Le jour où Manu Tuilagi s’est fait détruire par sa maman

Le jour où Manu Tuilagi s’est fait détruire par sa maman

3 août 2022 - 14:40

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Nous sommes en 2011.

Le XV de la Rose vient tout juste de s’incliner contre le XV de France en quart de finale de la Coupe du monde (19-12).

Au lendemain de cette défaite, les Anglais prennent un ferry en Nouvelle-Zélande.

Soudainement, le trois-quarts centre Anglais Manu Tuilagi décide de sauter du ferry pour se baigner et se rafraîchir.

Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique de lundi, Manu Tuilagi revient sur cette idée complètement loufoque qui lui a valu de passer quelques heures en prison. Extrait:

« C’était une belle journée d’automne. Je me sentais un peu rouillé après le quart de finale de Coupe du monde perdu contre la France et à ce moment-là, j’ai pensé qu’un bain de mer serait bon pour ma récupération. Sur le ferry, j’étais avec tous mes copains de Leicester. Je leur ai dit que j’allais sauter. Ils m’ont répondu que comme d’habitude, je n’avais que de la gueule. Alors pour leur donner tort, j’ai vraiment sauté.

C’était une idée stupide, je sais. Comment ai-je pu être à ce point irresponsable ? »

Suite à ce saut du ferry, Manu Tuilagi a dû rendre des comptes au sélectionneur Martin Johnson mais également à sa famille : ses frères, sa maman… Extrait:

« Avant ça, j’ai dû faire face à Martin Johnson, un ami de la famille, le mec qui a joué avec tous mes grands frères et qui reste une icône à leurs yeux. Évidemment, il était très mécontent. Il m’a collé une amende de 3 500 euros. La Fédération a embrayé en diffusant un communiqué de presse et dans ma tête, je croyais que c’était terminé.

Si j’avais craint la réaction de Martin Johnson, j’avais encore bien plus peur de celle de ma famille. Mon grand-frère Freddie a découvert l’histoire sur internet et a immédiatement essayé de m’appeler. J’ai refusé de répondre parce que je savais quel torrent de colère m’attendait de sa part. A la fin de la journée, j’ai néanmoins décidé de le rappeler et il a hurlé comme jamais. Puis tous mes autres frangins m’ont ensuite joint pour me traiter d’idiot, d’imbécile… J’avais tellement honte… Je crois ne les avoir jamais connus dans un tel état de colère. »

Finalement, c’est sa maman qui l’a le plus sévèrement grondé. Extrait:

« Le pire moment fut incontestablement la confrontation avec ma maman. Elle était évidemment très fâchée mais au départ, elle ne connaissait pas toute l’histoire. Elle pensait juste que je m’étais baigné cinq minutes dans le port. Alors quand elle a appris que j’avais sauté d’un ferry en marche, les insultes ont plu sur moi. Tout le livre y est passé, je crois ! Je ne pensais même pas que maman connaissait tous ces mots ! Je pense qu’elle avait dû comprendre que ma famille aux Samoa était aussi au courant. Elle disait que la honte s’était abattue sur tout notre clan, que mon acte était irréparable. »

Manu Tuilagi regrette bien évidemment d’avoir déçu autant de personnes autour de lui.

Il ne pensait pas mal faire au moment de sauter du ferry. Extrait:

« Quand je suis rentré à Leicester, Richard Cockerill m’a dit que j’avais laissé tomber le club et tous les gamins qui croyaient en moi. Je ne voulais faire de mal à personne mais mon simple geste a blessé Martin Johnson, mes frères, ma maman et tous les amoureux du rugby en Angleterre. Mais je répète que je n’ai pas pensé à tout ça, quand j’ai fait ma connerie. 

Je n’ai tué personne, j’ai juste nagé un peu. Mais vu que ça s’est produit au lendemain de la défaite face aux Français, en quart de finale, ce truc a pris des proportions folles ! Après cela, tous le monde avait les yeux rivés sur moi. Les gens ne comprenaient pas que trois mois après avoir donné des coups de poing à Chris Ashton, je puisse récidiver si vite. Pourtant, d mon point de vue, j’avais jusque-là réalisé une Coupe du monde plutôt correcte. 

Tout cela me semble si loin désormais. J’ai vécu tant de choses depuis l’automne 2011 et ces choses, bonnes ou mauvaises m’ont toutes aidé à grandir. Un joueur, quelqu’un m’a dit : reste concentré  sur le moment présent, n’anticipe pas et surtout ne te retourne pas. Et ça marche plutôt bien en fait. »

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