Après un début de saison compliqué en raison d’une blessure au genou, Jean-Charles Orioli retrouve peu à peu ses sensations et son meilleur niveau. Alors que la seconde partie de saison est déjà lancée, le talonneur du RCT fait le point. Et pour lui, pas d’inquiétude, le club Varois est hermétique aux critiques et sera au rendez-vous des phases finales.

On a comme l’impression que les deux victoires face à Exeter fin 2013 ont fait le plus grand bien à l’équipe et ont pu servir de déclic ?
Oui, c’est une certitude. Si nous avions perdu l’un des deux matches, nous serions dans une position très délicate en H-Cup et nous aurions certainement compromis nos chances de qualification pour un quart de finale à domicile. On a su inverser la tendance pour se qualifier.

Comme depuis le début de saison, le RCT est plutôt en réaction qu’en action…
L’an dernier, nous avons réalisé un super début de saison puis nous avions un peu baissé le rythme avant de nous ressaisir pour les phases finales. Espérons que cette saison, ce sera l’effet inverse et que nous allons enfin trouver le bon rythme d’ici les phases finales. Après, il ne faut pas oublier que le niveau du championnat s’est considérablement élevé. Les équipes s’accrochent de plus en plus et j’ai l’impression que toutes les équipes ont le même problème. Il n’y a donc rien de grave. Après, je ne cache pas qu’un peu de sérénité supplémentaire nous ferait le plus grand bien. Mais il faut être patient.

Les médias ou les supporters sont-ils moins patients avec Toulon ? Est-ce qu’on vous en demande un peu trop ?
Bien sûr que les gens sont exigeants ! Mais c’est normal quand il y a cette passion, cet amour autour de Toulon. Nous leur avons apporté tellement de belles choses l’an dernier que les gens en veulent encore. Après, concernant les médias, on est habitués. Toulon, ça fait vendre. Ils aiment bien taper sur le RCT. Quand Toulouse a perdu à domicile face au Connacht, il n’y a pas eu grand chose. A Toulon, si on fait la même prestation, il y a le feu ! Il faut virer quatre joueurs, les entraîneurs et changer la cuisinière !

Le groupe semble hermétique à tout ça ?
Oui, on est hermétique à tout ce qui se dit dehors. Mais on est quand même très exigeants envers nous même. On aimerait jouer à la perfection lors de chaque prestation. Mais c’est quasiment impossible. Alors on essaye de gommer à chaque fois ce qui n’a pas été et de travailler sur nos points forts. On voit qu’il y a du mieux dans certains secteurs. On se rapproche de ce qu’on veut mettre en place. Mais notre objectif est surtout d’atteindre rapidement nos objectifs  en assurant notre qualification pour les phases finales des deux compétitions. Ce qui permettra d’amener encore plus de sérénité au sein du club.

A mi-parcours, quel est le bilan du RCT ?
D’un point de vue comptable, notre bilan est très correct. Mais on ne va pas se le cacher, notre jeu n’est pas encore au mieux, n’est pas abouti. Il y a du boulot. Mais on progresse, notamment en conquête où nous avons été montrés du doigt.

Est-ce que tu ressens de la lassitude par rapport au titre de l’an dernier notamment et au fait que Toulon ait disputé quatre finale lors des deux dernières saisons ?
Je ne sais pas. Tu es lassé quand tu perds, que tu es dernier et que tu joues le maintien. Mais quand tu gagnes, tu en veux toujours plus ! Nous, on joue que des matches importants. On ne se lasse pas de ça. On a toujours faim de titres ! Après, je ne cache pas qu’en hiver, c’est toujours plus compliqué. On préfère le printemps. Mais on sait que notre succès en fin de saison passe par un hiver rigoureux.

On peut donc rassurer les supporters, le RCT sera au rendez-vous au printemps ?
Oui, on va arriver comme un boulet de canon !

Jean-Charles, quelques mots plus personnels sur ta situation. Comment juges-tu ta première partie de saison ?
Ma première satisfaction, c’est mon genou. En début de saison, j’avais beaucoup d’appréhension. On a beaucoup hésité à l’opérer. Il faut donc rendre hommage au staff médical. On a pris la bonne décision. La rééducation a été un peu longue et j’ai sûrement rejoué sans être à 100%. Mais l’équipe en avait besoin. Mais aujourd’hui, je me sens bien et je retrouve des automatismes. Je suis donc très satisfait.

Ta blessure au genou est donc de l’histoire ancienne ?
Le genou est guéri. Il est assez renforcé pour qu’il soit comme un genou normal. Il n’y a plus de risque.

Tu as eu peur de rater la saison ?
Oui, car la décision de ne pas être opéré a été prise au mois d’août. Si je me blessais deux mois plus tard par exemple, j’étais foutu. Là, on n’a pas opéré, j’ai travaillé dur. C’est super !

Et tu n’as pas d’appréhension ?
Non, tout est réglé. Les petites douleurs ont disparu. Je suis content.

N’y a t-il pas une petite malédiction au poste de talonneur entre la blessure de Sébastien Bruno, la tienne et celle du joker médical Craig Burden ?
Non je ne pense pas. C’est surtout un poste exposé. Et puis les matches s’enchaînent, nous n’avons pas trop de répit.

L’an dernier, tu as effectué une grosse saison et ton nom a circulé pour l’équipe de France. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’équipe de France reste dans un coin de ma tête. C’est normal. Mais je pense surtout à bien revenir et à retrouver mes marques. Là, ça va de mieux en mieux, donc je suis confiant.

Ce n’est pas pour le tournoi, mais est-ce que la tournée d’été des bleus est envisageable ?
Non, c’est difficile de se fixer des objectifs comme celui-là. Moi, mon but est de progresser et de prendre du plaisir. C’est le cas, j’en suis très content. Le reste viendra en temps voulu.

L’an prochain, Guilhem Guirado va débarquer à Toulon. Qu’en penses-tu ?
Je vais être obligé de le prendre de manière bénéfique. Recruter un talonneur international Français, c’est bon pour le club et ça va amener de la concurrence. Ça ne sera pas forcément évident pour moi, mais on verra ça l’an prochain.

A l’inverse, ton coéquipier Virgile Bruni devrait quitter Toulon pour Perpignan. Son départ a fait grand bruit. As-tu été surpris par son choix ?
Je n’ai pas été très surpris. Quand on voit les joueurs qui débarquent ici chaque année à tous les postes, ça fait réfléchir. Virgile a pris la décision de partir pour être dans la peau d’un titulaire. Je peux le comprendre.

Tu essayes de le faire changer d’avis et de le convaincre de rester ?
Je lui ai proposé un deal. Il reste à Toulon et Guirado reste à Perpignan ! (il se marre)

A côté du rugby, tu joues souvent au golf. Est-ce un besoin ?
Oui, complètement. Ça me permet de sortir du contexte rugby et de cette pression. J’aime bien passer une journée au golf, marcher dans la nature.

Et ton handicap au golf se porte bien ?
Je progresse, mais je n’ai pas vraiment le temps de m’y consacrer. Le golf, c’est un poison. J’aimerais en faire plus, mais ce n’est pas compatible avec ma carrière. On verra plus tard !

Propos recueillis par Infos Rugby Toulon