Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le pilier Toulonnais Alexandre Menini est revenu sur la victoire du RCT contre le Racing-Métro 92, à l’occasion de la demi-finale du Top 14.

Par ailleurs, il évoque la préparation de l’équipe lors des grands matches. Il avoue être surpris par la détente de certains joueurs peu avant les rencontres et explique comment ces-derniers entrent en phase de préparation d’une minute à l’autre. Extrait:

Quelle a été selon vous la clef de la rencontre ?

L’essai en première mi-temps nous fait le plus grand bien, car il nous permet de rester constamment la tête hors de l’eau. Les
gars ont bien su aborder notre période à 14 contre 15, nous n’avons pas pris de points ; au contraire nous avons par deux fois l’opportunité de convertir des pénalités. En deuxième mi-temps, nous avons su prendre le score et « gérer » quelque peu notre avance. L’équipe a fait preuve d’une grande maturité.

Des tribunes, on a eu l’impression, notamment après la pause, que Toulon se dirigeait vers un succès assez facile. Le ressentiez-vous de cette façon sur le terrain ?

Non, le Racing s’est bien battu. Je crois que nous avons su mieux profiter qu’eux de nos périodes de domination. En première mi-temps, nous avons trop laissé la possession du ballon aux Ciels et Blancs, à la mi-temps, on s’est dit qu’il fallait plus le garder, ne pas le rendre aux pieds et que nous aurions alors des occasions de marquer des points. Nous voulions les pousser à la faute et je crois vu le nombre de pénalités en notre faveur que cela a plutôt bien marché. 

Et vous le petit nouveau qui, il y a quelques mois jouait le maintien, allez disputer deux finales en une semaine avant de vous envoler avec les Bleus pour l’Australie. Ça va vite, trop vite ?

L’enchaînement des choses va effectivement très vite. J’ai l’accélérateur bloqué ! Tant mieux. Après aujourd’hui, je n’ai pas le droit de ne pas garder les pieds sur terre, car pour le moment il n’y a rien. J’ai rien gagné avec le RCT, je ne suis pas international. Ma situation n’est pas si différente qu’il y a quelques mois à Biarritz ou à Mont-de-Marsan. Je suis toujours qu’un simple joueur de rugby professionnel. On en rediscutera fin juin…

Étiez-vous personnellement fébrile au moment de votre rentrée ? La peur de mal faire ?

Absolument pas. Je comprends votre question, car c’était la première fois que je jouais un match de ce niveau-là en Top 14, mais non.
L’envie et la détermination avaient pris le dessus sur mes craintes. Et puis, on l’a vu vendredi soir dans notre gestion du match, cette équipe possède maintenant une grosse expérience de ce genre de rencontre. Du coup, quand tu rentres, c’est facile de bien faire les choses.

Est-ce un nouveau pallier de franchi pour vous ?

Ma carrière est atypique, je suis passé par la Fédérale 1 pour faire mes gammes. Je ne renie rien. Je suis en Top 14 et quand je suis
sur le terrain, je n’ai pas l’impression de passer un examen de passage mais je cherche surtout à prendre le dessus sur mon adversaire et essayer de donner le meilleur de moimême. C’était vrai en Fédérale, en Pro D2, c’est toujours le cas en Top 14. Après je perçois bien, croyez-moi, que ce n’est pas le même niveau, les mêmes exigences, mais j’essaye d’y faire face et de me donner à fond.

Quel est selon vous l’une des clefs de la réussite du RCT ?

L’état d’esprit du groupe, sans aucun doute. Lors des avants matchs, tous mes partenaires notamment anglo-saxons, sont comme Usain Bolt. Jusqu’à trois-quarts d’heure du match, et même pour une rencontre de phase finale, ils sont décontracts, certains font même les cons ; souvent ils viennent me taquiner. Et puis brutalement, d’un coup, leurs regards changent. Une fois dans le vestiaire, ce sont d’autres hommes. Tu ressens dans leur regard qu’ils vont tout casser. En semaine, cette ambiance à la cool, n’empêche pas quand nous sommes sur la pelouse ou en salle de musculation, un grand professionnalisme. Voilà selon moi, l’un des secrets de la réussite de ce groupe.