Frédéric Michalak a convaincu Saint-André de l’emmener à la Coupe du monde

Frédéric Michalak a convaincu Saint-André de l’emmener à la Coupe du monde

16 septembre 2015 - 9:28

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michalakOublié par Marc Lièvremont, l’ouvreur de Toulon a su se rendre indispensable aux yeux du sélectionneur. À force de travail et d’exemplarité.

Au printemps 2012, à La Londe-les-Maures (Var), à La Voile, on déjeune avec le propriétaire (à l’époque) du restaurant : Philippe Saint-André. Le sélectionneur a récemment téléphoné à Frédéric Michalak. Il veut ­emmener l’ouvreur des Sharks de Durban en tournée en Argentine en juin, alors il l’a sondé. Ça tombe bien : Michalak, sur le point de s’installer à Toulon avec Cindy, son épouse australienne, n’attendait que ça. Comme six mois plus tôt, en septembre 2011. « Pendant la Coupe du monde (2011), je faisais une bonne Currie Cup avec les Sharks, je pensais aller en Nouvelle-Zélande lorsque David Skrela s’est blessé. Oui, j’y ai vraiment cru. (…) J’ai été déçu (*) mais c’est resté une motivation », dit-il à L’Équipe le 10 novembre 2012.

Quand Marc Lièvremont ne l’a sélectionné qu’à quatre reprises (toujours remplaçant) en quatre ans, Philippe Saint-André s’est mis en tête de relancer Michalak, d’en faire son numéro 1 à l’ouverture (voir par ailleurs). Sa présence dans la liste des 36 n’est donc pas une foucade. O.K., « Fred » n’a quasiment pas joué la saison dernière, mais PSA apprécie son côté « soldat ». Lors d’une rencontre entre les deux hommes, avant cette liste des 36, Michalak répète tout son attachement au maillot bleu, comme de l’amour. « Depuis trois ou quatre ans, il rêve de l’équipe de France et rêve d’être champion du monde avec elle », rapporte Saint-André. Le Toulonnais aura la période de préparation pour renforcer ses épaules – la droite cassée avec les Bleus en juin 2013, la gauche brisée avec Toulon en septembre 2014 –, ­retrouver le haut niveau physique. Jusqu’au crash test, le 22 août contre l’Angleterre (succès 25-20). Michalak, pourtant certain de figurer dans le groupe définitif de 31 le lendemain, défend comme à la cité Ancely de Toulouse où, enfant « on se plaquait sur le goudron sans appréhension ». Au Stade de France, ça devient : ça passe ou ça casse. En privé, PSA l’avoue : il a adoré son comportement ce soir-là, qui légitime son choix envers l’extérieur et renforce l’aura de Michalak dans l’équipe.

LA COUPE DU MONDE, UN OBJECTIF FAMILIAL

« Pour un entraîneur, il a un côté rassurant dans le sens où tu sais qu’il va s’envoyer comme un chien sur le terrain », souligne un de ses anciens coéquipiers en équipe de France. Le grand public voit les arabesques, les « michalakeries » qui paraissent l’éloigner de Jonny Wilkinson, Charly Hodgson, Ludovic Mercier ou Benjamin Boyet, les ouvreurs marquants de la carrière de l’entraîneur PSA ? « Fred » est d’abord, pour le sélectionneur, le défenseur qui ne s’enlève pas, un vrai leader par l’exemple, adoré par ses coéquipiers, le capitaine Thierry Dusautoir en tête. Début juillet, un sélectionné de fraîche date nous avouait : « Pour moi, Michalak, c’était une star. J’ai découvert un gars différent : très gentil mais qui parle peu. » « Tu ne trouveras ­jamais personne pour dire du mal de “Michel” (son surnom), assure un deuxième. C’est un super bon mec qui peut chambrer et s’occuper des autres. » Rémi Tales, son concurrent à l’ouverture, a partagé sa chambre en tournée en Nouvelle-Zélande en 2013 : « Le côtoyer, voir qu’il est simple, c’est bien. Car Fred est un exemple qui m’a inspiré. » Saint-André, évidemment, sait cela, il nous a longuement parlé de l’influence de son ouvreur la semaine passée, avant de quitter Marcoussis. Dans une ligne de trois-quarts où seuls deux joueurs – Parra et Michalak, donc – ont connu un Mondial, il a besoin d’un tel fédérateur, expérimenté. « C’est un peu notre capitaine derrière, et pas parce qu’il est vieux, s’amuse Mathieu Bastareaud. C’est sa troisième Coupe du monde, ce n’est pas rien. Surtout à trente-sept ans ! » « Je sais que “Basta” raconte que j’ai trentre-sept ans, sourit Michalak, qui en aura trente-trois le 16 octobre. Je suis le grand frère des lignes arrière ? Il me chambre, quoi… Je n’ai aucune leçon à donner à qui que ce soit. Sur le terrain, j’ai des directives, j’essaie de les appliquer. »

Pierre Mignoni, son entraîneur à Toulon entre 2012 et 2015 : « Fred, ce n’est pas que de l’instinct. Pas du tout ! Il lui faut un cadre bien clair. On échange et en avant : feu ! » Michalak a longtemps eu l’image d’un soliste qui s’exprimerait peu sur le jeu. Il a évolué, après ses séjours en Afrique du Sud. Yannick Bru, dans L’Équipe du 12 novembre 2012, après une perf étincelante de « Fred » contre l’Australie (33-6) : « J’ai vraiment l’impression que le rugby est au centre de ses priorités. Il est très impliqué au quotidien, discute avec le staff, ses co­équipiers. » Quelques lignes plus loin, PSA salue : « Je suis content de son investissement dans le groupe. Il intervient régulièrement, parle de stratégie. Et il me fait l’impression d’un mec content d’être là. » Déjà. « Et ça c’est capital pour Fred, explique Mignoni. Il est là pour s’éclater à l’entraînement, comme lorsqu’il avait vingt ans. C’est un mec généreux, qui ne va pas tricher, sera toujours positif pour l’équipe. Philippe (Saint-André) a bien cerné le personnage. » PSA a toujours gardé un oeil sur la convalescence de Michalak, à Toulon. « Au club, on s’est tous posé la question ; que peut-on faire pour que Fred ­revienne à son meilleur niveau ? raconte Mignoni. Mais c’est lui seul, par son travail, qui a décidé qu’il ferait cette Coupe du monde. » Seul, non. « C’était un objectif familial, rappelle souvent l’ouvreur des Bleus. La première décision, avec ma femme, a été de quitter l’Afrique du Sud avec comme objectif la Coupe du monde, de faire tout pour ça, chaque jour, même dans la façon de manger. » Il fallait aussi la main tendue d’un sélectionneur convaincu.

Source: lequipe.fr

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1 Commentaire

  1. MG 16 septembre 2015 at 13h- Répondre

    attention de ne pas trop lui mettre la pression…sinon il risque de se planter