Le merveilleux destin d’Alexandre Menini
Le merveilleux destin d’Alexandre Menini
Le vendredi 17 octobre 2014 à 15:44 par David Demri
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Il était un pilier anonyme du rugby français. Passé de Biarritz, dernier du Top 14, à Toulon, en mars, Alexandre Menini est devenu quelques semaines plus tard champion d’Europe, de France et international. À 31 ans.
Le car avait brusquement fait silence. Comme si les joueurs avaient saisi ensemble et au même instant qu’ils allaient vers le combat d’une vie. Promu en Top 14, le Stade Montois n’avait gagné qu’un petit match en quinze journées de Championnat et s’avançait vers le stade Mayol pour y affronter le grand Toulon, champion d’Europe en titre. Jusque-là, l’ambiance avait été goguenarde, mais à l’approche de l’antre du RCT, les visages se faisaient graves. Celui d’Alexandre Menini presque plus que les autres car, en ce mois de janvier 2013, il allait se cogner certainement le meilleur pack d’Europe et faire face à l’immense Carl Hayman. Dans quelques minutes, il saurait quel joueur il était vraiment… « C’est ce jour-là, que nous l’avons repéré, avoue Bernard Laporte, le manager toulonnais. Il a été énorme. »
Mont-de-Marsan se montra héroïque, ne s’inclinant que de six petits points (15-9), empochant un bonus défensif comme d’autres une Légion d’honneur. La fête fut majuscule, elle se poursuivit jusqu’à l’aurore, dans un bar de pêcheurs sur le port de Sanary. Menini, là non plus, ne s’était pas échappé. Au petit jour, devant les clients médusés, un canotier sur la tête, le pilier gauche montois avait tombé une dernière Suze. Il ne le savait pas, mais il buvait à son destin.
Mont-de-Marsan termina bon dernier du Top 14, mais les armes à la main. Menini fut recruté par Biarritz pour un bout de saison cauchemardesque, où les Basques en déshérence surent très vite qu’ils étaient condamnés à descendre en ProD2. Laporte n’avait toutefois pas oublié le pilier gauche qui avait fait souffrir son équipe à Mayol. Et lorsqu’il eut besoin de trouver un joker médical à Andrew Sheridan, le manager toulonnais demanda Alexandre Menini, qu’il recruta début mars.
Un choix conforté par l’avis de Sylvain Marconnet. Au Stade Français, l’ancien pilier international avait posé un regard bienveillant sur ce jeune qui avait quitté le petit club de Yutz, dans sa Moselle natale, pour rejoindre le club de la capitale, en juniors. « C’était un garçon très humble, se souvient Marconnet. Mais, en même temps, il était ambitieux et avait soif d’apprendre. Il jouait en équipe espoirs, avec laquelle on faisait des oppositions, et comme je considère le rugby comme un legs, je le conseillais. On allait aussi partager quelques bières rue de la Soif, c’est un garçon joyeux, facile à vivre dans un groupe… »
Mais l’apprentissage, surtout chez les piliers, est long et rude. D’autant que Menini était monté du poste de troisième-ligne à la pile, sur les conseils de Fabrice Landreau et Benjamin Kayser. Il avait donc besoin de se consolider en mêlée. L’occasion se présente quand ses parents quittent la Moselle pour Oyonnax, où ils parlent du fiston à un gars du club. En 2004, il signe un an en juniors. « Lors d’un match, je marque trois essais. Du coup, on me fait prolonger de deux ans. ». En ProD2 cette fois.
