Malgré quatre défaites lors des six derniers matches, les Bordelais, qui doivent battre Toulon pour rester parmi les six premiers, entendent rester fidèles à leur jeu offensif.

«  Si on doit faire des ballons portés pendant une heure et demie et gagner 3-0, je pourrais faire le tour de Chaban-Delmas tout nu .» Vincent Etcheto a balancé ça, amusé, les crampons crottés par les terrains boueux du stade Moga. Mais les chances de voir l’entraîneur des trois-quarts de l’UBB honorer son pari sont faibles. Malgré les averses annoncées, Bordeaux attirera encore plus de trente mille spectateurs à Chaban-Delmas pour le match contre Toulon. Autant pour le prestige de l’adversaire que parce que l’UBB a une image à entretenir. Meilleure attaque, la saison dernière, au nombre d’essais (58), deuxième de l’exercice en cours (44 essais derrière Toulon, 53), le club girondin veut rester fidèle à sa philosophie de jeu. Où il est davantage question de vitesse, de passes et de courses, que de groupés-pénétrants et de jeu au près.

Cette saison, l’UBB a ainsi déjà inscrit vingt-huit essais en six rencontres à Chaban. Et si elle reste sur une série de quatre défaites lors des six derniers matches, l’heure n’est pas encore venue de tout remettre en cause. « Il ne faut pas non plus que l’on tombe dans la sinistrose parce que, peut-être, on va descendre à la septième place si on perd contre Toulon »,insiste Etcheto.

Pourtant, la dernière défaite, à Montpellier (24-34), a laissé des traces. Euphorique pendant les vingt premières minutes, l’UBB a perdu le fil au point de craquer face à un adversaire en infériorité numérique. Son incapacité à gérer les situations négatives, à savoir réduire la voilure, a frappé les esprits. « On s’est pris la tête, acquiesce Etcheto. Il y a eu des échanges entre coaches. Mais au bout d’un moment j’ai été le premier à dire ‘’stop ! ». On ne peut pas tout remettre en question.  »

ETCHETO : « ON EST LÀ POUR DIVERTIR LES GENS  »

Trop de jeu, parfois  ? « Il faut que l’on apprenne à mieux alterner quand on est sur le reculoir », admet Louis-Benoît Madaule. Pour Thibault Lacroix, le problème se pose surtout en déplacement. « On a un jeu fait de beaucoup de prises d’initiatives. À domicile, on arrive à bien déplacer l’adversaire. Mais le jour où on jouera plus efficacement chez l’autre, sans forcément jouer tous les coups dans nos propres quarante, cinquante mètres, alors on aura franchi un palier. » Évoluer, donc. Mais si Bordeaux a déjà progressé dans ce domaine en musclant et en alourdissant son pack l’été dernier, il est bien décidé à ne pas jouer les gagne-petit. « Ce sera le prochain entraîneur des trois-quarts qui vous parlera de gestion, prévient Etcheto. Bien sûr que tout est question d’équilibre, d’analyse, sur les ballons lents, les ballons pas bons… Contre le RCT, il faudra être bon tout le temps et dans tous les domaines. La conquête, le jeu, la défense, la lucidité, l’intelligence. Ça va être une grosse part de notre défi, ça : être intelligent. » Mais se lâcher encore et toujours, surtout. « Il faut qu’on réalise que ça reste un jeu, insiste Etcheto. Le rugby, ce sont les Jeux du cirque moderne, et je parle souvent de mes joueurs comme des gladiateurs. On est là pour divertir les gens. Ce public bordelais, on se l’est gagné. On est là pour l’emporter parce que c’est un métier, mais on le fait tous par passion. »

Source: lequipe.fr – Hamid Imakhoukhène