Les longues confidences de Raphaël Ibanez dans la Commission de discipline de Mourad Boudjellal
Les longues confidences de Raphaël Ibanez dans la Commission de discipline de Mourad Boudjellal
Le samedi 27 avril 2019 à 12:28 par David Demri
2 Commentaires
Publicité
Raphaël Ibanez était l’invité exceptionnel de Mourad Boudjellal dans son émission « La Commission de discipline », diffusée vendredi soir à 19h15 sur Eurosport 2.
Voici le résumé de ses longues confidences.
Sa décision de partir quelques mois en Nouvelle-Zélande pour entraîner. Extrait:
« Je pars en Nouvelle-Zélande pour apprendre à entraîner et pour partager. La notion de partage dans un tel projet est essentielle. Cette affaire n’a pas été simple car les entraîneurs Néo-Zélandais sont extrêmement reconnus au niveau international et la Fédération Néo-Zélandaise éprouve une grande fierté à envoyer ses meilleurs techniciens dans le monde entier. Je pense à Warren Gatland pour le Pays-de-Galles et à Joe Schmidt pour l’Irlande. On peut aussi parler de Vern Cotter pour Montpellier. Mais le chemin inverse est quasiment impossible. Donc ce n’était vraiment pas simple de pouvoir pénétrer le secret de cette nation qui vit pour le rugby. Je redoute encore d’être refoulé à la frontière. Comme j’ai eu le bonheur de battre les All-Blacks à des moments clés… et ils ont de la mémoire ! J’espère que je ne vais pas être considéré comme un ennemi. Certains m’ont aidé à franchir le cap pour aller découvrir cette culture. »
Son expérience à Bordeaux-Bègles. Extrait:
« Avec le recul, cinq ans dans un club ça fait peut-être beaucoup. Comme le dit Eddie Jones, l’un des sélectionneurs les plus réputés dans le monde, au bout de trois ans, soit il faut changer le manager, soit il faut renouveler l’effectif. Cela n’a pas été le cas et tout est une question d’énergie et de souffle. Il faut se remettre en question personnellement et je suis assez humble pour me remettre en question. A un moment, connaissant bien l’effectif par cœur, je n’avais plus la matière rugbystique. C’est pour cela que je vais en Nouvelle-Zélande. Pour engranger de la matière. Et quand on est entraîneur, il faut avoir du souffle pour le transmettre aux joueurs. Je ne l’avais plus à l’UBB. »
Son avis sur les managers qui occupent un poste de consultant télé en parallèle. Extrait:
« Certains présidents acceptent ce deal avant même d’engager les techniciens, comme du côté de Toulon et de Bordeaux. C’est quand même incroyable. Mais je pense que l’on ne reverra plus cela. Pour l’avoir vécu, je pense que c’est incompatible. »
Lorsque son nom revenait avec insistance pour remplacer Philippe Saint-André à la tête de l’équipe de France. Extrait:
« Ce qui m’a mis mal à l’aise, c’est de voir mon nom dans les médias. C’est toujours délicat pour les proches, mais aussi pour les responsables. Le fait que mon nom sorte régulièrement sans avoir eu un seul appel de la Fédération pendant des semaines, ça a jeté le trouble dans le dispositif car mon président Laurent Marti n’avait de cesse de me dire que je savais ce qui allait se passer. J’ai passé mon temps à lui expliquer qu’il n’y avait rien. Et finalement, je me suis lancé. »
Son expérience en Angleterre et son incroyable anecdote. Extrait:
« J’ai vécu une deuxième année aux Saracens assez compliquée. Dès le début de la saison, je vois bien que l’entraîneur en chef veut mettre en valeur son poulain. Cela arrive et c’est de bonne guerre parfois. Je suis convaincu d’être meilleur que le poulain, mais peu de gens autour en étaient certains. Donc quelle était la solution ? Je peux me lamenter dans les médias mais je ne pense pas que ce soit une solution bénéfique. Donc la solution que je choisi est d’être assez taiseux, de faire preuve de sang froid pendant quatre mois. Je me donne quatre mois pour retrouver ma place de titulaire. Et au bout de quatre mois, j’avertis ma famille à l’approche d’un match que, si je ne suis pas titulaire, j’avais atteint ma limite. Et je n’ai