Un ancien Toulonnais veut sensibiliser les joueurs sur les commotions cérébrales

Un ancien Toulonnais veut sensibiliser les joueurs sur les commotions cérébrales

19 mars 2014 - 11:31

4 Commentaires

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Rory-Lamont-has-only-rece-001L’ancien international Ecossais et arrière Toulonnais, Rory Lamont s’est lancé depuis juillet dernier dans une campagne de sensibilisation sur les chocs à la tête et les commotions cérébrales.

Victime de nombreux KO durant sa rencontre, l’ancien joueur Varois souhaite faire améliorer le traitement de ces commotions dans le rugby et veut sensibiliser les joueurs professionnels sur les risques que peuvent engendrer ces chocs violents à la tête.

Rory Lamont s’est livré dans L’équipe de ce jour. Il explique tout cela en détail. Extrait:

« Pourquoi vous êtes-vous décidé à mener ce combat à propos des commotions cérébrales ?

– Pendant toute ma carrière, j’ai dû subir dix K.-O. Inconscient sur le terrain. Et j’ai eu beaucoup plus de petites commotions cérébrales, dont je n’ai jamais vraiment parlé. Je me suis renseigné sur ces commotions en 2010, en lisant ces études qui disaient qu’elles pouvaient mener à la démence. Ils en parlaient en NFL, mais en Europe et dans le rugby, pas trop. Et je me suis dit qu’il y a des conséquences graves et à long terme dont les joueurs ne sont pas conscients. Je pense qu’aujourd’hui, la manière dont le rugby traite les commotions cérébrales ressemble encore à la manière dont on traiterait une blessure à une jambe !

N’y a-t-il pourtant pas eu une amélioration ces dernières années ?

– Oui, c’est de mieux en mieux. Il y a eu la mise en place du protocole commotion… L’IRB répète que ça aide à mieux les dépister. Mais ces cinq minutes (de remplacement temporaire) que le protocole donne pour examiner le joueur, c’est impossible de faire un diagnostic avec ! Un joueur touché peut très bien passer le test et répondre aux questions correctement, parce qu’elles sont simples ! Quel jour on est ? Quel est le score ?… Au final, ce test est comme un permis de retourner sur le terrain, pour le joueur… Il n’y a pas d’autre sport où on utilise ces cinq minutes d’examen et de récupération, ça n’a pas de justification scientifique. Tous les experts disent qu’il faudrait au moins dix à quinze minutes pour effectuer ces tests. Et si on veut ne rien risquer, il ne devrait même pas y avoir de limite de temps. Barry O’Driscoll, le conseiller médical en chef de l’IRB (et oncle de Brian), a démissionné l’an dernier parce qu’il désapprouvait le protocole.

Quelles seraient les trois mesures que vous préconiseriez pour ces chocs à la tête qu’on voit en match ?

– J’annulerais cette règle des cinq minutes, pour que les médecins aient autant de temps qu’ils estiment nécessaire. Les jours de match, je voudrais qu’il y ait un médecin indépendant qui regarde les actions à la vidéo, en direct, pour repérer des commotions passées inaperçues. Et, c’est compliqué, mais je pense qu’une fois qu’une commotion a été diagnostiquée, le joueur ne devrait pas pouvoir rejouer pendant au moins trois semaines. Certains argumentent que ces trois semaines pourraient inciter les joueurs à cacher leur état. Mais si on les informe sur tous les risques, je pense qu’ils comprendraient mieux pourquoi.

« APRÈS CHAQUE K.-O., JE NE ME SENTAIS PAS BIEN PENDANT SIX, SEPT SEMAINES !  »

Est-ce que vous pouvez décrire comment vous vous sentiez après ces K.-O. ou commotions ?

– C’est comme une gueule de bois. On est dans le brouillard, un peu détaché de la réalité, on n’arrive pas à bien réfléchir, à se concentrer, la vision peut être troublée, vous pouvez avoir des maux de tête… Il y a beaucoup de symptômes. Après chaque K.-O., je ne me sentais pas bien pendant six, sept semaines ! Si on revient au jeu trop tôt, les symptômes durent plus longtemps et il y a un risque encore plus grand de subir un nouveau traumatisme crânien.

Vous accusiez des joueurs, en décembre, de tricher à des tests pour pouvoir rejouer plus vite…

– Oui… On ne le faisait pas quand je jouais en France, mais au Royaume-Uni, il y a quelque chose appelé Cogsport. C’est un test qu’on passe en début de saison, quand tout va bien. Il mesure un score de base. Et si j’ai un K.-O. pendant la saison, je ne serai pas autorisé à rejouer tant que je n’aurai pas atteint à nouveau ce score de base… Si vous êtes joueur, vous n’êtes pas motivé, en début de saison, pour réaliser un gros score parce que, pendant la saison, ça sera plus dur de le repasser ! Si on y va relax… Ça incite à réaliser un petit score, et des joueurs le font, je le sais, ils en parlent !

Les joueurs manquent-ils à ce point d’informations sur les commotions ?

– La plupart ne savent pas vraiment ce que c’est ! Ils pensent que c’est quand on subit un K.-O. Mais il n’y a pas besoin d’être K.-O. pour avoir une commotion ! Mais leur carrière est en jeu à chaque match. Ils ne veulent pas rater des rencontres pour perdre leur place dans l’équipe. Ils ne savent pas qu’il y a ces problèmes à long terme associés aux commotions. Ils sont plus sensibilisés, mais ils n’en savent pas assez sur les risques neurologiques à long terme. Si on veut que les joueurs arrêtent de cacher ces commotions et de tricher à ces tests, on doit leur donner plus d’informations. L’IRB est très lente pour admettre le lien entre commotions et démence précoce. En novembre, un officiel de l’IRB a reconnu qu’il y a “peut-être” un lien. Mais ce n’est pas assez ! Et les entraîneurs, de ma propre expérience, ne comprennent pas toujours la dangerosité des commotions. J’en ai vu, de mèche avec le joueur, faire pression sur le corps médical pour que le joueur puisse rejouer le plus vite possible. Le rugby est dans une position difficile… Plus les joueurs seront sensibilisés, plus ils parleront de leur propre cas. Ça donnera une liste de blessés plus longue. Et ça coûtera donc plus cher de faire fonctionner une équipe… C’est pour ça que la réponse des autorités est si lente, ils ne veulent pas effrayer les gens à propos de leur sport. »

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4 Commentaires

  1. seb-83200 19 mars 2014 at 11h- Répondre

    Quand on voit que le racing veut faire jouer sexton samedi alors qu’il a reçu basta dans le buffet, on se demande si c est vraiment intelligent!

  2. Georges 19 mars 2014 at 11h- Répondre

    :yes: ..et que NOUS on ne ferait pas jouer Maxime..aligné pourtant que qqs minutes ?:-)

    • seb-83200 19 mars 2014 at 11h- Répondre

      C est clair! Totalement illogique Georges! Noves va avoir moins de scrupules tout en se souciant malgré tout de la santé des joueurs

    • jak84 19 mars 2014 at 15h- Répondre

      Le repos de Mermoz et Basta n’est pas obligatoirement sur cette journée (de mémoire, c’est sur les 3 prochaines rencontres).
      C’est Laporte qui profite de cette excuse pour envoyer une équipe remaniée à Clermont (ce qu’il aurait fait de toute façon vu le calendrier à venir… et parce que tout le monde fait cela dans les confrontations directes avec un prétendant au titre).
      Rappel, l’an dernier il s’était arranger pour faire un pari avec les joueurs qui « l’obligeait » à se déplacer à Toulouse avec la moitié des cadres absent.