Le grand frisson de Tillous-Borde

Le grand frisson de Tillous-Borde

Le dimanche 28 avril 2013 à 11:54 par David Demri

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Mine de rien, depuis un an et demi qu’il est arrivé à Toulon en provenance de Castres, Sébastien Tillous-Borde (28 ans demain, 8 sélections en 2008-2009) a été titulaire pour les plus grands matches de l’histoire récente du club varois. Il a débuté la finale du championnat de France et la finale du Challenge européen en 2012, comme il a débuté le quart de finale de Coupe d’Europe contre Leicester le 7 avril. Et il sera de nouveau le numéro 9 titulaire, tout à l’heure à Twickenham. La blessure de Frédéric Michalak y est certes pour quelque chose, mais le demi de mêlée béarnais n’a pas volé sa place. Il a d’ailleurs été, avec 12 titularisations, le demi de mêlée le plus utilisé par le manager Bernard Laporte cette saison, devant Michalak et Nicolas Durand.

En deux saisons, l’ex- « Petit Byron » – en référence au All Black Byron Kelleher – est devenu grand. Et ça n’a pas échappé à son entraîneur, l’ancien demi de mêlée international Pierre Mignoni : « Sébastien est l’un des joueurs qui a le plus évolué dans le groupe depuis qu’il est arrivé. » Formé à l’entente Monein-Lasseube et au FC Oloron, avant de grandir dans l’ombre de Dimitri Yachvili au Biarritz Olympique, Sébastien Tillous-Borde a longtemps gardé une image de « huit et demi » à la palette monochrome.

Un « Titi » plus complet

Mais à force de travail, ces deux dernières saisons, il a manifestement franchi un palier. « Son registre est devenu beaucoup plus large », apprécie Mignoni. « ‘‘Titi’’, c’est un gros travailleur, que ce soit en muscu ou sur l’aspect technique, les passes, le jeu au pied », confirme le trois-quarts centre international Maxime Mermoz. Il faut dire que « Tillous » a su profiter de la présence à ses côtés de l’un des géants de l’histoire de son sport : l’ouvreur anglais Jonny Wilkinson, avec qui il composera la charnière cet après-midi à Twickenham contre les Saracens.

« Je bosse beaucoup avec Jonny, reconnaît Sébastien Tillous-Borde. Après chaque entraînement, quel que soit le jour de la semaine, on travaille une demi-heure ensemble, on fait des passes, du jeu au pied. On fait des choses très précises. » Le prof est exigeant envers lui-même, et cela semble transcender l’élève : « Jonny ne force personne à travailler, poursuit le Béarnais. C’est clair que c’est un gros travailleur lui-même, et même plus que ça, c’est un fou de précision. Je lui ai demandé s’il pouvait m’aider, il m’a dit ‘‘bien sûr’’. J’ai pris goût à m’entraîner avec lui. Il ne me fait pas travailler pour travailler, mais pour progresser. Si vous lui demandez de me noter le jour où je suis arrivé et aujourd’hui, je pense qu’il vous dira que je me suis amélioré. »

Si bien que ce nouveau Tillous, meilleur gestionnaire, meilleur passeur, en dépit de pépins de santé récurrents qui l’ont privé du terrain cet hiver, vit sa saison la plus pleine depuis l’époque de ses débuts internationaux, pendant la première moitié du mandat de sélectionneur de Marc Lièvremont. « J’ai régulièrement été titulaire sur les matches où je pouvais postuler, et c’est plutôt bien. La concurrence, ça se passe bien, pour moi, pour Fred (Michalak) et aussi pour Nico (Durand), même s’il joue un peu moins », assure-t-il avec l’empathie du titulaire. Avoir fait sa place dans un collectif comme celui du RCT d’aujourd’hui n’est pas la moindre de ses satisfactions. Après tout, selon le président varois Mourad Boudjellal, les Rouge et Noir, « ce sont les Rolling Stones en tournée ». « Cette équipe, elle me fait penser à celle de Biarritz entre 2004 et 2007, quand le club avait été deux fois champions de France et finaliste de la Coupe d’Europe. On appelait bien les Biarrots les ‘‘Galactiques’’… Franchement, on est une équipe normale. Ce sont des bons mecs, ils ne se prennent pas la tête. »

Retour en bleu, 4 ans après ?

Du bouillant contexte toulonnais, Sébastien Tillous-Borde raconte : « J’en ai des frissons. Pour le quart de finale, c’était impressionnant. La foule compacte ! Il y avait juste un minuscule endroit où passer, les gens nous tapaient dans le dos, c’était énorme. J’avais envie de foncer sur le terrain sans passer par les vestiaires. Ce quart, c’est le match qui m’a le plus marqué de la saison. Peut-être même de ma carrière : nulle part ailleurs tu traverses une foule comme ça pour aller jouer au rugby. »

Surfer sur cette marée humaine lui a rendu les ambitions qu’une longue blessure à l’épaule avait un peu éteintes à la fin de ses années castraises (2007-2011). Au point de repenser ouvertement au XV de France : « Je continue à jouer régulièrement à bon niveau… Si je suis un jour rappelé en équipe de France, je serai prêt à passer le tremplin plus facilement. » En étant, avec le Clermontois Morgan Parra, le seul demi de mêlée français encore en lice sur deux tableaux, il peut effectivement rêver qu’un joli mois de mai lui offre un ticket pour la Nouvelle-Zélande, en juin. Et en bleu.

Sud Ouest

 

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4 Commentaires

  1. Mimo83 28 avril 2013 at 12h- Répondre

    Et pourquoi pas ?
    Il a effectivement visiblement progressé, plus complet, toujours puissant, il sait être opportuniste.
    S’entraîner avec Mignoni, Wilkinson… on peut difficilement rêver mieux pour s’améliorer.
    A 28 ans, un retour en bleu, juste « pour voir », serait intéressant et mérité… il a bossé, il a progressé… il va peut-être y avoir une place à prendre dans les mois qui viennent.
    Pourquoi pas…

  2. Geromam 28 avril 2013 at 14h- Répondre

    Super mec

  3. Hugues 28 avril 2013 at 15h- Répondre

    Et il nous les a fait tous perdre ( les plus important au moins).

  4. Mimo83 29 avril 2013 at 01h- Répondre

    Hugues:
    Et il nous les a fait tous perdre ( les plus importantau moins).

    ???!!

    Le rugby est un sport collectif… ils sont 15 sur le terrain, sans compter les remplaçants… il ne nous a rien fait perdre du tout…
    Qu’un joueur soit critiquable, qu’on trouver à redire, qu’on en préfère un autre, ok… mais écrire qu’untel ou untel, seul, te fait perdre (ou gagner, d’ailleurs…) un match, c’est stupide.