pas été titulaire. Donc je prends mes dispositions et j’avertis toute ma famille et je prépare les valises. Je pensais avoir quelques échanges virils avec le coach qui, lui, ne s’attendait à rien. Finalement, j’ai changé d’optique et j’ai décidé d’aller affronter directement mon opposant, le talonneur qui était titulaire. C’est le côté animal et sanguin qui est en moi qui a parlé. Lors d’un captain run, je l’ai agressé et je ne peux pas en être fier. Il a eu quelques points de suture. Il n’y avait pas eu de réaction, il n’y a pas eu de réponse. C’était un coup à la Marcel Cerdan. J’ai tiré et c’est tombé. Ensuite, je suis passé en Commission de discipline et celui que je considérais comme mon parfait ennemi, le cliché parfait de l’Anglais fier et arrogant : Lawrence Dallaglio, le capitaine des Wasps m’a tendu sa main. Il m’a proposé de venir jouer pour les Wasps. »
Son avis sur les problèmes rencontrés par l’équipe de France. Extrait:
« D’un point de vue du jeu, l’équipe manque d’envergure, d’ambition et de confiance. Les joueurs mettent cela sur la confiance. Je pense que c’est une équipe qui a du mal à assumer les difficultés du moment. Ce qui peut se dessiner et j’espère que ça ne va pas être le cas à l’approche de la Coupe du monde, c’est qu’il y ait une différence de génération au sein même de l’équipe. On a des trentenaires qui ont ce statut de leader révélé et adoubé par l’entraîneur en chef, mais qui n’ont pas connu une succession de victoires et l’euphorie de la victoire. La victoire rassemble toujours. Avec Lawrence Dallaglio, on a joué ensemble et on a gagné la Coupe d’Europe et maintenant on est amis alors que si j’avais pu l’attraper dans un coin d’une rue quelques années auparavant, je l’aurais fait. Les victoires rassemblent. »
Son avis sur le capitaine du XV de France, Guilhem Guirado. Extrait:
« Guirado est un excellent joueur. Il a besoin d’être entouré. Guilhem a des atouts incroyables pour ce poste de talonneur que je n’avais pas par exemple. Mais je trouve dommage que Guilhem n’arrive pas à trouver l’équilibre entre la lucidité pour faire des choix en tant que capitaine, et la parole, l’autorité naturelle, et son rôle de combattant. C’est très difficile quand on est talonneur et capitaine de la sélection de trouver cet équilibre-là. »
A-t-il été vexé que Bernard Laporte veuille recruter un entraîneur étranger plutôt qu’un Français ? Voici sa réponse. Extrait:
« Non, ça ne me vexe pas mais je pense que ça a pu en vexer certains, dont notamment des entraîneurs de Top 14 qui ferraillent chaque week-end car je sais l’énergie que cela représente pour être à la hauteur en Top 14. Mais ça ne me choque pas car qui gagne au niveau international ? La France est en souffrance. Elle est 10ème au classement internationale et ce n’est pas acceptable. Les nations qui sont tout en haut du classement, ce sont les Néo-Zélandais, les Gallois, les Irlandais… Avec des spécialistes étrangers. »
Pour conclure, il s’exprime sur les rumeurs qui le concernaient au sujet de l’équipe de France, l’émission ayant été enregistrée avant qu’il officialise son arrivée imminente dans le staff. Extrait:
« C’est toujours troublant de découvrir son propre avenir dans les médias avant même d’avoir posé les bases fondamentales d’une éventuelle collaboration. Donc je pourrais vous en dire plus dans quelques jours. Mais l’équipe de France, en tant que joueur, c’est 12 ans de ma vie. Trois préparations de Coupe du monde. Les gars qui ont été cités dans les médias sont des gars qui sont top. »
Publicité
2 Commentaires
Et bien voilà vraiment un homme qui me ravi complètement de voir intégrer enfin notre XV de France au poste qui lui sera confié !.. Qu’est ce qu’il va nous faire du bien . j’en rêvais tellement jusqu’à présent !.. SUPER !!!..
Quel dommage que cet homme de très grande qualité aille en EDF avec des personnes aussi disparates et incompatibles entre elles. Sa parole est d or ce qui est tout l opposé de son président Mr LAPORTE