Il y a, soyons honnêtes, toutes les circonstances atténuantes. L’Allianz Riviera, qui s’est remplie sûrement mais très timidement. L’imminence d’un épisode européen où Toulon devra assurer et Clermont se sublimer. La proximité d’une parenthèse internationale qui a sérieusement amputé les effectifs des deux clubs, fournisseurs d’une grosse vingtaine d’internationaux. De ces deux obligations d’agenda découlent une gestion des états de fatigue au cas par cas et, pour faire clair, l’absence de bon nombre de têtes d’affiches. Plus encore côté clermontois. À cela s’ajoute la bonne santé comptable du RCT et de l’ASMCA, respectivement deuxième et première du championnat. Une forme d’évidence, qui enlève l’impératif de résultat dans une saison marathon pour laquelle les deux cadors se sont déjà octroyé un matelas confortable de points d’avance sur leurs concurrents directs. Absolument tout semble réuni pour que ce choc n’en soit pas un.

Et pourtant… Un Toulon-Clermont, quel que soit le contexte, n’est jamais un match comme les autres. Parce que les deux équipes, sur le terrain, se respectent et se craignent. Parce que les deux clubs, dans leur globalité, se détestent et se dédaignent. Parce qu’il s’agit aussi pour Mourad Boudjellal, « d’une des rares occasions de délocaliser. Après la descente de Perpignan, il ne reste que deux clubs qui suscitent un engouement outre le RCT, Toulouse et Clermont. D’autres clubs préfabriqués ne drainent pas les foules. »

LES JOIES DE LA CONCURRENCE

Ce jeu de gros bras comporte des illustrations nombreuses, jalonnant l’histoire récente des deux clubs. Quand Clermont cultivait son invincibilité à Marcel-Michelin, Toulon était l’un des rares à assumer ses ambitions au moment de se déplacer en Auvergne, en envoyant systématiquement ses plus beaux joyaux. Quand Clermont feignait de se déplacer dans le Var simplement pour lancer dans le grand bain quelques jeunes du cru, il a joué de vilains tours à son hôte.

Ce sera d’ailleurs tout le sel de cette rencontre : un effectif aussi concurrentiel que celui de Clermont, le jeu de rotation n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’adversaire. « Nous avons des joueurs qui ont besoin de se montrer » glisse, plein de malice, Franck Azéma. Il complète : « Toulon, c’est exactement le calibre de match dont nous avons besoin avant le Munster. » Deux arguments sur lesquels s’appuient les Clermontois, chaque année au moment de prendre la route du Var. Le piège est tendu.

Source: Midi Olympique