Mathieu Bastareaud se sent mieux et a beaucoup appris notamment grâce à Jonny Wilkinson

Mathieu Bastareaud se sent mieux et a beaucoup appris notamment grâce à Jonny Wilkinson

10 octobre 2015 - 10:52

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mathieu-bastareaud2Le trois-quarts centre international s’est entouré d’hommes d’expérience pour s’épanouir et s’imposer au centre de l’attaque des Bleus.

Sous le regard bienveillant de Jonny Wilkinson, Mathieu Bastareaud répète des gammes de technique individuelle un peu étranges. De petits jeux complexes menés à un rythme infernal, nés de l’esprit insondable de l’ex-demi d’ouverture du quinze de la Rose (36 ans, 91 sélections). Il lui faut réapprendre le geste juste de la passe et changer l’acquis en inné. « Il trouvait que j’utilisais trop mes poignets. Il voulait que je me serve plus de mes jambes et de mes hanches » , détaille l’élève appliqué. Quelques jours plus tard démarrait la préparation à la Coupe du monde de l’équipe de France. Certains étaient encore à la plage. Le trois-quarts centre des Bleus (27 ans, 37 sél.), flanqué de son pote « Titi » (Sébastien Tillous-Borde), en était à sa cinquième séance de skills depuis la fin de saison du RCT.

Obsédé par l’idée de rallier l’Angleterre, après le rendez-vous manqué de 2011, cette heure d’entraînement éreintante, effectuée hors cadre, est un marqueur essentiel de la reconstruction de Basta. « Il y a un an et demi environ, j’avais déjeuné avec lui et il m’avait parlé de ses douleurs (morales), notamment », se remémore son président, Mourad Boudjellal. « Mais la Coupe du monde revenait tout le temps. S’il n’avait pas fait celle-là, ça lui aurait fait très mal. Quand on l’a fait signer, en 2011, on avait parlé de réussir ce challenge ensemble, le club et lui. À l’époque, c’était un enfant (22 ans). Il a mûri, fait le tri, un bon tri, autour de lui. » Le centre tricolore a transformé en carburant sa peur maladive de l’échec. « Il a basculé du constat à l’action », précise son agent et ami Laurent Quaglia. « Quand ils ont vaincu leur pudeur respective, Mathieu a entrouvert la porte à Jonny qui lui a dit : “J’ai des solutions pour toi.” Il a su lire ses raideurs, son défaut de fluidité et, surtout, son manque de confiance. »

Passé par tous les états physiques et psychologiques après le titre de champion du monde, en 2003, Wilko active alors les bons leviers. « On se ressemble par certains aspects », avance Basta. « On est très exigeants. On a appris à détester la défaite. Et, en même temps, on est tous les deux introvertis. On a du mal à aller vers les autres. Pourtant, une fois que c’est fait, ça se passe très bien… Personnellement, j’avais toujours peur de déranger Jonny en lui demandant des conseils. J’avais tort, car il n’a qu’une envie : donner de son expérience. »

LA BOXE COMME VIATIQUE

L’Anglais ne sera pas le seul à se faufiler à l’intérieur d’un cercle de confiance resserré. Mathieu monte sur le ring de Faïsal Arrami. Le boxeur toulonnais lui fait découvrir une autre manière d’appréhender l’événement. « J’avais plein de petites habitudes les jours de match. Le moindre accroc dans cette routine et bim ! C’était la cata, se souvient-il. Et puis je jouais souvent la rencontre avant. J’étais dans cette tradition française d’arriver au stade le visage fermé. Je ne souriais jamais. J’avais l’impression de lutter contre moi-même pour faire comme les autres. Ça me consommait une énergie folle. »

Le poids lourd fait voler en éclats ses manies. « Il m’a fait comprendre que porter un caleçon rouge ou tel protège-dents n’aurait aucune incidence sur le résultat (rires). J’y suis allé progressivement sur chaque aspect et, au final, arriver à un match détendu m’a semblé plus facile. » Entre les cordes, le champion de boxe le fait aussi travailler sur le changement d’état, comme dans un match. « Faïsal plaçait une chaise au milieu du ring et me demandait de m’y asseoir, détendu, comme à la terrasse d’un café. D’un coup, je devais me lever et taper de toute ma force avec mes poings ! Puis je devais me rasseoir et revenir au calme. »

Dans le même temps, le Toulonnais se met d’aplomb au niveau diététique. Pas de régime spécial à base de soupe au choux mais une régulation de son alimentation. Il se lance aussi dans la rédaction de son livre, Tête haute (Ed. Robert Laffont). Là, Mathieu se raconte face à un journaliste. « Ça n’était pas un exercice évident », analyse Rémi Bonfils, intime des folles années parisiennes. Le talonneur parisien a profité d’un vol long-courrier pour avaler l’ouvrage. « Basta ne se confie pas à n’importe qui, du coup ce livre prend une autre ampleur, surtout après tout ce qu’il a traversé. Ça demandait beaucoup de courage. Il a dépassé toutes ces épreuves. Quand tu fais ça, c’est que tu vas bien ! » Il suffit de le voir déambuler dans le Vale Resort, près de Cardiff, pour piger que le garçon est apaisé. Dès qu’il vous croise, sa capuche tombe et il déploie un sourire généreux aux fossettes enfantines. « Il est plein de ressources , s’étonne presque Laurent Quaglia. Je lui tire mon chapeau, parce qu’en décembre dernier (*), ce n’était pas évident. Mais il a une grosse force de caractère. Il a fait le ménage et, maintenant, il a des certitudes. »

Source: lequipe.fr

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