Les révélations choc de Carl Hayman : « Je suis devenu violent, j’ai détruit mon mariage, sans comprendre pourquoi »

Les révélations choc de Carl Hayman : « Je suis devenu violent, j’ai détruit mon mariage, sans comprendre pourquoi »

23 novembre 2022 - 15:32

14 Commentaires

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Atteint de démence précoce, l’ancien pilier des All-Blacks et du Rugby Club Toulonnais s’est longuement confié dans les colonnes du journal L’équipe pour évoquer les galères qu’il a traversées ces dernières années.

Il indique avoir ressenti les premiers effets de sa démence précoce lors de sa dernière saison disputée en 2015. Extrait:

« Au cours de ma dernière saison, en 2015. Je devenais de plus en plus fragile émotionnellement, j’avais des hauts et des bas, la tête comme prise dans un étau ; une pression terrible qui durait parfois toute la journée. Peu à peu, je me suis mis à souffrir d’anxiété, de dépression ; j’avais des idées suicidaires. Pour oublier, je m’abrutissais en buvant beaucoup et j’ai développé une addiction à l’alcool. C’était de pire en pire, je suis devenu violent… »

Violent, il a finalement divorcé. Extrait:

« Oui, j’ai détruit mon mariage, sans comprendre pourquoi ; je n’ai pas pu continuer à être entraîneur (à Pau, 2016-2018) alors que je pense que j’avais beaucoup à offrir dans ce rôle. Mais voilà, je luttais tous les jours contre les migraines, mon humeur changeante, mes pertes de mémoire. Je ne me souvenais plus de l’équipe qu’on avait sélectionnée si elle n’était pas sous mes yeux, j’oubliais tout le temps du matériel et je finissais mes journées en me disant que j’étais en train de devenir, aux yeux des autres, une sorte de taré malfaisant. C’était très, très dur parce que je ne savais pas ce qui m’arrivait. Cela m’a amené à perdre mon épouse puis mon boulot, après une bagarre avec des joueurs. Pourtant, tous ceux qui m’ont connu sur un terrain savent que je n’étais pas agressif. »

Il avoue avoir été soulagé en apprenant être atteint de démence précoce. Il pouvait enfin poser un nom sur les raisons de ses symptômes. Extrait:

« Le diagnostic a été un soulagement. Au moins, je peux avancer, essayer d’accepter que je ne peux plus faire ce que je faisais auparavant. Mon ex-femme, Natalie, a été et est toujours très solidaire. Elle fait tout ce qu’elle peut pour que je passe du temps avec nos trois enfants (il a également une petite fille avec Kiko Matthews), tout en sachant que ça peut devenir très dur pour moi de m’occuper d’eux en termes de bruit, d’agitation. Tout le monde m’aide. »

Désormais, Carl Hayman s’est lancée dans une toute autre activité, bien loin du monde du rugby. Extrait:

« Avec Kiko, on a monté une petite affaire de sorties en mer. J’emmène les gens en bateau sur les îles autour de New Plymouth (au nord de la Nouvelle-Zélande) pour observer les phoques. Mais je ne peux pas travailler une journée entière ; je me contente de demi-journées. Je dois me reposer, prendre du temps pendant la journée pour mettre mon cerveau sur pause. Ma compagne le compare à un réservoir d’énergie à moitié plein, avec des trous en plus, et je dois empêcher les fuites. »

Il regrette que le monde du rugby ne prenne pas les commotions cérébrales assez au sérieux. Extrait:

« Le rugby n’a pas pris la mesure des dégâts que des chocs constamment répétés à la tête peuvent causer et je sens qu’il n’y aura pas de changements significatifs tant que les gens comme moi ne se dresseront pas contre les institutions, ne parleront pas de ce qu’ils traversent personnellement. Après les conférences sur le sujet, tous les quatre ou cinq ans, World Rugby se contente souvent de dire : « Nous avons besoin de nouvelles études » et d’agir a minima. »

Il explique pourquoi de nombreux joueurs refusent de s’associer à cette action menée face à LNR et la FFR. Extrait:

« Beaucoup ne parlent pas sous prétexte qu’ils ont signé pour faire un sport de combat et accepté les risques. Mais moi, je n’ai pas signé pour être atteint de démence à 43 ans ; pour voir ma vie bousillée, sans savoir pendant des mois ce qui n’allait pas. Grâce à ces actions en justice au Royaume-Uni, en France, on espère que cette forme d’omerta va tomber, que les joueurs vont commencer à penser à leur santé ; à se dire que partir à la retraite sportive à 26 ou 27 ans, le cerveau fracassé, ce n’est pas normal. En France, le Championnat est connu pour sa rudesse et à Toulon, après une défaite, le staff (dirigé à l’époque par Bernard Laporte) répétait qu’on n’avait pas été présent mentalement et physiquement. La réponse à ça, c’était des séances d’entraînement encore plus physiques, comme pour faire pénitence. Aujourd’hui, on sait que c’est dévastateur. »

Pour conclure, il affirme espérer que les mentalités puissent changer sur le sujet. Extrait:

« Je veux que mon exemple, celui des autres, leur montre que ce n’est pas du cinéma. C’est réel, et c’est une réalité de tous les jours. Par exemple, ma relation avec Kiko est une lutte quotidienne, je suis un poids pour elle. Elle m’aide énormément mais quand c’est à ce point – « As-tu pris tes médicaments ? As-tu fait tes exercices de relaxation ? » -, cela devient un rapport qui n’est plus simplement une vie entre amoureux ; c’est un soignant et son patient… Parfois, on en a marre, on voudrait sortir de ça. Mais on ne peut pas. Ce n’est tout simplement pas possible. »

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14 Commentaires

  1. Alain Arnoux 23 novembre 2022 à 16h- Répondre

    Cet article est très émouvant et mériterait d’être beaucoup diffusé

  2. Tilosach 23 novembre 2022 à 16h- Répondre

    Quelle vie difficile pour lui, ses enfants, son entourage…

    Et nous supporters, parfois on passe notre temps a parler de l’arbitrage et des sanctions sur les contacts a la tête, les placages en l’air, et autre geste dangereux pour la santé.

