premier à le faire à cette échelle. »

Selon Mourad Boudjellal, les transferts ont été créés au sein du rugby avec cette affaire. Extrait:

« Il y eu deux moments importants dans le rugby français: quand un président a décidé de passer le cap du million d’euros pour un joueur, et quand je dis passer, c’est allègrement. C’est un premier cap important car j’avais toujours dit que je ne franchirai jamais le cap du million. Et là, elle a été explosée sur un joueur. Et aujourd’hui, on sait que sur un gros joueur, le montant peut franchir les 1,5 millions. C’est un deuxième cap car on a créé les transferts. Mais là-dessus je ne peux rien dire ! »

En revanche, Mourad Boudjellal s’inquiète du salaire que va percevoir Johan Goosen à Montpellier. Extrait:

« La seule chose qui m’interpelle si j’en crois les informations que je lis dans un journal qui adore Bernard Laporte, il y a 200 000 euros de droits d’image remboursés et le règlement veut qu’il n’y ait pas plus de droit à l’image que de salaire. C’est à dire qu’il percevait au moins 300 000 euros de salaire, soit un total de 500 000 euros. Nous, on voulait nous le vendre à 450 000 euros et je pense qu’à 500 000 euros il a signé au Racing 92. Et je me demande pour quel tarif, un mec accepte d’arrêter le rugby pendant deux ans pour aller s’emmerder la vie avec des scelles de chevaux en Afrique du Sud, pour monter ce stratagème et revenir deux ans après. Je ne suis pas sûr que ce soit pour 501 000 euros. A quel tarif on peut recruter un joueur à qui on donne 1,5 millions de dédommagement ? Après, c’est la liberté. Je suis libéral et je suis pour la liberté totale des prix. Je suis simplement contre le déficit d’exploitation. J’estime que l’argent du rugby doit venir du rugby. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. A ceux qui disent qu’à Toulon il y a un peu plus de subventions qu’ailleurs, je dis oui, mais ça compense les droits télé que l’on partage avec les autres et que l’on ne devrait pas toujours partager. Car si la répartition était équitable dans les droits télé, et s’il y avait de la méritocratie à l’audience, il y aurait un léger déséquilibre. Mais je suis contre le Salary Cap, je suis pour une liberté totale mais contre le déficit d’exploitation car ça va tuer le rugby. On va aller vers des clubs qui ont très peu d’engouement. On a déjà envoyé Bayonne et Perpignan en Pro D2. Certains me disent que des clubs qui avaient très peu d’engouement remplissent désormais leur stade. Alors oui c’est vrai, mais il faut que ce soit des entrées payantes. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal ironise sur la situation entre Mohed Altrad et Jacky Lorenzetti. Extrait:

« Jacky Lorenzetti ne pouvait pas blairer Mohed Altrad, on l’avait vu avec l’affaire des banderoles où il prenait des photos du stade. Maintenant, je connais le prix de l’amitié pour Jacky Lorenzetti, qui est un prix assez élevé, je le reconnais. Il ne brade pas son amitié. »