Pierre Mignoni: « Devenir manager ? Ça peut m’intéresser »

Pierre Mignoni: « Devenir manager ? Ça peut m’intéresser »

29 novembre 2014 - 9:01

3 Commentaires

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mignoniPIERRE MIGNONI, entraîneur des trois-quarts de Toulon, adore son travail malgré les sentiments un peu extrêmes qu’il génère parfois.

En polo noir du RCT, il s’installe dans un fauteuil d’un hôtel du centre de Nice, hier en fin d’après-midi. Mourad Boudjellal, son président, est assis un peu plus loin. Pierre Mignoni (37 ans), enfant du Mourillon, un quartier tout proche de Mayol, entraîne les trois-quarts des champions d’Europe depuis 2011. Il devait épauler Philippe Saint-André. Ça n’a duré que trois mois, le temps que PSA rejoigne les Bleus et que Bernard Laporte le remplace à Toulon. Mignoni, fils d’un éducateur du RCT, raconte sa vie de ce côté-ci de la ligne de touche.
« COMMENT avez-vous pris la décision de devenir entraîneur. Un matin, comme ça, en vous levant ?

– Quand je jouais, j’ai toujours eu une certaine complicité avec les entraîneurs, sur la stratégie. J’aimais ça : regarder les autres, faire de la vidéo. Depuis tout jeune. En minimes, j’entraînais des tout petits de sept ans à l’école de rugby. Mon père, Gérard, s’est occupé de toutes les équipes de jeunes du RCT. Il m’a transmis ça. C’était un très bon éducateur. Il avait le truc. Il était entraînant. Ça, tu l’as ou tu ne l’as pas.

En 2011, vous avez donc basculé très vite de joueur à assistant de Philippe Saint-André ?

– Déjà, ma dernière saison de joueur (2010-2011), je faisais les deux, je m’occupais des “skills” (la technique individuelle). Ça s’est fait naturellement. Pourtant, tout le monde disait : “Il vient d’arrêter, il a joué avec 80 % de l’effectif. Est-ce possible ?”

Mais vous aviez la confiance de Jonny Wilkinson…

– Oui. C’était important. J’ai joué contre lui, avec, puis je l’ai entraîné. Mais il n’y avait pas de familiarité entre nous. Il y avait le respect et la confiance : on peut bâtir sur ça.

Vous est-il arrivé que vos joueurs de très haut niveau vous posent une colle, que vous ne les compreniez pas ?

 (Il réfléchit longuement.) Pas comprendre, non. Mais que je sois surpris, oui. Par exemple, quand j’échangeais avec Jonny Wilkinson, j’apprenais de lui. Il m’apportait des solutions, je l’écoutais. Il faut avoir cette humilité et cette intelligence pour dire : “Oui, il a raison. On essaie.” Ça te nourrit, ça te rend meilleur.

Où trouvez-vous votre inspiration ?

– Je me suis appuyé sur des trucs que j’aimais faire joueur, c’est évident. D’autres que j’ai inventés, d’autres que j’ai vus chez mes entraîneurs, comme Vern (Cotter),Joe Schmidt, Bernard (Laporte)… Chacun m’a apporté, j’adapte à ma sauce. Mais c’est un métier de dépressif…(Sourire.) Tu n’es jamais satisfait. Il faut l’être un peu, sinon tu te flagelles trop.

Quand vous gagnez la Coupe d’Europe en 2013 contre Clermont, votre ancien club (16-15), vous êtes-vous dit : “Enfin ! Ça valide mon début de carrière d’entraîneur et ça gomme toute les peines que j’ai connues comme joueur” ?

– Ça compense beaucoup de choses, oui. Ça doit être mieux en tant que joueur mais, pour moi, ça a été fabuleux. Ce jour-là, j’étais très heureux, mais pas par rapport à Clermont ! Je n’étais pas aigri par rapport à ça. J’ai perdu une finale que j’aurais dû gagner. J’en ai gagné une qu’on aurait pu perdre. Je me dis qu’il faut profiter. C’est triste quand tu perds, personne ne t’attend à la mairie. Quand tu gagnes, ce n’est pas le même réveil.

« JE NE SUIS PAS RASSASIÉ DE TITRES  »

Après un doublé Coupe d’Europe-Top 14, que pouvez-vous faire de mieux ?

– Continuer à gagner ! C’est tellement bon. On le dit aux joueurs : s’ils n’ont pas ça, il faut partir, changer de club, arrêter de jouer. Moi, en tant qu’entraîneur, je ne suis pas rassasié de titres.

Vous avez parfois senti de la lassitude chez les joueurs ? 

– L’an dernier, quand on a repris après le premier titre en Coupe d’Europe, ç’a été dur. Il y a eu une période difficile. Le doute. (Il s’anime.) Ç’a été une grosse prise de conscience. Pour les leaders, nous le staff. C’est là que tu vois que tu as des mecs de caractère.

Que trouvez-vous de plus insupportable chez un joueur ?

(Grimace.) Le fait de ne pas être positif pour l’équipe. Le mauvais esprit. C’est normal que les joueurs pensent à eux. Moi aussi, je pensais à moi lorsque je jouais. Mais il faut penser à l’équipe, aux autres. Quand je vois ça, je peux être virulent avec le mec. On voit Bernard très impulsif, coléreux, mais parfois il a beaucoup plus de recul qu’on le pense. On a eu des cas concrets – que je ne citerai pas – où j’étais fou de rage et Bernard beaucoup plus calme (il sourit). Il me disait : “Tu as raison Pierre, mais on va plutôt faire comme ça.” Et il n’avait pas trop tort.

Est-il facile de travailler avec lui, alors qu’il ne vous a pas toujours fait confiance en équipe de France ?

– Honnêtement, c’est un entraîneur que j’ai toujours aimé. Je me suis certainement dit dans ma tête que c’était un connard parce qu’il ne me prenait pas, mais je n’ai jamais eu de colère envers lui. Il m’a donné des sélections, m’a fait progresser. Dès qu’il est arrivé à Toulon, il s’est appuyé sur moi parce qu’il me connaissait. Ça se passe super bien. Il délègue quand il te fait confiance.

Vous êtes marié à vie au RCT ?

– Non. Si ça s’arrête demain, je ferai autre chose. J’ai plein de projets. Je ne me prends pas la tête avec ça. On doit se voir (avec le président Boudjellal). Je prends du plaisir, j’essaie d’en donner. Si le président et Bernard me demandent aujourd’hui de resigner, c’est qu’ils sont contents de moi.

Seriez-vous prêt à devenir manager en 2016 lorsque Laporte se consacrera aux élections à la FFR ?

– Si ça doit venir, ça viendra. Mais je n’ai pas envie de programmer.

Mais vous pourriez dire que ça vous intéresse ?

– Oui, ça peut m’intéresser. Mais ce n’est pas d’actualité.

Source: lequipe.fr

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3 Commentaires

  1. Chris83160 29 novembre 2014 à 09h- Répondre

    Moi j’aime bien . Avec wilkinson en entraîneur des 3/4 . Delmas devant et pierrot en manager ! Sa peut très bien marcher ! Une continuité après Laporte …

  2. ron 29 novembre 2014 à 12h- Répondre

    Je le verrai bien après Jacques Brunel qui viendrait stabiliser l’édifice avec Delmas, Mignoni et Wilkinson.

  3. mayol/canalhistorique 29 novembre 2014 à 12h- Répondre

    Beaucoup trop tôt. Il lui faut plus de vécu.