JOE EL-ABD est le premier informé. L’entraîneur des avants, assis en tribune de presse, sait qu’à la dernière seconde, à Toulouse, Lionel Beauxis vient de poser son ballon pour tenter un but de pénalité et offrir la qualification à Bordeaux. Le visage est grave. Jusqu’à ce qu’un journaliste lui annonce l’incroyable nouvelle. Beauxis a manqué la cible. Et envoyé Oyonnax en phase finale.

El-Abd l’annonce par micro à Frédéric Charrier, l’entraîneur des arrières, et à Christophe Urios, le manager, tous deux au bord du terrain. « Il l’a manqué ! Il l’a manqué ! » À Mayol, la rencontre n’est pas tout à fait terminée mais les joueurs sont au courant et se prennent dans les bras. Le banc de touche se tape dans les mains. Oyonnax décroche d’un coup ses billets pour la phase finale et pour la Coupe d’Europe. Scène incroyable au moment où l’USO vient de subir son plus lourd revers de la saison (46-17) face au triple champion d’Europe. Commentaire de Christophe Urios : « C’est notre plus belle défaite. »

Le manager était tenu au courant de l’évolution du score à Toulouse par… Mourad Boudjellal, le président toulonnais. « En fait, c’était assez marrant. Quand Toulouse menait au score, il est venu nous le dire en courant, raconte Urios. Après, il est venu moins vite quand Bordeaux est revenu au score. Et il ne courait plus du tout pour nous annoncer la pénalité de Beauxis. » Au bout du suspense, le bonheur : « Je trouvais ça con de tout perdre comme ça. Franchement, ça aurait été moche. »

URIOS  : « À TOULOUSE, CE SERA LE MATCH DE L’AMBITION »

Hier, entre les Toulonnais premiers de la saison régulière et les Oyonnaxiens qualifiés pour la phase finale, il y avait un petit côté École des fans. Au coup de sifflet final, les Oyomen ont pu savourer ce délicieux moment de bonheur. Alors que le public restait pour rendre hommage à Carl Hayman, Bakkies Botha et Ali Williams qui faisaient leurs adieux au stade Mayol, ils en ont profité pour s’offrir un tour d’honneur.

Marchant lentement, ils applaudissaient le public qui leur rendait hommage.

« Maintenant, on va aller à Toulouse, dit Urios. C’est pratique, ça rapproche de Castres (qu’il entraînera la saison prochaine). Ce match, il faut le vivre, il faut le jouer. On est dans du 80-20. C’est à dire qu’on a 20 % de chances de le gagner. Mais ce ne sera pas le match le plus important de l’USO. Celui du maintien à Brive, la saison dernière, l’était. À Toulouse, ce sera plutôt le match de l’ambition. »

Surtout qu’à Toulon Urios avait choisi de faire tourner son effectif pendant que les Toulousains bataillaient au complet ou presque face à Bordeaux-Bègles (23-22). « Nous avons un très gros avantage par rapport aux autres en ayant laissé beaucoup de monde au repos. » Voilà donc le « petit » club de l’Ain prêt à défier le club le plus titré de France (19 titres de champion) sur ses terres. Et le coach n’a rien oublié de la première journée de la saison lorsque Oyonnax s’était incliné de justesse à Ernest-Wallon (20-19) : « Ce match, je l’ai dans un coin de ma tête et même un peu plus. En fait, il ne m’a jamais quitté. On aurait dû gagner là bas… »

Source: lequipe.fr