Daniel Herrero: « Les Canadiens montrent leurs biceps et leurs haches mais nous allons les calmer »

Daniel Herrero: « Les Canadiens montrent leurs biceps et leurs haches mais nous allons les calmer »

1 octobre 2015 - 15:04

5 Commentaires

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herreroMalgré deux victoires, le XV de France de Saint-André ne convainc pas.

Philippe, permets que je t’exprime mes quelques tracas!

Long a été le chemin qui t’a permis de quitter l’enfance des clubs et des villes et offert de voyager comme ambassadeur de France vers le grand forum d’Ovalie! Jamais prétentieux ni « ramenard », tu as fait bouillonner le vrac rugbystique de ta mémoire pour en organiser au mieux les blocs.

Le premier : Pour toi, seuls les gens d’armes, donc les joueurs de combat, peuvent ouvrir les voies de la victoire ; tu as donc choisi des poussins à gros potentiel, dotés d’une belle robustesse génétique! Tu les as façonnés en hommes de front et de sacrifice, riches de liens mais pauvres de biens techniques et collectifs.

«Il te fallait des pintades en pleine santé, des buffles et des frais dont on supposait qu’ils seraient aussi en pleine forme à la cérémonie d’ouverture londonienne»

Ta loi morale pour allier les tempéraments et relier les compétences a été l’émulation. De là ont émergé Le Roux, Flanquart, Rabah, Guilhem et les improbables Atonio et Debaty. Il te fallait des pintades en pleine santé, des buffles et des frais dont on supposait qu’ils seraient aussi en pleine forme à la cérémonie d’ouverture londonienne. Face à eux, les Italiens plièrent mais… en souriant; les Roumains, corps marqués, rompirent après une heure de baragouinage mais… la réflexion intacte.

Le deuxième bloc: Tu as opté pour la fabrication d’une cohorte de pré-attaquants. Ils s’enfouissent depuis trois ans dans la boue des défenses, désertifiant les bouts d’ailes. Les souvenirs de nos victoires par la beauté de nos attaques perdent peu à peu leurs couleurs. Notre équipe de France devient vieille lorsqu’elle bute sur les vents contraires des hordes défensives organisées.

Philippe, tu dois recoller tous ces débris d’identité, que tu ne peux pas avoir enterrés dans les angoisses de la mission. Regarde, plus grand-chose ne mijote dans le jeu offensif de nos troisièmes lignes, plus rien de bon ne lève dans le talent pétrifié de nos trois-quarts centre, que ce soient Bastareaud ou Fofana, Fickou ou l’énigmatique Dumoulin…

«Ils récitent, comme s’ils mesuraient seulement en mètres l’éloignement des poteaux»

Chez tous, les marqueurs somatiques sont trop élevés. Ils sont ternes, tellement appliqués et sérieux qu’ils s’emberlificotent et jouent peu. Ils récitent, comme s’ils mesuraient seulement en mètres l’éloignement des poteaux, comme si la ligne blanche et savoureuse où il faut aller planter les dents n’était pas avant tout une question d’appétit.
Merde, boss!

Tu leur as appris à marcher et à ramper, maintenant il faut qu’ils s’aèrent, qu’ils gambadent et qu’ils inventent!

Si tu sais bien vivre avec les laborieux, tu souffres encore trop avec les artistes, ceux qui peuvent dépasser leur technique et libérer le talent pour aller conquérir le titre unique.

Tu ne vas pas attendre que tes joueurs aient la mauvaise faim des réfugiés, la rage des rejetés, la haine des mal-aimés…

Mais ce n’est pas perdu, la relation avec ta troupe n’est pas désaimantée.

Les Canadiens montrent leurs biceps et leurs haches mais nous allons les calmer à la mine et les affoler tout terrain! Tes coqs en jambes savent faire plus de choses qu’eux et ont plus de talent. Puis viendra, avec cette beauté de match contre les soigneux Irlandais, l’absolue conviction qu’en rut, c’est-à-dire à leur meilleur niveau, ces coqs doivent vaincre! Et ce sera la route de la joie en octobre où tous les matches seront à jouer comme une fête éternelle. Ton groupe, composé de sérieux gens d’affaire, de redoutables gens de guerre, on le rêve surtout en Équipe… en ÉQUIPE DE FRANCE! »

Source: lejdd.fr

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5 Commentaires

  1. Hervé 1 octobre 2015 à 15h- Répondre

    J’aime bien Herrero mais le rugby à l’ancienne est bien loin et les joueurs d’aujourd’hui jouent aussi comme ils peuvent… à l’heure actuelle les joueurs sont tous aussi des défenseurs en béton et il est rare qu’on les passe juste en jouant les danseuses vers les ailes sans les avoir resserrés au préalable. Quand ils attrapent un attaquant adverse, il est en général plaqué et rapidement il se fait prendre le ballon.
    Et les rares fois où on élargit trop vite, on s’expose à des contres.
    Les défenses sont plus hermétiques qu’elles ne l’étaient il y a 20 ans et même si on apprécie des grandes envolées, c’est devenu très rare :struggle:

  2. pitoumacfly 1 octobre 2015 à 15h- Répondre

    Très belle prose, j’aime son écriture !

  3. jocolombe 1 octobre 2015 à 15h- Répondre

    On dirait du Rimbaud ……… :evilgrin: :evilgrin: :evilgrin:

  4. tony 1 octobre 2015 à 16h- Répondre

    c est l homme parfait qui la toujour etait c clair bravo MR HERRERO

  5. seb-83200 1 octobre 2015 à 16h- Répondre

    J’en profite pour le saluer, lui que j’ai croisé à une station de métro à paris en début de semaine 🙂