Les belle confidences de Mathieu Bastareaud sur sa force mentale qui lui a permis de revenir en Top 14

Les belle confidences de Mathieu Bastareaud sur sa force mentale qui lui a permis de revenir en Top 14

24 septembre 2022 - 12:57

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Le troisième ligne centre Mathieu Bastareaud a effectué son retour à la compétition le week-end dernier contre Clermont, au Stade Mayol.

Ecarté des terrains pendant de nombreux mois en raison d’une grave blessure contractée aux deux genoux avec le LOU Rugby, Mathieu Bastareaud revient de très loin.

Interrogé via L’équipe, le Toulonnais a raconté comment il a réussi à rebondir.

Il ne cache pas que les premières semaines après sa blessure ont été très délicates. Extrait:

« Les trois premières semaines en chaise roulante ont été compliquées mentalement. Je n’avais aucune autonomie, j’avais besoin d’être assisté pour aller aux toilettes ou à la douche. Un calvaire ! Puis j’ai été en rééducation fonctionnelle au centre de la Pomponiana, à Hyères (Var), qui accueille des enfants accidentés, des grands brûlés, des amputés. J’ai participé à une activité physique, un genre de course en fauteuil, sur un dénivelé de 150 mètres avec deux amputés. L’un d’eux, professeur des écoles, s’était blessé lors d’une sortie scolaire avec ses élèves. La fracture s’est infectée et il a dû être amputé. Ce prof avait un mental énorme, il était plus peiné pour moi alors que lui venait de perdre une jambe. Pour lui, la possibilité d’avoir ses deux jambes était terminée. Pour moi, la porte restait entrouverte : j’avais la possibilité de remarcher. Ç’a été un déclic. Je ne pouvais pas continuer à m’apitoyer sur mon sort. Je me suis dit : « Feu ! » On verra, étape par étape avec les médecins. Tout au long de ma rééducation, je savais que tout pouvait s’arrêter d’un coup. Mais je voulais essayer et me battre, pour pouvoir me regarder dans une glace. »

Il révèle comment il a réussi à tenir le coup lors des coups de moins bien. Extrait:

« C’est simple : tu prends une feuille blanche que tu délimites en deux. D’un côté tout ce qui peut te faire sombrer vers le négatif. De l’autre tout ce que tu peux puiser de positif. On a tous des moments de doute. Si on parvient à se nourrir de positif, ils s’estompent. Le truc, c’est de prendre chaque étape comme une victoire : d’abord il m’a fallu me remettre debout. J’ai fait trois-quatre semaines en fauteuil. Puis autant avec des attelles articulées. En déambulateur aussi. Puis avec des béquilles. Et enfin une canne, pour finir. Autant de batailles. Ma famille m’a beaucoup soutenu, porté. Comme s’ils m’avaient tendu une corde pour me tirer vers le positif. À aucun moment je n’ai senti Aurélie, ma compagne, s’agacer ou manquer de bienveillance. Au contraire, c’est moi qui culpabilisais : elle attendait notre deuxième enfant, se démenait entre notre fils de deux ans et moi, inutile sur le canapé.

J’ai toujours été de l’école de ceux qui ne s’écoutent pas trop. C’est paradoxal pour un sportif, mais on veut tellement performer, jouer, qu’on n’écoute pas les signaux. Le corps est l’esclave de notre volonté. On se dit : « Je n’ai pas le temps » ou « Une carrière, ça va vite ». On accumule les pépins, jusqu’au moment où ça craque. »

Dans la foulée, Mathieu Bastareaud explique que ses genoux avaient déjà montré des signes de faiblesse. Extrait:

« J’avais déjà certaines pathologies, des tendinites aux genoux à répétition depuis dix ans. Elles n’ont pas été bien traitées ni suivies. Les cadences infernales, c’est une réalité. Sur les dernières saisons, j’ai beaucoup enchaîné, en équipe de France et en club. Sans prendre le temps de bien me soigner. Il y a un effet cumul. J’avais eu une première sommation (rupture des croisés du genou gauche, le 27 décembre 2020 à Brive). Je suis revenu trop vite. Des choses n’ont pas été bien faites dans ma rééducation. Je ne veux pas entrer dans les détails car ce serait allumer un incendie et je n’en ai pas envie. Ce qui est certain, c’est que désormais ma relation à mon corps est différente. »

Il indique désormais davantage écouter son corps. Extrait:

« Plus en harmonie, oui. Mon corps et mon esprit ont fini par se faire une petite réunion pour décider d’avancer ensemble. J’aimerais me régaler le plus longtemps possible avec le rugby. Et décider moi-même de l’arrêt de ma carrière, en accord avec mon corps bien sûr. Mes genoux ? J’ai le réflexe de les toucher, de les masser. J’ai deux belles cicatrices. Le matin, si je me sens un peu moins bien, au lieu d’aller direct au vestiaire, je vais voir le médecin : « On dirait que mon genou est un peu gonflé. » »

Grâce à son expérience, il a finalement réussi à surpasser cette période. Extrait:

« Des balles, j’en ai pris beaucoup et ça m’a permis de prendre beaucoup de recul. Je sais d’où je reviens, qui sont mes amis et les autres. L’entourage, c’est capital. On voit ce qui arrive à Pogba. J’ai toujours tenu à m’entourer de personnes qui entretenaient ma part de lumière, que je sentais heureux pour moi, plus que soucieux de ce que je pouvais leur apporter. Je sens ça assez vite chez les gens. J’ai les mêmes potes depuis l’école primaire. »

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