Il n’y a pas trente-six manières de suivre les matches à Mayol. Acheter une place à la billetterie, souscrire un abonnement à Canal+, ou trouver un bar qui diffuse la rencontre. Avec un peu de chance, on peut aussi connaître l’un des pensionnaires de la maison de retraite médicalisée « Résidence Mayol », dont les balcons plongent sur le temple…

« Il y avait trop de monde »

Plus risquée, mais nettement plus originale, la solution consistant à se hisser jusqu’au sixième étage du Palais de la Sinse, au bout de l’avenue de la République, est un « must » quasi inaccessible. « C’est interdit depuis trois ou quatre ans, parce qu’il y avait trop de monde aux balcons du sixième étage », explique Maurice, un résident du deuxième étage. Information confirmée à quelques minutes du coup d’envoi d’un match récemment programmé à Mayol. Pas un chat à l’horizon pour profiter de cette place en or, abritée du vent et de la pluie.
Pas un chat, mais un petit chien, « Pearl », dont la laisse est tenue par Danielle Cugnot, propriétaire d’un studio dans l’immeuble, et qui ne peut résister à l’appel du « Pilou-Pilou ». « Il y a quatre ans, cent à cent cinquante personnes ont fait quelques dégâts après une rencontre. Du coup, le syndic a interdit l’accès les jours de match à tout le monde. Ils ont même embauché un vigile, mais il s’est fait virer il y a deux mois environ », explique la sexagénaire bruxelloise, installée à Toulon depuis une dizaine d’années. « Juridiquement, ils n’ont pas le droit de nous interdire l’accès aux balcons, poursuit-elle, du coup on va essayer de faire changer les choses. »

« Vous n’avez pas le droit d’être là »

Danielle sait de quoi elle parle, puisqu’elle est membre du syndic ! Mais d’autres pensées l’accaparent alors que « Wilko » inscrit ses premiers points : « Lui, c’est notre petit chouchou à nous les dames. Vous le connaissez ?», interroge-t-elle, pendant que l’écran géant du stade rediffuse au ralenti le coup de pied millimétré. Les frissons ne seront que de courte durée.

Pendant qu’elle s’extasie sur le bellâtre de la perfide Albion, un récalcitrant, nettement moins sexy, a décidé de ruer dans les brancards : « Vous n’avez pas le droit d’être là», lui lance le voisin, remonté. Avant de tourner les talons, il surenchérit : « En plus, vous êtes du syndic et vous devriez le savoir». « On se fait engueuler, ce n’est pas normal », peste Danielle avant de plier les gaules.

La provocation a assez duré : elle suivra le match derrière sa fenêtre, avec ses jumelles rivées sur le tableau d’affichage. Le palais de la Sinse n’a décidément plus rien d’un royaume pour les inconditionnels du RCT.

Var Matin