Le président du Rugby Club de Toulon évoque le choc de Champions Cup face à l’ASM Clermont Auvergne. A l’en croire, son équipe est tout sauf favorite. Impressions avant ce match au sommet du 2 avril…

INFO – On imagine que vous avez coché depuis longtemps la date du 2 avril sur votre calendrier, êtes-vous impatient de retrouver le parfum des matches couperet ?
Mourad Boudjellal – Ce serait prétentieux de dire que l’on a coché cette date du 2 avril sur le calendrier car ces dernières semaines, notre actualité n’était pas de nous qualifier pour une demi-finale de Coupe d’Europe mais plutôt de se qualifier pour la prochaine saison de Champions Cup. Pour tout vous dire, nous n’y pensons pas du tout… (il réfléchit…). Enfin, on essaye d’éviter d’y penser car quand on regarde ce match, il nous fait peur.

I. – On ne donnait pas cher de la peau du RCT à l’automne, et puis Toulon est toujours là. L’équipe a su se transcender pour aller chercher sa qualification, c’est un signe non ?
M. B. – Peut-être… Surtout, nous avons eu beaucoup de chance cette année. Malgré trois défaites en phases de poule, nous sommes parvenus à nous qualifier pour les quarts de finale. Il me semble que ce n’est jamais arrivé. Mais nous allons nous accrocher. Après, jouer à Clermont n’est pas un gage de réussite. Ce qui me fait plaisir quand même, c’est qu’en six participations à la Coupe d’Europe, nous nous sommes qualifiés six fois pour les quarts.

I. – Comment voyez-vous cette rencontre face à l’ASM ?
M. B. – Si l’on compare le parcours des deux clubs depuis le début de la saison, il n’y a pas photo. Clermont a un système de jeu aujourd’hui bien rôdé. On a l’impression que l’on peut inter-changer les joueurs sans que cela se ressente. La dernière fois que nous sommes venus chez vous, on a pris une leçon de rugby. Je pense que le Michelin sera plein à craquer. Il va y avoir une ambiance de folie. Sans faire de langue de bois, nous ne sommes pas vraiment favoris. On ne se dit pas non plus que l’on va prendre le bonus offensif même si dans un quart de finale cela n’a pas d’importance (rires…)

I. – À votre avis donc, Clermont part favori pour ce choc…
M. B. – Mais bien sûr. Recevoir à domicile est un avantage. Sur l’état de forme actuel, par moment, l’ASM semble marcher sur l’eau. Il suffit d’ailleurs de regarder le classement du Top 14. Au lendemain de notre déplacement à Grenoble, nous étions dix points derrière Clermont.

I. – Pourtant, vous leur avez souvent fait des misères dans les matches couperet…
M. B. – (Il coupe net) Mais ça c’était avant. Et puis, vous savez, nous avons joué le Racing l’an dernier, nous leur avions aussi fait des misères par le passé et au final, ils nous ont sorti. Cela ressemble bien à la même chose cette année.

I. – Le RCT n’a pas gagné beaucoup de matches à l’extérieur cette saison, ce constat vous inquiète-t-il ?
M. B. – Forcément, surtout que ce quart-là se joue justement à Clermont. Cette année, nous sommes incapables de gagner à l’extérieur. Je crois sincèrement que ce quart de finale se présente juste comme une récompense pour nous. Nous allons croquer dedans mais sans plus d’ambitions. Arriver à nous qualifier en demi-finales ne serait pas franchement un cadeau parce que cela risquerait de remettre en cause notre qualification dans les six premiers du championnat, ce qui reste notre priorité cette saison. Si l’on est dans les six, l’objectif sera de jouer au Vélodrome de Marseille puisque les demi-finales du top 14 se disputent là-bas, un stade tout près de chez nous.

I. – Vous venez donc en Auvergne sans pression…
M. B. – Exactement, sans pression… et sans beaucoup de joueurs qui sont blessés (il sourit…) ce qui veut dire sans illusion aussi.

I. – Gilles Darlet, un ancien joueur de Clermont, nous disait que l’ennemi numéro 1 de l’ASM c’était justement l’ASM elle-même, qu’en pensez-vous ?
M. B. – Peut-être, mais c’est une autre génération qui évolue aujourd’hui. Ça ne veut pas dire grand-chose. Tout ça va changer.

I. – Est-ce que votre équipe va faire une mise au vert pour préparer le quart ?
M. B. – Pas du tout. Nous n’avons pas les moyens. La saison est compliquée, nous n’avons pas de très bons résultats. Nous sommes donc contraints de serrer les budgets.

I. – Vous n’avez pas de déclaration à faire au maire de Clermont, Olivier Bianchi, alors que ce dernier avait eu maille à partir avec quelques-uns de vos supporters par le passé ?
M. B. – Non. D’abord, le supporter qui l’avait chambré avait eu, à mon sens, des propos totalement déplacés. Et puis quand je compare les résultats de l’extrême-droite chez moi et à Clermont, je vais me faire discret. Nous n’avons pas de quoi être fiers.

Source: info-mag-annonce.com