Face à Lyon et lors de cette dernière action, diriez-vous que l’on a vu le véritable Alexis Palisson ?
Bizarrement, je m’y retrouve plus dans le désordre. J’aime voir les espaces et m’engouffrer dedans. J’ai un profil de joueur d’instinct.

Ce genre de performance vous donne-t-il une confiance qui vous manquait jusque-là ?
Oui et puis le fait d’avoir des images positives dans la tête me fait du bien.

C’est-à-dire ?
Le cadrage débordement à la fin du match, intervenir dans la ligne, faire jouer derrière moi après plaquage… Tout ça, j’adore.

Après la Coupe du monde, comment s’est passée votre arrivée à Toulon ?
J’étais content de changer d’air, de rentrer en France et de retrouver le Top 14. Je suis quelqu’un de casanier et j’aime bien être chez moi. Les hôtels, ça me gonfle. Dix jours seulement après mon arrivée à Toulon, j’ai ressenti le contrecoup. J’étais cuit physiquement. J’avais les jambes lourdes et je manquais de gaz. Dès que les entraînements duraient un peu trop, j’accusais le coup et je le ressentais un peu en match. Malgré ça, j’avais toujours l’envie de bien faire. Mais à part le match face à Lyon, dimanche dernier, je ne m’y retrouvais pas. Je me posais des questions.

Comment l’avez-vous vécu ?
C’était frustrant et j’avais peur que cela soit mal interprété, que les gens pensent que je suis venu prendre le soleil et mon chèque à la fin du mois. Or, j’ai envie de faire avancer l’équipe, faire plaisir au public et montrer que je suis venu pour qualifier le club en H Cup et gagner des titres.

La coupure de dix jours, fin décembre, vous a-t-elle fait du bien ?
Oui, je me suis ressourcé à Limoges et à Brive. J’ai vu mes parents, beaux-parents et amis et ça fait du bien. Je n’ai pas fait grand-chose à part me reposer mais c’était super. Les pieds sous la table ! Depuis que je joue dans le milieu professionnel, j’ai besoin de coupures comme celle-là.

Vous saturez…
Oui, mais pas forcément mentalement. J’en ressens le besoin physique. Avec la Coupe du monde, j’ai pratiquement enchaîné deux saisons. La préparation avec les Bleus a été la plus dure que je n’ai jamais faite. C’est éprouvant et je n’ai pas un gabarit pour encaisser trop les coups.

Comment s’est passée votre adaptation à Toulon ?
Cela s’est fait naturellement. Je ne savais pas à quoi m’attendre car je n’étais jamais sorti du Limousin. J’ai commencé le rugby à l’Isle-sur-Vienne puis Limoges et Brive. J’étais venu une seule fois, à Juan-les-pins. Je m’en souviens car c’était l’été où la France est devenue championne du monde de football. J’aime beaucoup la région et je vis à La Valette pas loin du centre d’entraînement, avec ma copine.

Au sein du groupe ?
Il n’y a pas eu de problème. J’étais impressionné car il y avait beaucoup de grands joueurs mais on ne le ressent pas. Je joue quand même avec des grands noms du rugby mondial, des mecs qui ont fait leurs preuves.

Qu’apprenez-vous à leurs côtés ?
L’attitude, la technique, la perfection. Au contact des grands joueurs qui composent l’équipe, on ne peut que progresser. Ils partagent leur expérience et sont quasiment comme des seconds coaches. Jonny le fait sur des skills mais j’apprends aussi de Matt Giteau, rien qu’en le regardant jouer et en étant à son contact. On apprend beaucoup de gens aussi talentueux et aussi doués.

Vous considérez-vous comme un joueur doué ou laborieux ?
Je ne sais pas. J’essaie de prendre du plaisir sur un terrain et je laisse aux autres le soin de me juger. Depuis que j’ai commencé à jouer au rugby, j’ai toujours eu un physique désavantageux. Du coup, j’ai peut-être développé certains talents.

Lesquels ?
L’intuition, le jeu dans le désordre. Je jouais centre en cadets, puis ailier ou arrière. Quand j’ai commencé à jouer à Brive (en 2003, Ndlr), j’avais de grosses lacunes dans le jeu au pied. Je l’ai beaucoup travaillé au point d’en faire un point fort.