Dans son registre habituel, le trois-quarts centre des Bleus a prouvé qu’il revenait en forme après un passage difficile. Même si, cette fois encore, le jeu a peiné à rebondir derrière lui.

Mathieu Bastareaud est un personnage attachant, parce que toujours, d’une étincelle, il respire la franchise et le mec entier. Fin décembre, c’étaient ses larmes spontanées au micro de Canal + et son sincère :« Depuis le début de la saison, je suis un zombie », après un match raté contre le Stade Français. Hier, c’est sur une de ces touches d’autodérision, avec un petit sourire en coin, dont il est aussi coutumier. On l’interpelle sur ses percussions, ces ballons grattés au sol, sa marque de fabrique, en somme : « Tu as fait du Basta ! » Il plisse les yeux et rétorque : « Ah, c’est une marque déposée ? Je savais pas ! Il faut que je demande mes droits alors ! »

Le copyright s’est traduit, hier contre l’Écosse, par des stats positives, qui lui ressemblent : 36 mètres gagnés avec 16 petits ballons touchés seulement, et sans jamais un boulevard devant lui et 2 passes au contact. Quelques ballons grattés au sol sur ses jambes solides. Et il y a ce qui est moins quantifiable mais parfois plus impressionnant : cette charge en puissance sur le talonneur adverse, Ross Ford, obligé de sortir immédiatement, le bras électrocuté (68e).

Celui qui se voyait comme un mort-vivant il y a à peine plus d’un mois a donc montré hier soir un visage bien plus épanoui. « Je me suis bien senti, je suis plutôt content de la copie, lâche-t-il. Sur ce match, j’étais en confiance, on avait bien travaillé avec le groupe les deux dernières semaines, et personnellement, avec les préparateurs physiques. » Qu’a-t-il donc bossé en particulier pour retrouver des couleurs, lui qui reconnaît que, « si tous les joueurs se doivent d’être en bonne forme, c’est un peu plus vrai pour moi, j’en ai besoin pour donner le maximum. » Là, le Toulonnais, se fait plus cachottier : « Bon… Je ne vais pas vous dire mon secret aussi !, rigole-t-il. Simplement, pour être compétitif au niveau international, ça demande des efforts. »

« JE N’AI RIEN À PROUVER »

Cette scène internationale, il en avait en partie été privé à l’automne, se contentant de trois entrées en jeu contre les Fidji (40-15), l’Australie (29-26)et l’Argentine (13-18), quand Alex Dumoulin se révélait en bleu à son poste. De quoi l’inciter à changer ? « Mais je n’ai rien à prouver à personne, à part à moi-même ! balaye-t-il sans s’énerver. Là, j’ai joué comme je sais faire. Je ne vais pas révolutionner mon jeu parce que vous le souhaitez ! »

On a retrouvé aussi l’une de ses caractéristiques ces derniers mois avec le quinze de France : le jeu a du mal à profiter de ses percussions et avancées. « On a bien communiqué en attaque et en défense avec Camille(Lopez), analysait-il plus en détail. C’est dommage qu’on n’ait pas plus varié les premières mains. On voulait attaquer cette zone autour du 10, on aurait dû plus varier le jeu. »

Son compère de la ligne de trois-quarts, Yoann Huget, qui lui a déposé sur le visage une bise fougueuse avant le coup d’envoi, affine : « On sent que Mathieu prend ses aises avec nous. On peut s’appuyer sur lui dans le jeu mais là, il aurait fallu transformer ce point d’appui, aller chercher les extérieurs après. » Bastareaud est conscient de ce progrès à réaliser. Ça ne le mine plus. Il coupe, soudain, pour s’éclipser : « C’est bon ? Désolé, j’ai la dalle ! » Comme sur la pelouse.

Source: lequipe.fr – Aurélien Bouisset

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