La deuxième vie de Juanne Smith au Rugby Club Toulonnais
La deuxième vie de Juanne Smith au Rugby Club Toulonnais
Le lundi 26 mai 2014 à 17:30 par David Demri
6 Commentaires
Publicité
Perdu pour le rugby il y a un an, le flanker sud-africain a largement contribué à la victoire de son équipe.
À l’issue de la finale, au moment du tour d’honneur, Juan Smith a pratiquement fait le tour de la pelouse du Millennium Stadium les bras levés et le torse bombé, sa médaille autour du cou. Il riait aux côtés de son compatriote Bakkies Botha et n’avait même pas l’air fatigué. Le bonhomme venait pourtant de se taper quatre-vingts minutes d’un féroce combat face aux Saracens. On le vit partout. Dans les rucks et les mauls, bien sûr, où il excelle, mais surtout en défense, où il s’évertua avec une réussite maximale à découper tous les Sarries qui passèrent à portée de ses bras. Comme souvent, le flanker sud-africain a terminé la partie avec le titre anecdotique de meilleur plaqueur du match. Ses stats ? Seize plaquages, soit cinq de plus que ses partenaires de la troisième-ligne Steffon Armitage et Juan Martin Fernandez Lobbe. Un chiffre habituel pour un type qui a grandi à Bloemfontein et joué pour les Cheetahs, franchise guère réputée pour la poésie de son rugby. Juan Smith a même fait plus que ça. Il a planté le deuxième essai du match, celui de la gagne, au terme d’une longue course le long de la ligne de touche et d’un magnifique tour de passe-passe avec son coéquipier Fernandez Lobbe. « J’aurais pu essayer d’aller au bout, mais j’ai vu que Juan était là et je me suis souvenu que les entraîneurs nous avait rabâché toute la semaine de ne pas avoir peur de faire la passe de trop, raconte l’Argentin. Juan est un joueur incroyable. Il ne se passe pas un jour sans que je me dise que j’ai vraiment une chance incroyable d’évoluer aux côtés d’un joueur comme lui ou comme Steffon (Armitage). »
Smith n’est évidemment pas n’importe qui. À trente-trois piges, le bonhomme se trimballe une jolie carte de visite : 69 sélections avec les Springboks et un titre de champion du monde en 2007, au cours d’une compétition durant laquelle il planta quatre essais et disputa sept matches, dont la finale.« C’est le genre de mecs qui, par sa seule présence, est à la recherche permanente de la performance et fait monter le niveau de ses coéquipiers de 10 à 15 % », a dit un jour Naka Drotske, l’ancien coach des Cheetahs. Pas faux. S’il n’est pas très expansif, ce robuste gaillard de 1,96 m est exemplaire sur le terrain, toujours prêt à se sacrifier pour le copain et à s’acquitter des tâches ingrates.
RECRUTÉ AU MINIMUM SYNDICAL, 4 500 EUROS PAR MOIS
Pour lui, tout a pourtant failli s’arrêter il y a trois ans. Quand, à quelques mois de la Coupe du monde 2011, une rupture du tendon d’Achille l’envoya à l’infirmerie pour un long moment. Smith rata évidemment le Mondial, mais pas seulement. Plus grave que prévue, dure à soigner, sa blessure lui fit également rater les deux saisons suivantes. C’est donc un joueur qui n’avait pas disputé la moindre partie depuis plus de deux ans que le RCT osa recruter en septembre 2013. Le pari était gonflé. Mais pas complètement farfelu puisque, compte tenu du passé récent du joueur, le RCT lui fit signer un contrat avec une rétribution au minimum syndical. Montant du salaire ? 4 500 €. Nul doute que la paie du garçon devrait sévèrement s’accroître la saison prochaine. « J’ai disputé 27 matches cette saison (dont 22 comme titulaire), toutes compétitions confondues, dit-il. C’est miraculeux. Je n’ai pas assez de mots pour dire ce que je ressens. Il y a quinze mois, les médecins me disaient encore que j’étais probablement perdu pour le rugby. Et là, voilà que j’ai deux finales extraordinaires à jouer. Ce n’est vraiment que du bonheur ! »
Comme tous ses partenaires, Smith s’est déjà tourné vers la deuxième finale, celle du Top 14 contre Castres, samedi prochain. Il y a très peu de chances qu’une quelconque usure physique ou mentale l’empêche de tenir sa place. « En quelques semaines, il a fallu affronter quelques-unes des meilleures équipes d’Europe : le Leinster, le Munster, le Racing-Métro et les Saracens. C’est éprouvant, mais on ne peut pas se servir de la fatigue comme excuse parce qu’on savait en début de saison que ça se terminerait peut-être comme ça. Maintenant, on a juste un boulot à finir. Il faudra tout donner. »
Juan Smith soufflera un peu plus tard. Peut-être en tendant sa canne à pêche au-dessus de la Modriver, près de Bloemfontein. Comme à chaque fois qu’il rentre au pays.
Source: lequipe.fr
Publicité
6 Commentaires
assurément LA belle histoire de cette année. Un abattage monstrueux, et un gars humble comme un minot. respect et merci M. Smith !
Du boulot bien fait, sans effluves de paroles, a l’image de toute l’équipe. Les joueurs nous montrent l’exemple .
Perso ce gars c’est 4 a 5 fois plus en salaire.. vu ce qu’il a fait depuis le début de saison :yes:
je n’y croyais pas, et pourtant j’ai eu tord, bravo Juanne
J. Smith..
Merci pour ton match exceptionnel ce Samedi.. On t’annoncé un duel avec Burger qui finalement n’a pas eu lieu tant tu l’as surclassé dans tous les domaines.
Clairement homme du match pour ma part, il était de PARTOUT. 16 plaquages, 100% d’efficacité, quand je dis que ce mec, c’est la muraille de Chine..
Il a été énormissime, très précieux en défense, constamment au soutien de ses joueurs, dans tous les bons coups, ce mec a 8 poumons et une régularité impressionnante. (Je l’ai pas vu foirer un match depuis son retour, contre Toulouse, où l’a encore, il disputer son premier match et avait sorti un ‘tain de match.)
Mourad, tu as, encore une fois, réalisé un pari que dégun n’aurait osé imaginé. (Je suis sur qu’avec Shalk Burger, ça aurait la même.) Les Sudafs sont juste monstrueux de professionnalisme, de puissance, de combat et d’envie.
Juanne montre clairement qu’il a pas volé son titre de meilleur 3e ligne au monde en 2007.
Quel joueur fantastique !
Un abattage monstrueux… Un vrai sécateur!! Sans compter le p’tit armitage qui vient te gratter le ballon dès que t’es au sol… Ca doit vraiment etre écoeurant