    Pour moi c’est zéro tolérance, quelque soit le joueur, le club, le pays…. La santé doit primer.

  3. RCT Yoda 23 novembre 2022 à 17h- Répondre

    C’est la déprime post carrière et l’alcool qui va avec Karl. Ceci explique cela. Faut pas chercher plus loin.
    Après, cela n’excuse rien.

    • JM 23 novembre 2022 à 17h- Répondre

      ok docteur. C’est sur qu’avec ce genre de diagnostique du PMU du coin, les choses n’avanceront pas bcp…

  4. Name 23 novembre 2022 à 17h- Répondre

    Quelque soit le problème : l’alcool n’a jamais été la solution. Pour personne. Jamais !
    Bien sûr que l’alcool fait croire qu’il soulage. Et chacun se croit invincible jusqu’au moment où on réalise qu’il est trop tard. Mais au contraire, ça aggrave considérablement les problèmes de santé, quels qu’ils soient.

  5. Mica 23 novembre 2022 à 17h- Répondre

    Il faut faire quelque chose avec les spécialistes: protection de la tête , changer les règles et le type de jeu…ect.. réfléchir. Alors qu’on veut arrêter la corrida!!

  6. SpidermanduRCT 23 novembre 2022 à 18h- Répondre

    C’est vraiment dommage pour cette légende du rugby, on remerciera jamais assez les joueurs pour leurs sacrifices.

  7. André 23 novembre 2022 à 18h- Répondre

    Après avoir lu son commentaire il faut se poser les bonnes questions !!!!
    Le rugby actuel est’il dangereux ????

  8. Félix 23 novembre 2022 à 19h- Répondre

    Le rugby est un sport dangereux, il n’y a aucun doute . Seul la formation est un bouclier . La règle évolue dans le sens de la protection du joueur.
    Il faudrait encore réfléchir pour améliorer la sécurité .Obliger des temps de récupération plus long . Exemple ne pas autorisé un match international sans une semaine de récupération avant et après. Réduire le nombre de match
    Ou obliger un joueur a prendre une semaine de récupération tout les 2 matches…le matériel peut aussi être une solution a prioris seul le protège dents peut atténuer l’onde de choc dans le cerveau. Les footballeurs américains en utilisent.

  9. DEGUN DES BASSES ALPES 23 novembre 2022 à 19h- Répondre

    Bonsoir,
    Pour l’avoir croisé à l’HIA Ste Anne après sa fin de carriere, il a fait ce qu’il devait, mais trop tard pour sa santé. Sa « déchéance », vient de ses matchs. Faites encore des tournois à 7 à 10 des coupes d’europe et des 6 nations, les dirigeants se fichent de la santé des joueurs! ! ! Les « sorties commotions » sont à l’appréciation de gens incompétants, car il faut vite revenir sur le terrain. Les sud-Af l’ont compris, après un arret pour commotion, ils prennent plusieurs mois de repos (excit. Exebeth, et consort).
    Par ce que

  10. math1907 23 novembre 2022 à 20h- Répondre

    Pourquoi ne met il pas également en cause World rugby et la fédé néo z ???
    Cela n’aurait il pas plus de porté ?

  11. Pierre Rivière 23 novembre 2022 à 20h- Répondre

    Ce commentaire de Carlito est d’une sincérité et d’une dignité qui pourrait servir d’exemple aux staffs médicaux des Clubs, et des instances du Rugby .
    Mais il y a un obstacle incontournable : LE POGNON !
    Le mercato du rugby dans une dizaine d’années ressemblera à celui du foot .
    Bien sûr qu’en étant PRO, un salaire va avec . C’est la moindre des chose . Mais en ce moment il y a des dérives presque dans tous les clubs . Même chez nous au RCT . L’ argent cache la forêt du nombre de commotionnés . Certains ont compris qu’il fallait arrêter, mais l’appât du gain devient la priorité .
    Comment voulez-vous qu’une maman inscrive son fils ou même sa fille après avoir regardé France – Afrique du Sud ?

  12. RALFIN 23 novembre 2022 à 20h- Répondre

    temoignant touchant et emouvant,encore plus quand on connait l investissement et l engagement du joueur,bien sur,c est un sport de combat et les joueurs sont tres bien payés,mais il faut reflechir,trouver des solutions,plus proteger les joueurs,qui sont des acteurs de spectacles mais ne doivent pas etre des betes de spectacles,
    les solutions sont diverses et multiples,il y a une telle attente de resultat,qu on fait jouer beaucoup les meilleurs et que les limites du SC par exemple,empechent d avoir un effectif plus riche et plus competitif,des regles a revoir,des turn overs a plus utiliser
    et puis il y a des joueurs extremement genereux ds le don de soi,qui finissent par prendre cher surtout a un certain age,un suivi medical plus performant aussi,aurait pu eviter de tels drame
    a mediter sur ce temoignage de carlito,qui a contribué aux glorieuses année du rct
    le meilleur du possible ds sa guerison et reconstruction