Depuis hier en fin d’après-midi, l’Aviron Bayonnais est dernier du Top 14. Une situation inédite cette saison, mais finalement inéluctable. « On s’y attendait », grimace l’ouvreur Benjamin Boyet. La lourde défaite concédée hier à Mayol, combinée aux victoires de Brive et Lyon, et au point de bonus défensif du BO à Castres ont plongé Bayonne dans une situation très inconfortable. A dix journées de la fin du championnat, l’Aviron est plus que jamais en danger. « C’est alarmant », concède le capitaine Marc Baget, après avoir lâché un énorme soupir. Bayonne n’a plus goûté à la victoire depuis le 25 novembre dernier et six matches, c’était contre Lyon à Dauger (20-15).

Alarmant, sans doute, parce que la Pro D2 n’a jamais semblé aussi proche. Mais paradoxalement, la rencontre d’hier n’est pas la plus mauvaise qu’ont livrée les joueurs du duo Faugeron – Avril. « Le score ne reflète pas la réalité du match », reconnaît même Sir Jonny Wilkinson, bourreau au pied des Bayonnais hier avec 25 points.

C’est en fait le carton rouge reçu par Yoann Huget à la 28e minute qui scelle le sort du match. Bien sûr, le RCT menait 12-3 à cet instant, mais les Basques répondaient présents. M. Cloute, l’arbitre de la rencontre, a fait virer le retour de l’ailier international du rêve au cauchemar. Pour un coup qu’il n’a jamais donné, à Benjamin Lapeyre. Peu avant la demi-heure de jeu, les esprits s’échauffent, quelques coups fusent. « On échange des mots », explique Huget qui mime un coup de tête. Sans toucher l’ailier toulonnais. Ce que reconnaîtra ensuite Sébastien Cloute, après la diffusion du ralenti de l’action sur l’écran géant du stade. Mais le mal est fait. Huget a le moral en berne. « Je me suis excusé auprès de mes partenaires. Je me sens coupable ». Il plaide un geste « de nervosité ». « Après quatre mois sans compétition, j’ai exprimé ma frustration. »

Un fait de jeu déterminant puisque Bayonne, logiquement finira par craquer. Fataliste, l’entraîneur Didier Faugeron, qui s’est bien gardé de commenter la décision, soupire : « Quand on se retrouve à 14 contre 15, la messe est dite ».

Car avant l’expulsion de son international, l’Aviron était effectivement dans le coup. Malgré une indiscipline abominable (onze pénalités en première mi-temps), et une maladresse parfois affligeante (neuf en-avant sur cette même période), les Bayonnais s’accrochent comme ils peuvent. Ils sont même dominateurs en mêlée fermée. Par deux fois le pack ciel et blanc gagne une introduction varoise. Et puis Wilkinson est moins tranchant dans le jeu, la faute au mur basque dressé devant les vagues rouge et noire. « Bayonne a très bien défendu, en ne laissant que peu d’espaces », se justifie-t-il.

L’essai de l’espoir

L’entame de deuxième période est plus équilibrée, tant en terme de possession que d’occupation. Jusqu’à ce qu’Armitage ouvre le compteur essais des Provençaux. Le flanker anglais est parfaitement servi par Tillous-Bordes d’une longue passe sautée et déboule sur l’aile ou Yoann Huget aurait dû se trouver. « C’est une faute bête de ne pas avoir défendu petit côté », reconnaît Benjamin Boyet.

Lequel, juste après l’heure de jeu, va remettre l’Aviron dans le match. Son essai, à la 61e, ramène les Basques à 5 points du bonus défensif (22-10). Toutefois sur le renvoi, Geffroy Messina profite à son tour de l’absence de Yoann Huget sur l’aile gauche pour anéantir aussitôt les espoirs revenus un instant plus tôt.

Dès lors, la machine toulonnaise va dérouler. Malgré une évidente et énorme volonté de ne pas sombrer, les Bayonnais, finalement impuissants, ne peuvent que constater les dégâts. « On ne peut pas dire que mon équipe ait baissé les bras. Les joueurs ont eu le comportement que j’attendais », admet Didier Faugeron. Au moins est-il, un tout petit peu, rassuré sur la manière. Un bon début, sans doute, mais maintenant, il va falloir concrétiser les bonnes intentions par une victoire dans deux semaines face à Paris. « Le tournant de la saison », selon Boyet.

Sud Ouest