Interrogé par le Midi Olympique, l’ailier Toulonnais Bryan Habana est revenu sur sa première saison avec le Rugby Club Toulonnais est les deux trophées remportés.

Le Springbok avoue que son pays lui manque énormément mais il ne regrette pas d’avoir rejoint le club Varois. Par ailleurs, il est conscient de ne pas avoir véritablement convaincu avec sa nouvelle équipe mais espère pouvoir se rattraper en octobre prochain, après le Four-Nations. Extrait:

Depuis votre retour en Afrique du Sud, on vous a vu oeuvrer auprès de la population de Nyanga, le plus vieux township noir du Cap, à l’occasion de la journée consacrée à Nelson Mandela. Avez-vous eu le temps de repenser à vos succès des derniers mois avec le RCT ?

Avant de quitter l’Afrique du Sud l’année dernière, j’étais loin de m’imaginer que le pays me manquerait autant. Je vis dans un cadre somptueux à Toulon et j’ai été comblé par ma saison avec le RCT. Mais je reste viscéralement attaché à l’Afrique du Sud. J’ai encore un peu de mal avec la langue française. Certains membres de l’équipe, et notamment Bernard Laporte, parlent comme des mitraillettes. Parfois, je perds un peu le fil. Heureusement certains joueurs comme Fernandez Lobbe prennent le relais. Cette dernière saison m’a appris à devenir plus indépendant. Comme ce n’est pas toujours évident de conduire sur le côté droit de la route. Mon expérience n’en demeure pas moins très enrichissante ! 

Ces triomphes ont-ils dopé votre confiance, à l’orée de cette nouvelle saison ?

Le groupe va bien évidemment s’appuyer sur son expérience de l’an passé pour repartir de l’avant. Mais nous avons placé la barre très haut en réalisant le doublé Coupe d’Europe-Top 14. Avec le changement de format en Coupe d’Europe, le nivellement des poules par le haut et les autres écuries qui se sont renforcés en Top 14, la lutte s’annonce âpre. L’équipe va devoir encore plus batailler pour rester au sommet. J’étais venu en France pour enrichir mon palmarès, mais je ne m’attendais pas à gagner aussi rapidement des titres. Le plus dur m’attend désormais avec le RCT. Mais mon appétit reste intact. J’ai très envie de continuer sur cette lancée.

Pourtant vous n’avez pas connu une saison de tout repos avec le RCT…

C’est vrai que j’ai un peu rongé mon frein au départ. Mais j’ai eu la chance de connaître une fin de saison en apothéose. Je n’étais certain de rien après mon absence de quatre de mois en raison de mon claquage à une cuisse face aux All Blacks et d’une rechute lors de la tournée du mois de novembre. Rien n’était gagné. Je suis heureux d’avoir pu jouer un rôle lors des phases finales même si je ne suis pas satisfait de mon niveau. Cette saison, j’espère me montrer beaucoup plus décisif que je ne l’ai été pour Toulon. C’est aussi un honneur d’avoir pu évoluer aux côtés de Jonny Wilkinson, et de l’avoir aidé à sortir par la grande porte.

Quelles sont vos ambitions cette saison avec les Springboks ?

Mon premier objectif est d’abord d’atteindre puis de dépasser le cap des 100 sélections avec les Springboks (Habana en est à 97 apparitions sous le maillot sud-africain et devrait connaître sa centième à l’occasion des Four-Nations, N.D.L.R). Ensuite, j’aimerais si mon corps me le permet évoluer encore un an ou deux sur la scène internationale. Le record mondial d’essais détenu par le
Japonais Ohata me semble hors d’atteinte (Ohata a marqué 69 essais au cours de sa carrière internationale. Habana en est à 55). Enfin, je veux mettre toutes les chances de mon côté pour disputer le Mondial 2015 et essayer de le gagner.

Quelle atmosphère règne actuellement dans le camp des Springboks ?

Heyneke Meyer et ses adjoints travaillent extrêmement dur pour que l’équipe soit ponctuelle au rendez- vous anglais. Il y a un bon équilibre entre des jeunes loups aux dents longues comme Eben Etzebeth, Cornal Hendricks ou Willie le Roux et des anciens aux nombreuses heures de vol comme Victor Matfield, Bismark du Plessis ou moi-même. Cette escouade est très certainement la meilleure équipe sud-africaine à laquelle j’ai pris part. Nous avons encore plus de profondeur et d’expérience qu’en 2007 et 2009. La compétition n’a jamais été aussi acharnée pour gagner sa place dans le XV de départ. Maintenant pour se mettre sur de bons rails, il nous faudra absolument battre les All Blacks lors des prochains Four- Nations.

Quelles relations entretenez-vous avec Mourad Boudjellal ?

Comme Mourad ne maîtrise pas bien l’Anglais, je n’ai jamais pu avoir beaucoup d’échanges avec lui.
J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi passionné pour son club. Son enthousiasme n’est jamais aussi manifeste que lorsqu’il nous exécute le Pilou-Pilou dans les vestiaires après nos victoires. Tu as l’impression qu’il retombe en enfance. Sans lui, Toulon ne serait pas devenu la meilleure équipe de France et d’Europe.