« IL EST BIEN PARTI POUR PARTICIPER À LA COUPE DU MONDE », SYLVAIN MARCONNET
Le futur pilier de l’équipe de France part ensuite jouer en Fédérale 1, à Rumilly. On est en 2007, l’année de ses 24 ans. « C’était fantastique, je me suis régalé. » Le rugby de village, les copains, les soirées… « Et là, Olivier Saisset m’a appelé pour jouer à Béziers. » Alexandre poursuit son nomadisme rugbystique. Deux ans plus tard, il rejoint Aix-en-Provence où il joue une saison avant de rallier le Stade Montois, en 2010. On connaît la suite…
Il débarque à Toulon un dimanche de mars. « La veille au soir, j’étais dernier du Championnat. Le lendemain, je me réveille, je suis premier. » Il n’était qu’un joueur de peu, un pilier anonyme. Et le voilà parmi les plus grands joueurs de la planète, Botha, Wilkinson, Masoe, Hayman… « Franchement, j’ai vraiment eu peur. Moi qui n’avais jamais rien gagné à part la Coupe Taddei avec l’équipe d’Île-de-France, je me retrouvais au milieu de champions du monde, champions d’Europe… C’était flippant ! Je me suis dit : “Je ne suis rien, mais je vais essayer de vous apporter quelque chose” ! »
Menini dispute (et remporte 22-20) son premier match à Bordeaux le 12 avril, gagne à Perpignan (46-31) puis enchaîne avec les demi-finales de Coupe d’Europe. Le RCT enfile les victoires et réalise l’incroyable doublé : champion de France et champion d’Europe ! Dans la foulée, Philippe Saint-André appelle ce pilier providentiel pour partir avec le quinze de France effectuer la tournée d’été en Australie. Où il disputera deux test-matches. « Oui, j’ai encore du mal à le croire, mais, en quelques semaines, je suis devenu champion de France, champion d’Europe et international ! J’avais peur que le réveil sonne… » À Mont-de-Marsan, qui bataille en ProD2, les copains suivent son aventure avec affection. « C’est un parcours inespéré mais mérité au vu de son potentiel et de ses qualités, raconte Julien Tastet, son ancien capitaine. Il faisait avec nous des grosses prestations. On est fier qu’il vive ces moments. »
« Les joueurs de Toulon ont fait beaucoup pour que je me sente à l’aise, explique Menini. Ces mecs sont sains. Ils ne m’ont jamais jugé. Ils te mettent dans les meilleures conditions pour que tu sois compétitif pour l’équipe. Ils ont dépassé leur ego. Ils ont intégré que c’est le collectif qui va leur donner ce qu’ils cherchent. Alors que, paradoxalement, dans des petites équipes, tu peux avoir des mecs qui se croient forts mais qui n’ont pas compris ça. Carl Hayman, si une mêlée ne s’est pas bien déroulée, il va passer le week-end à essayer de comprendre pourquoi. Me retrouver en première ligne avec un mec comme lui, ça n’a pas de prix. »
Menini n’en finit pas de s’étonner de ce qui lui arrive. « Il n’a pas eu une trajectoire simple, raconte Sylvain Marconnet. Il a galéré, mais il s’est accroché à son rêve et finalement ses choix ont été les bons. Grâce à son passage en ProD2, il a énormément progressé en mêlée. Mais il est aussi précieux dans le jeu, avec de grandes qualités de mains. Il est bien parti pour participer à la Coupe du monde… » Ultime bordée d’un parcours singulier dans ce rugby qui se ferme de plus en plus à ces destins valeureux et cabossés.
Source: lequipe.fr
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6 Commentaires
En javier 2013, le « grand » Toulon n’était pas encore champion d’Europe en titre…
Encore un plumitif qui se croit romancier… 😎
Sinon barvo à Alexandre pour son parcours !
Béotien je pense que c’est une erreur de frappe/copie, Menini est arrivé en fin de saison dernière.
Non il nous raconte son déplacement avec Mont de Marsan en janvier 2013.
Et à cette époque Toulon n’était pas encore champion d’europe. Ce n’est pas une erreur de frappe, c’est bien le journaliste qui brode…
Au temps pour moi j’ai regardé le mauvais paragraphe ! 😀
Merci Dav de nous mettre à dispo ces grands articles payant sur le site de l’équipe !! 😉 :yes:
Encore une fois, le flair de berni qui a recruté un joueur méconnu du grand public mais exeptionnel a ce poste, et qui n a pas fini de progresser. A coup sûr, ce joueur n a pas fini de nous étonner et il est certain qu il sera décisif dans la conquête des prochains titres.